ESS
enfuice un feude charbon en maniere de reverbere
dans un fourneau aarni de
ía
moufle;
&
l'on mee
dans cecee moufle pluíieurs coupelles_, afin d~ faire
pluíieurs Eífais a la fois. On y faic ~1en recmr~ les
coupelles, po,ur en ócer couce la fraicheur
&
1hu–
midHé , qui feroic petiller
&
écarcer le,Plomb_
&
l'Eífai s'il y en reíl:oic. Les coupelles _ecanc bien
n:cuices,
011
y mee un morc<~au de plomo en for~e
de baile. Sa pefanceu~ do1r, ecre propo~t1o_n_nee,a la
quamicé
&
a la q_ualice de
1
argent de
I
E,fla1 , c ell::
a-dire, huic paraes de plomb_fur une d arg~m
qm
paroit environ a .onze demers. ~and l 2rgent
paroic
a
plus bas ucre, on y emploie davancage _de
plomb,
a
cau[e qu'il y a plus d'unpurecé a ch~~er.
On
[ai/Ie fondre
&
chauffer le plomb 1u[q_u a ce
qu'il foic bien clair. On prend alors la manere de
l'E{fai avec de petices pincettes pour la porcer dans
la coupelle,
m1
on la laiífe bouillir ju[qu'a ce qu'-el–
le ait paru de couleur d'opale,
&
qu'elle y aic_écé
fix ée au fond en maniere de boucon.
Il
fauc environ
une demi-heure pour bien chaíler
&
faire p~lier
l'Eífai. Lor[qu'il eíl: paíle , on décache les boutons
des coupelles ,
&
on les neccoye exaél:emenc du
coté qu'ils y écoienc attachés. Apres cela on pefe
chaque boucon avec les memes balances_
&
le m~–
me poids de fin, & on obferve avec fom la dum–
nution du poids de la pe[ée qui a écé faite avam
l'Eífoi, & de celle qu'on faic du boucon apres l'Ef–
fai , parce que c'ell: cecee difference du poids qui
établic une preuve certaine de l'impurncé de l'allia–
ge qui a écé chaílee par l'aél:ion du feu
&
celle du
plomb. Ol.!ant
a
l'Eífai d'or , on en pe[e la maciere,
comme celle d'argenc; mais on mele avec l'or en–
viron le double d'argenc fin qui ne cienne poinc or;
c'eíl:-a-dire, oú il n'y aic poinc d'or melé. On [e
fert
enfuice du meme fourneau & de la mcme
moufle que pour les Effais d'argenc. On
y
fait un
meme feu de charbon , on y met des coupelles ;
&
quand ces coupelles fonc bien rouges & recuites ,
on
y
mee du plomb de la maniere qu'il a écé dic.
Ce plomb écanc fondu, on mee la maciere de l'E[–
fai envelopée dans un papier au bom d'une pecice
pincecce , pour la p.orcer dans la coupelle,
&
on la
Iaiífe bouillir ju[qu'a ce qu'elle aic paru de couleur
d'opale, & qu'elle aic écé fixée au fond de la cou–
pelle en maniere de boucon. Les coupelles ayanc
écé refroidies dans le fourneau, comme il le
fauc
au/Ii praciquer au"x Eífais d'argenc, on en détache
les boucons , qu'on neccoie exaél:emenc. Cela
fa it,
on bac chaque bomon fur une efeece d'enclume ,
pour le rendre mince aucarit qu'il peue l'ecre;
&'
afin de l'écendre plus facilemenc, on le fait recuire
pluíieurs fois en le faifanc rougir
[ur
les charbons.
Lorfque le bouton a écé rendu fon mince , on le
roule eu maniere de cornee fans
le
prelier, & on le
mee dans un m,ttras qui tiene environ quacre cneil–
lerées <l'eau. On mee enfuiee dans ce marras de
l'eau forre melée avec un ciers
&
plus d'eau de ri–
viere pour la covriger;
&
le marras ayanc été mis
fur un feude braife, on faic bouillir quelque cems
l'eau forre, afin qu'elle fe charge de l'argenc qui
ell: avec l'or. ~ and elle ne faic plus que fremir ,
fans jener de fumées muges , on retire le marras du
feu,
&
on en faic forcir l'eau fªr inclinacion, de
forre qne le 'cornee y demeure a
[ec.
Alors on mee
de l'eau force pure dans
k
marras; ce qui acheve de
féparer & de décacher !'argent que l'eau forre cor–
rigé e n'a pu diífoudre & emporcer, puis on mee le
marras for un pareil feude brai[e. On y faí cbouil–
lir l'eau force
pendanc quelque tems , & quand il
ne reíl:e plus d '
argem.aucornee, l'eau forre cefTe
de bouillir , & il n'en fon plus que das fumées
Ess
blanGhes, ce qui fait conno1cre que l'or
c/l:
pur.
On reare le mateas du feu,
&
on en ver[e l'eau
forre dehors par inclinacion , le cornee
y
demeurant
a fec ,
&
méme collé concre les cbcés du marras,
qui étanc refroidi
&
bien égouné, eíl: rempli d'eau
de nviere , afin de laver le cornee. O!:!and il a éré
bien lavé, on verfe l'eau du marras le col en bas
dans un creufrc d'argenc , de celle force qu'on
y
fau couler doucemenc le cornee pour le con[erver
enuer. Lorfqu'il
eft
a
[ec
dans le creu[er, on met
ce creu[et garni de fon couvercle dans la moufle,
afin d'y recuire l'or,
&
on !'y lailfe jufqu'a ce qu'il
aic paru un peu plus que couleur de ceri[e. On re- ,
tire auffi-cót
le
creu[ecdu feu, .& ayanc mis le cornee
dans les memes balances , on le pefe avec le meine
poids de fin,
&
on obferve avec foin quelle diffe–
rence il y a de la pe[ée qui a écé faite de l'or avanc
l'E/Iai ,
&
de celle que l'on faic du cornee apres
l'Eífai ; cem: diminucion <lu poids de la matiere éca–
bliffánr, ainíi qu'a !'argent une preuve certaine de
l'im.pureté de l'alliag,e qui a été chaífée. Autrefois
quand
09
vouloic faire l'eífai de quclque matiere
d 'argem ,
011
en eiroie de pecics morceaux d'un
a deux grains avec un pe::.ir inll:rumenc en maniere
de burin ; on les meccoit for des charbons ardencs ,
&
[elon que ['argent paroiffoit blanc , on jugeoic a
peu pres du citre. Cela s'appelloic
Faire l'e/fai
a
la
rature
,
OU
a
t'
échoppe
,
a cau[e que i'iníl:rumenc
avec lequel on ciroic ces pecics morceaux, s'appel–
loie
Echoppe.
A l'égard des Eliáis d'or,
011
fe (er–
voie de pierres de couche
&
de peúcs morceaux d'or
de dilferens cirres éprouvés que l'on appelloit
Tou~
chaux.
lls écoienc en maniere de ferrecs d'aiguil–
lenes aífés placs,
&
le ticre écoit marqué for cha~
cun.
0 ~1
frottoit l'e[pece ou aucre matiere d'or ful:
la pierre de couche. On y frottoie au/Ii les couchaux ·
que l'on croyoit apprócher le plus du cicre de l'ef–
pece ; & le riere de chacun y étanc marqué , on ju–
geoit a peu pres du riere de l'or par celui du
tou–
chaux qui en approchoic le plus. On
dit,Faire l'ejfaí
en bain,
pour dire, Tirer du deufet quelques gout–
ees des macieres en bain, pour en faire Effai, c'eíl:–
a-dire , quand les
macieres fonc encieremenc fon–
dues. Pour faire les
Elia.is des deniers de boite , le
Confeiller cmll{llis prend quacre ou cinq deniers
d'or de la bo1te
>-&:
faic couper de chaque denier
deux morceaux de quatorze a quinze grains cha- •
cun. Cela [e faic de celle maniere ,que le milleíime
& les differens de la Ville, du Tailleur
&
du Ma1-
tre foienc re[ervés fur ce qui rell:e de l'efpe~e d'or;
aprcs quoi le Confeiller commis fair difformer ces
morceaux , afin que les Eífayeurs ne puiífenc con–
no1cre en quelle monnoye on a fabriqué ces de–
niers ; ce qui les mee hors d'état de favorife~ le
ma1rre.
Il
mee enfuice ces morceaux dans des pa–
piers pliés en cornees avec un numero parcicuTier
for <::hacun ,
&
ces cornees ainíi numerotés fonc
mis entre les mains de chaque Eílayeur. Il mee le
reíl:e de chaque e[pece dans un femblable cornee,
&
garde ce rell:e, qui eíl: appellé
Pcuille,
afin d'y
avoir recours, en casque la reprife en foitordon–
née. On ob[erve les memes circoníl:ances aux Eílais
des deniers courancs, tanc d'or que d'argenc, avec
cecee -{eule difference, qu'il fauc que chaque mor–
ceau d'or pe[e quacorze
a
quinze grains, & chaque
morceau d'argenc demi-gros, comme pour les de–
niers de bo1ce. C'eíl: en ces rermes qu'en parle M.
Boizard Confeiller en la Cour des Monnoyes dans
fon ex¡::ell enc Traicé des Monnoyes.
On appelle
Ejfais
,
dans
ce qui s'appelle
Peindre fur le verre, de pecics morceaux de ver–
re que l'on mee dans le foumeau quand on cuic
1
la