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720 THÉoruE DE LA

RELTGJON

n

nEs

MG:uR"i:

mem d'une plus graqde fomme de fenfations paifibles

&

g1

a-!

cieufes ,

ou

l'on étoit plus content

&

plus heureux.

Arrachez le Lapo11 aux _noirs frimacs de la zone glaciale,

ou

' l'Ethiopien aux ,feux dévorans de la zone torride;

&

tranf..

· portez l'un

&

l'autre fous un ciel plus heureux, dans les

_clélicieufes contrées

la Francc ou

de

l'Italie.

Ce

ciel

pl"u$

·lteureux ne fera point_analogue

a

leur organifation naturelle;

&

leur an1~ inqlúete regrettera lá Laponie ou l'Ethiopie:

, autam que celle du

f

ran~ois

ou de l'Ira

lien , tranfportés

·fous

le Cercle

polaire

C\U

fous l'

Eguatel.lr,

regretcera l'ltalie

ou la France.

· · ·

'

IIº. Accoutumé

des'

la

.plus tentlre-en.fance ,·

élllX

gouts

&

·a~x

rnreurs patriotiques,

on

s'efr fait infeníiblement

une

-~·maniere caraé

l:érifüqu

e

de voir , de perifer' , de fentir , d'agir,

qui

fe

trouve

erran.ge

&

in{olite, loin du féjour natal.

·

Quand on c;¡uitte

f

a

patrie, il faut'pour ainfi dire refondre

en

foi la

nature.,

&

s'en

former une toute nouvelle.

11

faut

fe

faire de nouvelles iaées ) de nouveaux· goUts, d e nouvel–

les

habitúdes, prefqüe de nouve?ux fens.

De-la

qn'arrive-

·t-il

t

La•

contraiqte habituelle ;

la gene

permanente, ou

il

faut

néceífairement fe 'mettre, pour vivre en fociété an fein

cl'une nation étrangere,

font

fans _ce'ffe regretter

a

l'amonr•

propre , l'heureufe 'aifance , la délicieufe liberté, ·dont

il

JOUiífoit

a

Cet égard , dans

fa

tetl'e

ffa

ale.

l11~.

Le tems ele l'enfance

&

de la Je.nneífe, eíl: le tems

·de

la douce

&

paifible felicité. On a

alors

une aífez _grande

. fomme de biens: pJ rce ·que les fenfations vives

&

élafüques .

-s'attachent pleineme'nt ~-leur obje-t,

& goütem

come l'éten:–

<h1e

des

amufomens

&

des plaifirs. ·On n'a alors qn'une

fort

perite ·fomrne de i:naux: parce que la clairvoyame

0

réflexion,

encore

a

naítre , n'enfante pas les itiquiétudes

&

les foucis,

qui empoifonnent les douceur.s du préfeht, qui anticipent

les peines

&

les horreurs de l'avenir. ·

·

Tranfplanté., dans un a.ge plus·

mur'

&

plus avancé , an

fein d'une rerre étrangere, on

y

a' des inquiétudes

&

eles

peines, qu 'on ignoroit dans

fa

terre narale;

&

on attribue

.foconfiderénient

a

'la différence des climars , ce qui ne yient

que de la différence des áges.

De-la,

le retour dé J'Amour–

propre, v e rs le

féjour

de fon enfance ou de

fa

jenneífe:

-féjour

ou

il goutoir un calme

&

un

bonheur '

qu'il

fe

rap-..·

-pell-e

avec délice;

&

qu'il

ne

trouve

plus , dans le nouveau

féjour

qu'il

habite.

883 .

REMARQUE•

.L,

Amour .de

la

Patrie,

ne

fe

borne pas

toujours

a

erre

fimplement un gout fympathiqu!;! pour

C{:

.q4'elle a

de

phyfique.

11

devient

ou

il

peut

devenir

1;1n ;r,:M

intere~