bu
LA MoRALE.
Les Mceun:
7~
r;
voir avec modeíl:ie, fentir avec reconnoiífance , employer
avec mérite?
Ou
l'orgueil , qui nous infpire l'indifférence,
Je mépr is, la dureté, pour tour ce que la Providen,ce
a
pl acé au-deíTous de nous ; ou l'humilité , qui ouvre nos
cceurs
a
]'hum anité,
&
nous montre nos freres dans tous
nos
fem bla bles?
On
l'orgueil, qui déchire
&
tourmente
fans
ce ffe notre creur par mille prétentions effrénées , toujours
fecondes en od ieux démelés, en diífentions éclatantes ,
en
troubles ron~eurs
&
dévorans; ou l'hurniliré, qni íimple
&
paifible, po ífede la paix
&
la c0mmunique, mérire tout
&
ne prérend
a
rien, cultive les talens
&
en abandonne
a
Dieu
le
íucces:
flattée
íi
elle réuffir, confolée
fi.
elle échoue?
A
F FE
e
TI
o
N
s
E T
A
V E R
_s
I
o
Ns.
875.
ExPLICATION
I.
Del'Amour-propre naiíTent
&
dé~
coulem nos diíférentes affefüons. Par exemple ,
1°. On aime fon Ami:
parce qu'on trouve
fon
plaifir
ou
fon bien dans fon ami. On défend fon ami , on pleme la
pene
de fon ami
:
parce
que
fa
confervation d'un ami,
dl:
le
plus grand de tous les biens; parce que la perte d'un ami, eft
le plus grand de rous les maux.
Le Creur féduir
&
trompé croit aimer un autre ;
&
au
fond
il
n'aime que foi-méme,
ou que pour foi-méme. 11
s'ap–
p laudic
du bien de l'objet aimé, il fouffre
du
mal
<le::
l'objec
aimé
:
parce que le bien de l'objet aimé, le flatte; parce que
le
mal
de l'objet aimé, l'afRige. Tour changeroir de face pour
lui :
íi
l'objet aimé ceífoir d'iméreífer fon Amour-propre.
ll n'airne pas pour cela moins noblemem
&
moins géné–
reufoment: parce que la noble!fe
&
la généroíiré en ce genre,
conftíle
a
vouloir ardernment
&
efficacemenr que l'objec
auguel il eíl attaché
&
qui
fai,
fes délices, foit heureux fans
mélange
&
fans mefure.
IIº.
Qu'ell-ce done
qu'étrt aime
pour (oi:
fi
les perfonnes
qui nous aiment, ne nous aiment que par le motif de leur
Amour-propre? Erre aimé pour foi : c'efi erre foi .meme
&
le
Motif
&
le
Terme
de l'affeétion qu'on nous porte. N'étre
pas aimé pour
foi :
c'efi devoir l'affefüon qu'on a pour nous,
non
a
notre perfonne, mais
a
quelque motif étranger
a
notre
pe rfonne ; par exemple ,
a
notre fortune ,
a
norre crédir.
Le premier amour fl atte beaucoup ; le fecond flatte
fort
p eu:
pa rce que le motif du premier intéreífe de bien plus
pre
,
&
fl - rre bi e n plus fenfiblement l'Amour-propre, que
n e
l e
ta·r le morif
du
fecond.
Illº. L'affe étio n fe diverfi fi e : fel on la
diverfiré des lntéréts
qui la fo nr
nairre. D'un
in rért r
de
vol upre ,
nai<fent
les
ami–
rifa ga lantes : d'un iméré d'ambi cion, müífent
les
amitiés