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THÉOR I E DE I.A RELIGlON E'l' DES M<JfURS:
po:iriques :
d'u n
int éret
de ,•anité,
naiífent les
amiriés iHuf.
tres : d'un iméret de cu pi dité,._ _n aiífent les anütiés miles:
d'un intéret de fati sfaél:ion fympáthique
,
na iífem les amitiés
d'inclination
&
de gour.
Quand tous ces motifs concourent enfemble
a
former ·
une
affeétion , une liaifon :
la
fo rce
de
cette
affeél:ion
&
de
utte
liaifon
eíl:
proportionnée
?
la
fomine
&
a
l'aétivité de
t<:>utes les caufes qui la produifent.
876.
EXPLICATION
II.
De
l'
Amour - propre naiírent
& .
découlent nos averfions
&.
nos antipathies.
.
N
01:1s haiífons ou nous fommes tentés de ha1r le Mérite–
éclatant: parce qu'il nous ravic l'attention publique,
a
la–
quelle nous
.af
pirons. N ous haiífons l'Orgueil
:
¡raree qu'il
nous dédaigne
&
nous méprife. Nous hatffons la Gruauté:
parce qu'elle nous menac-e ou peut nous menacer.
Nous.
bai:ífons
l'Avarice : p~rce qu'elle reíferre avidement eles
tréfors qui pourroient couler direél:ement ou in<lireB:ement
jufqu·a. nous. Nous hai:ífon~ l'Injuíl:ice: parce qu'elle nous
fa it t0rt, ou qu'elle eíl une difpofition
a
nous faire
tor-t.
N ous hai"ffons la Malpropreté,
la
Grofliéreté, l'Obfcénité
~
l'lndécence : parce qu'elles préfentent
a
nos fens des images
difgracieufés
&
déplaifa11tes. Nous hai"ífons le Mal en géné-
ral:
parce
qu'il eíl:
révoltant par foi-meme.
·
Par la raifon contraire , nous aimons
la
Clémence ;
CfUi
ñous pardonne; la Modération, qui nous épargne; la
Ju(..
tice, qui nous protege; la Vaillancc, qui nous defend·; l'Hu–
milité ·, qui nous refpeél:e; la Prudence, qui nous guide
&
nous éclaire ; la Liberalité qui
fe
dépouille pour nous . en•.-
richir.
.
877 .
REMARQUE.
Il
y
a
des
SympathieJ
&
des
AntipathÜ$,
naturelles
&
indélihérées,
qui
paroiffent fans cau[e
&
fans.
motif,
&
qui naiífent auffi de l'Amour-propre.
Je vois pour
la
premiere fois deux Joueurs,
qui
ne
me
font ríen, ·que je ne connois point, de qui je ne. fuis point
connu, avec qui je ne veux
&
ne dois jamais avoir aucune
liaifon. Pourquoi nfintéreífe •je . intéri~urement
a
l'un aU:
préíudice
de
l'autre?
C'eíl que l'un me plait , ou par
fa
figure , -ou par fon ton
de voix , ou par fon caraétere entrevu ;
&
que. l'autre me.
déplait par quelqu'un de ces endroirs. Peut - etre au {Ii que
l'un ·des deux m'offre, fans que je m'en apper~oive, quelque
reífemblance avcc tel1e perfonne qui m'inréreífe ;
&
que
l'.autre a quelque reífembance avec telle anrre perfonne qui
m 'aura déplu
&
offenfé. En
faut.ilplus
a
l'Amou.r· ptopre,.