THÉORIE DE L'AME
DES
BRU'tES
!
1
9 .
Nous avons diffé.rentes efpeces d'organes, qui. nolis
donnent des · fenfations tres·rét lles: nous voyons dans les
Bru.tes .
des organes tout fernblables. Pourqnoi ces organes
femblables ·ne íeroient-ils pas defiines dans· les Brutes
,a
une
femblable
fin .?
llQ~ Nos fenfations s'annoncent
&
fe
manifeíl:enr
par
di–
vers fignes de plaifir
&
ele
clouleur, d'affeét:i0n
OL'l
d'aver~
fion : nous voyons dans les Brurns d~s fignes
tout
fembla–
bles de plaiftr
&
de doulenr, cl'a.ffeétion ou d,averíion. Pour–
quoi ces íignes
femblabl.es: finon pour montrer de part
&
d'autre, 1.m príncipe 'ou
un
foiet égalemem capable de
íentirnent?
·
IUº.
Nous voyons les Brntcs, felon l'exig·ence
·de
leurs
befoins, employer , augmenter, cdiminuer
a
propos
&
d'une
manier~ convenable , l'a&ivité de leurs forces : ) nous les
voyons imiiter
&
retracer le .méchanifme de nos divers ·mou–
vemens; qu0iqu'elles foierM tol!ljou,rs incapables de
faifir
le
rapport
ahíl:rait
&
réfléchi de ces forces
&
ele
ces mouvemens.
Tout ·cela ne paroít-il pas annoncer évidemment qu'elles onr,
comme nous,
un
principe difl:ingué
:de la
Mariere, lequel
préfide au méchai1ifme de Ietlrs mouvemens
:
qnelle
que '.
foit
lá nature de ce pr~nci,pe,,
que
nous n'examinons pas·
encore.
,
, IVº.
Interrogeons-nom
·le
Jugcmerzt intérieur de la Nature,
qui eíl: toujours l'organe
&
fime,r p>rete
de la vérité , quand
jl
eíl univerfel
&
irréfül:ible.? Nous·i¡oenfons
&
noYs jugeons,
par un infünB: naturel
f$z.
n éceífair€, qu'il
y
a dans les Erutes
un
Principe
de
fentiment.
On .ne peut n.ous arracher cette p·er–
foaíion, qu'en nous arracha:nr 1a Dfat·me
,elle-n1e1'lile.
Qu'un
Canhéfieñ, le plus enriché de fon fy,üéme , voie fon Chien
favori, meurtri de conps
&
conven d e
pla.i.es!
,Ne fera-t íl
pas émn de compaffion pour
lu-i?
Pourquoi lni compa tir , s'it
ne fouffre pas plus que ne fouffre · une montre dérnngée
&
fracaffee par une chúte?
_,..,
·C'efl: un préj-ugé ,.
diHm
!
Mais une Opinion généra.le.dont ,
ancu ñe na,tion
&
aucnn
fiecl~.,n'efi
exempr; ~une
Perfuafion
ginérale,
dont on ne peut fe áéfaire qu'en
fe
perfuadant ( ce
qu'il
efr
ímpoffible de
fe
perfoader) qu'un
chien
meurrri de
coups
&
couvert de plaies ne fouffre point., lorfqu' il pouffe
d es cris
&
des gémiffeínens lamentables; eft-elle bien évi–
cle.mment un préjugé? Pour l'a:lTurer, il ne faudroit ri-en
moins que des preuves bién démoníl:ratives: Or quelles preu –
v es clémo níhatives eri donn e- f-on? Aucune: ·
fi
ce n'efi une
r omane (que hypo the(e ,
qut
ne prouve rien. Done ,
p,;r
l'obfe rvation des opérations des Brntes, on
e.íl:bien fondé
a
p enfer
&
a
j
uger que le¡;¡
Bnues
ne fom point depures