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-XLIII -

meme lorsqu'il s'agit de rechercher par quelle raison cette épithete a pu

etre donnée a ce personnage, l'un des principaux du drame. Avant

1

ui, on

ne l'a appliquée a aucun autre, et

il

est probable que le personnage qui

figure dans le drame étant historic¡ue, ainsi qu'ill'ésulte ele la traclition,

et étant de plus tres-connu de son temps, le poete quechua s'est serví de

ce nom pour le désigner. Il est plus pl'obable encol'e lJUe ce surnom lui a

été donné de son vivant par le _public, attendu qu'a raison du caractere

du personnage et du rúle qu'il joue,

il

lui con vient

á

merveille. En effet,

le qualificatifRunu s'emploie aussi communément pour désignel' les qua–

lités morales, comme c'est le cas avec d'autres substantifs. Au Cuzco,

on se sert du mot Rum1 joint á Dmn,

tete,

et Rumr-umn \•eut dire

tete

dure,

daos le sens que l'homme auq •1el on applique cette expression est

complétement niais et stupide. Pareillement, le

nH~me

mot se joint a

Sonh.u,

COJLW,

et Rumr-sonlm,

cceur

ele

pier1·e,

s'applique aux individus

dont le cceur est fermé

á

tont sentiment de pitié et de tenclresse. Dans

mon .opinion, le qualificatif Runu-l\awi,

CEil-cle-Pie¡·¡·c,

en égal'd au

génie de la langue des Incas, signifie que l'ceil d'un homme est sans ex–

pression aucune, que la vie

y

fait cornplétement défaut, que le regard en

paraít hébété

(1).

Cette interprétation est d'autant plus admissible qu'elle

se trouve conforme au caractere du personnage clont nous nous occu–

pons, qui est admirablement peint dans le drame el qui, par plusieurs rai–

sons, a droit de porter ce surnom, ainsi que nous le verrons plus loin.

Peut-etre était-ce un desce·¡cJant de ce personnage que cet autre

Rum1-Ñaw¡

(2)

qui, du temps d'Atahuallpa, figure dans l'Histoire comme

Mestre ele Camp, et qui se renclit si célebre par ses eruautés, ainsi qu'on

( 1 )

Tschudi, page 57, dit:

«

Cette expccssion

(Rumiiiahui),

je l'ai souvent vu em–

ployer par· les lndiens du i\Ioyen-Pét·ou pone désigner les ycux atteints d'un obscur–

cissement de

h

cornée pat· suite d'nne J'ératite.

»

Cet cmploi du mot

Runu-NawJ,

dont nous n'avions aucune connaissance, mais qui est confirmé aussi pat• Garcilaso,

ne contrcdit nullemcnt i'0xplication que nous venons de donncr, car la pet·sonne

atteinte de

~a

maladie en question a néccssairement l'ccil fixe

et

mort. Seulement il

y a bien d'áutres caso

u

cette épithéte pcut etl·e appliquéc, ct nous ne croyons nullc–

ment que le personnagc dont il s'agit ait eu l'mil malade.

(2)

Ce

Rum1-Ñawr

était dcvenu un des plus redoutables advcrsaires des Espa–

gnols

a

l'époque du la conr,uete du t·oyaurnc de Qtlito. Il s'était retranché dans le

voisinage d'une montagne pt·és de cctte ville, pour se défendt•e contre le capitaine

Sébastien d•; Belalea%ar,

ct

c'est en ménwire ele ce fait que

ccttc

montagnc a été ap–

pclée de son nom

Rumi-Nawi.