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-XLI -

. conforme au génie de la langue quechua, le verbe Yupay, que nous avons

pris dnns le sens intransitif, étant en méme temps transitif et susceptible

d'av9ir un complément direct, ce qui est le cas pour un grand.nombre de

verbes quechuas. Comme transitif et pris au futur, Yupánk1 veut dire,

tú raconteras quelque chose,

ou

tu auras des choses d raconter,

ce qui

. reviel).t

a

l'idée de Garcilaso. Tschudi nie implicitement que Yupay ait

le sens de

raconter, livrer d la postérité,

quand

il

affirme que le verbe

qui exprime ce sens en quéchua, est

Hahuari.

En cela, cet auteur n'est

pas exact : ce verbe, tol qu'ill'écrit, n'est jamais employé au Cuzco, et

s'il veut parler de Haywar1y (dont le radical est Hayway,

allonger

la main pour donner quelque ehose),

ce mot ne voudrait dire que

marcher, ·s:approcher en allongeant

la

main,

le sutnxe r1y,

aller, mar–

cher,

ajoutant l'idée de mouvement

a

tous les verbes. Au contraire,

Yupay s'emploie communément dans le sens de

raconter;

qui est aussi

une des acceptions des verhes Willay et Uyari'Iuy. Cependant, ces der–

nicrs verbes, qui.sont employés dans le langage ordinaire, n'auraient ni

la vigueur, ni l'élégance de Yupay.

Tupay signifie principalement

racler,

et s'emploie tous les jours pour

indiquer l'action de polir les inétaux, ce qui se fait d'ordinaire en ra–

clant. Tup!l.j, dérivé verbal, équivalant

a

celui qui racle, celui quipolit,

appliqué au monarqne, voudrait dire, selon Garcilaso,

cehti qui relLtit,

celui qz¡i resplendit.

Mais cette interprétation nous parait rorcée : car

s'il est vrai qu'.en raclant on peut faire relnire,

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ne s'ensuit pas qu'on

reluise soi-meme. A mon avis, la signification du verbe Tupay, dans le

cas présent, est celle de polir, d'adoucir une surface rude, acception si

usitée, qu'on emploie communément ce verbe pour exprimer meme l'ac–

tion d'aplanir les inégalités rlu terrain. Dans le sens moral, on étend

cette acception

á.

l'idée d'acloucir, de calmer, d'apaiser, en sorte que le

dérivé Tupaj, spécialement appliqué

a

un roi, n'a d'autre sens raison–

nable ·que

celzti qui adoucit, cehti qLti calme, paci{icateur.

D'ap'rej ces explications, nous·ponvons conclure que le nom de Tupaj–

Yupanlu veut dire

l'Illustre paci{icateur,

et cette conclusion a d'autant

plus de vraisemblance que son pere devait son nom de Pa11akutl.f, le

Tout-Puiss·ant, au caractere de son gouvernement, si sévere et si fort

que, comme l'atteste notre drame, sa propre filie en avait elle-méme

ressenti les rigueurs , tandis que le fils, d'un caractere tout opposé, et

qu'on voit dans le drame pardonner

a

tout le monde et réparer envers