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CHA avait le visage extremement blanc et _barbu, d'oil luí est venu son
nom qui signifie littéralemer:t :
Lagu,ne de suif;
le meme mot s'applique
aussi, par exten.;ion,
A
l'écume de
la
mer
:
car en langue quechua on
désigne, sous le nom de
suif, l'écume
(~),
sans doute
a
cause de sa
blancheur. On dit encore que PACHACOUTIC, ·:fils du monarque dont nous
venons d'évoquer la mémoire, portait ce nom, qui correspond
a
Tout- .
Puissant,
non-seu1e.ment
a
cause de la grande puissance dont
i1
jouis–
sait, mais paree .qu'il exergait le pouvoir supreme avec beaucoq.p de sé–
vérité et un certain despotisme. Quant
a
HUAYNA·CAPAC, tous les Indiens
prononcent son nom avec respect et racontent sa
vie.etses exploits en
les accompagnant de mille détails. Un trait, certes des plus curieux,
c'est que parmi les nombreuses populations aborígenes des régions
transandinas,
il·y
a un fort gránd nombre d'indigenes qui ignorent, par
exemple, quel était le général Gamarra, l'un des personnages
l~s
plus
. • illustres de notre histoire contemporaine et dont la mort remonte
a
peine Al'année 1841, tandis que nous ne croyons pas qu'il existe un seul
Indien qui ne sache quels étaient les rois dont no'üs parlons. Ce fait,
dont nous affirmons la parfaite authenticité, est une preuve évidente de
ce que nous disons, et
il
n~a
ríen de singulier si l'on considere que la
tradition est bien plus po:::itive et plus réelle chez un peuple qui, ne
pouvant compter ni sur l'écriture
~1i
sur d'autres moyens pour per–
pétuer les faits mémorables de sa vie nationale, doit recourir
a
la
transmission constante et fidele qui en est faite de pere en fils.
Paha, en quechua, répond
a :
te1·re, monde, univers.
Kuti.J est un
substantif verbal dérivé de Kut1y; qui, entre au.tres acceptions, a celle de
(')
Écurtti
en quechua se dit plus généralement Rosuh.n, commeon
1~
trouvedans
· notre vocabulaire final. Quant a la signification que nous lui donnons ici, le D• l'riesa,
dans
Los Anales
(Note a la page 43), dlt :«VIRACOCHA veut dire en
quech~a
Écume de
la mer,
ce qui nous porte
á
attribuer !'origine de la civilisation péruvienne a quel–
que voyageur de l'ancien continent, qui n'a pú arriver jusqi.t'a nous qu'en traversant
les mers ou en
ftottant sur elles comme l'écume.
>>
Cette explication est tout a fait
forcée....D'ailleurs, pour répondre a la supposition de l'auteur de
Los Anales,
le nom
de VIRACOCHA aurait díl étre donné au premier Inca et non a un des det•niers. Notre
explica.tion au contraire est parfaitement couforme au génie de la langue quechua, qui
forme les noms pt•opres dP.s personnes a\"ec les noms des objets physiques,
i
cause
de quelque similitude. Ex.: Runtn,
reuf,
est
de~enu
un nom propre, donné a une per–
sonne· trés-blanche, et nous avons dans l'hlstoire une reine, la femme de Viracocha,
qui s'ap¡ielle Mama-Runtu.' (Voy. Garcilaso de la Vega,
Comentarios Reales,
1• Part. Lii). V. Cap. 28.)
.
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