125-
Ñan urmank1 kay flak1yman,
Kunanm1 kay sonhuyñ1ypa
Rikunk1 llampu kashanta.
Hohar1shaykm y hanta
1530
Pahah kut1 tmnka waranha.
hanm1 karhankl waminha
Ant•-suyu_kama'fükuj;
Y
hantaJrnl kunan rikuy,
Ñoha,t munayñ1y kajtinha,
1535
Antl-suyuta kamah1y,
Waminhay kapuy wiñaypaj!
•
nant. Toi qui viens de te jeter
a
mes pieds, regarde en ce moment; ·
laclémence s'empare de mon cceur.
Tu tomberais )In million de fois,
autant de fois, sache-le bien, je te
releverais.
Tu as été autrefois chef supreme
de la province des
Ande~
;
Eh bien! toi-meme, vois mainte–
nantjusqu'ou va mon amour,
Gouverne la province des Andes,
Et redeviens grand · chef pour
toujours •
cbasses au cerf qui se font dans les
mont~gnes
dt:>s Andes. Dans la locution ILuy'hn
taruka, qui est tres cot•recte, le premier mot est toujours un adjectif, et désigne la
qualité qu'a le cerfd'échapper avec une rapidité extréme a la poursuite des chasseurs.
Dans le cas présent, cet adjt:>ctif qualifie le substantif Kit-a,
{ugiti(
ou
dése1•tew·,
qui
est
iiU
vocatif, et le mot
ingrat
nous paralt celui qui exprime le mieux l'idée du roi.
La traduction de Barranca, suivie par Tscbudi:
F'uis maintenant comme un cerf
sauvage,
n'a pas de sens raisonnable, spécialement dans la circonstance solennelle ·
ou l'on se trouvait.
1529-1530.
Voici le mot-a-mot :
HoÍI.ar1shaykm
. y
hanta,
1e
t•assure queje te releverai, oui,
toi,
Pahah kut1
hunka waranha
Cent
fois
dix
millt (fois)
Ladésinence
n
ajoute au verbe hohar1shaylu l'idéc d'affirmation: ainsi hoshayk1
simplementveut direje
te donnerai,
et avec le suffi:s:e
ñ,
hoshaykm,;-e
t'assw·e que
je te donnerai.
C'est pour rendre la valeur de ce suffixe que nous ·avons mis dans notre
traduction les mots
sache-le bien. Cent fois dix mil/e
n'e~t
autre chose qu'un
mil/ion.
La traduction littérale serait tout-a-fait contre les usages de la languc
fran~aise,
ou
l'on accepterait plus facilement
mi!le (ois mil/e. Million
se dit en ,quechua hunn,
mais souvent, comme dans ce passage, on décompose les nombres pour les mettre
plus en relief.
1536.
Le verbe kay,
étre,
avec la désinence puy donne l'idée
d'étre
d
juste titre:
car,
ainsi que nous l'avons expliqué dans la note au vers
573,
la désinence pny, ajoutée au
verbe, indique que l'action est naturelle dans une circonstance donnée. La générosité
du roi dans ce cas va jusqu'a dire a 01\antaY qu'ayant été une fois le ma!tre de ·la
province des Andes, il le considere comme ayant droit a ce titre. C'est pour cela que
llOUS
avons traduit kapuy par
redeviens
au lieu de
sois.•