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1585
Harpayñ1yp1 tiyakuspa,
hush.ota kamatukuspa,
Hinan kayp1 sayarinan.
Ollantay.
An'hatan, Inka, hoh.arink1
Kay llatan, yanh.a runata.
1590
Kawsakuy waranh.a wata,
!matan noh.ap1 tarink1.
En s'asseyant
A
mon foyer, et en
gouvernant le Cuzco,
il
dominara
ainsi sur tout le pays.
ÜLLANTAl.
o
mon roi, tu éleves trop haut
Un homme nu et sans valeur.
Puisses-tu vivre mille années
pour trouver toujours en moi un
esclave.
1585. Au vers 345, le roi Pachacoutic dit littéralement a Stella:
Assieds
-toi sur mon
giron:
car
harpa
veut dire, non pas précisément
genou
(qui se dit
h.onh.uren
quechua) mais la place qu'occupe une personne assise su¡• les genoux
d'une autre;
c'est l'idée qu'on
exprim~
en francais par
giron
et en anglais par
lap.
lci, quoique
nous trouvions le méme mot
harpa,
giron,
la phrase a un sens plus large : car la
loeution
étre assis sur le giron
est un idiotisme qui équivaut
a
étre dam l'intimité
de quelqu'un, .,ivre dans sa (amiliariU, occuper la premiere place
a
son foyer.
Cette
méme idéa est reproduite par le roi au vers 1004. Barranca, qui au vers 345, a traduit
harpa
comme nous, !'a sans doute trouvé déplacé ici et au vers 1604, pour étre
appliqué
a
OllantaY, et l'a traduit par
tróne,
ce qui peut bien allet• daos une traduction
libre, mais ce qui ne rend pas le sens d'une locution qui est d'un usage général chez
les Indiens, qui, surtout auJourd'hui, ne peuvent pas parler de treme.
1588-1591. Voici la traduction interlinéaire:
An'hatan,
Inka~
hoh.arink1
Trop,
O roi,'
tu éleves
Kay
Ilatan
yanh.a
runata.
Ce
nu
insignifiant homme.
Kawsakny
waranh.a
wata,
Vis-toi
milie
année,
!matan
noh.ap1
tarink1.
Quoi que ce soit en moi
tu trouveras.
Dans ce mot-a-mot, ou nous nous sommes attachés encore
pl.usque daos les autres
a la signification intrinseque des mots quechuas, nous toy
onsque le verbe
vivre
dans cette langue peut s'employer aussi dans la forme rélléchie. OllantaY aut•ait pu
dire seulement
kawsay,
vis,
mais
il
n'aurait pas exprimé si bien le désir vif qu'il
avait de voir le roi vivre de longues années. Par exemple
puñny,
dors,
devrait se
transformer en
puñukny,
dors-toi,
pour 'exprime¡• la force du désir de celui qui
parle. On serait tenté de s'étooner aussi de voir
année
au singulier; mais
il
taut
savoir qu'en quechua, bien qu'il existe un pluriel et un singuliet• pour les substantifs,
les noms de nombre suivent 8. cet égard des régles tout-8.-fait spéciales. Ainsi le
suffixe
kuna
qui est le signe du pluriel comxue S en fraucais, s'omet daos beaucoup
de cas oil. le substantif est au pluriel. Analysonll deux phrases tirées d'OllantaY : dans
·¡e vers 576,
Waranh.a runa,mille
homme,
est au singulier paree qu'ici le mot
homme
est pris d'une manillre générale et indéterminée. Au contraire dans le vers