Kus1kuhnn tukny Ant1,
Hampnhuntaj tukny kita.
(Punkn kamayuj runakuna,
hawamanta h.aparimtin.)
Harka;r, harkay!
harh.uy,
[h.arh.ny!
1645
.Uay warmata, harkay,
h.ar–
lh.ny1
136 -
Que tous les Antis s'en réjouis–
sent, et que les fugitifs reviennent.
(On entend les cris des gens
qui gardent
la
porte.)
On ,ne passe pas
!
Arriare! Arriare!
11 faut chasser cette j&une filie !
sam1yk1,
ton bonheur;
sam1yk1j,
ce qui appartient
a
ton bonheu1·, qui en fait
partie.
Samryldjta,
avec la désinence
ta
del'accusatif, est forcément le complément
du verbe. Celui-ci (cusikikiy), qui n'est pas quechua, a été traduit par Tschudi:
Moi
méme jeme
réjouis.Lal"pers. sing. du prés. del'Ind. duverbe
kusikuy,
se rejouir,
·
est
kus1kum,
et pour exprimer l'idée
moi-~me.
il faudrait le faire précéder du pro–
IJ.Om, avec la désinence
pas
qui équivaut
a
méme,
et la phrase
de~rait
éjre ainsi:
Noh.apas kus1kum.
Ajoutons le complément
a
ce verbe et nous aurons:
Noh.apas
kus1kum samrykijta,
Moi-méme jeme rejouis de ce qui apparti¡mt
a
ton bonheur,
ce qui est encore inadmissible, car on se demande de quoi <Eil-de-Pierre voudrait
parler comme faisant partie du bonheur d'Ollantai. Dans le premier texte de Tschudi
et dans celui de Markham, on voit que par erreur on a réuni en un mot
(cuseisiquin)
le sujet et le verbe de cette proposition. Dans le dernier vers du quatrain, la variante
de Tschudi
kiti,
lieu, endroit,au
lieu de
kita
{'ugitif,
est aussi erronée.
Kita,
mot
commun en quechua, est employé en d'autres endroits de notre drame, par exemple
aux vers 642·643, dont la traduétion littérale est :
Ripnllahun kay llakijka
Que s'en aille
ce
triste
Maytapas
kita!
Quelque part fugitifl
Meme dans cet endroit,
T~chudi
a mis aussi une vat•iante inutile. Le mot
kita
est
dans tous les dictionnaires,
y
compris celui de Tschudi, mais l'acception qu'illui
donne,
sauvage, indompté,
n'est pas exacte. Au Cuzco, les soldats .déserteurs sont
appelés
kita,
et on donne le méme nom aux filies ,qui quittent le toit paternel ou la
maison de leur maltre pour suivre un amant. Dans les fermes, on appelle encore
ainsi les animaux domestiques qui se sont enfuis dans la montagne. Notre texte dans
le vers 1643 ne peut étre plus clair. La signification que Tschudi donne
a
hampny,
venir, revenir,
en le traduisant par
donner son assentiment, {aire écho
(beistimmim),
est
t~ut
a
fait
forc~e,
et c'est le ¡·ésultat logique de sa variante Cautive
kitl.
.
~
.
.
.