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1520
Tihrahnn tukny llipinta,
Qasnshata aysa-aysa.
Inka Yupank1.
(Runakunaman.)
Paskayh1s hay watashata
!
(Ollantayta.)
Hatarimny kay ñawh1yman,
Ñan rikunk1 sip1ykita,
1525
Kunan l!away, lluyhn kita;
Que tous soient précipités du
haut des rochers, et ainsi brisés
l'un apres l'autre.
LE ROl YOUPANQUI.
(Aux exécuteurs.)
Otez-leur ces liens
!
(A
ouantai.)
Leve-toi, viens vers moi,
Toi qui t'es vu déja mort.
Déserteur ingrat, cours mainte-
d'une faute d'impression ou de copie. lllarkham
qui,
dana beaucoup d'endroits, n'a fait
que copier Tschudi sans examen, a mis la méme
le~on
qui n'a aucun sens. Tschudi,
dans son texte remanié, a cru corriger cette faute en mettant
rikuhun,
qu'on voie,
comme si l'action était de regarder, tandis qu'il était question d'agir:
tihrahnn,
qu'on les précipite.
1521.
Qasusha,
participe passé de
qasny,
veut dil·e
contusionné,
et
il
est bien
employé ici pour exprimer l'état de gens qui meurent précipités du haut des rochers,
la mort n'étant alors que le résultat de contusiona multipliées, ce que nous avons
traduit par
brisés.
Dans ce meme vers, l'adverbe tres fréquemment employé
aysa–
aysa,
dérivé du verbe
aysay,
traíner,
veut dire littéralement
l'un aprés l'autre.
Exemple:
aysa-aysan purinkn,
ils marchent
a
la file l'un de l'aut1·e.
Tachudi a
décomposé l'adverbe en en faisant <ieux impératifs
(aysay, aysay
1},
ce qui ote A.
la phrase son sens primitif. Ce qui est encore plus aingulier,c'est que pour conserver
la rime de ce vers avec le premier du quatrain, il a ajouté la deainence
y
de l'impé–
ratif
a
l'adverbe
wallawisa
dont nous avons parlé déjA. dans la note au vers 713,
suivant ainsi la pratique de Nodal qui n'a fait autre chose qu'ajouter ou retrancher
des lettres, afin d'introduire dans le drame un systemerégulier de rimes, sans aucun
égard lila grammaire ni au contexte.
1525.
ILuyhn
est un adjectifqui,dans le sena propre,exprime la qualité d'une chose
qui par sa nature glisse entre les mains, et qui échappe d'autant plus vite qu'on la
p_resse davantage. En quechua,
il
y a une locution prove1·biale
sapalln rurn hina
lluyhn,
glisBant comme une semence de potiron,
pour exprimer un caractere
changeant et inconstan
t,
sur lequel on ne peut pas compter. Nul qualificatif ne pouvait
mieux s'appliquer a Ollanta'i, qui, apres avoir été comblé des faveura du roí, a'était
échappé de sa dépendance et a'était tourné contre lui. La traduction que Barranca
fait de ce mot en le rendant par
cer( sauvage,
en quoi
il
a été auivi par Markham et
par Tschudi. ne donne pas une idée exacte de la pensée du roi. 11 est vrai que
ILuyhn
est un adjectif qui a'applique dans certains cas au ee11' comme
a
tout autre animal
sauvage, mais cen'est pas, commel'ont compris ces traducteurs, le nomproprede ce qua·
drupede, qui s'appelle en quechua
taruka,
seul nom que noue ayons entendu dans les