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[Dialogue premier et Chanson d'un ·inconnu.]
ÜLLANTAl ET PIED- LÉGER.
Ollantay.
555 Pik1-Rak1, purJy r1y
Kus1-h.oyllurñinman my
Kunan tuta suyawafmn.
Pik1-Rak1.
Naba rim, his1 rim
Kus1-hoyUurpa wasinta ;
!ií60 Tarim tukuyta hinta ;
Tukuytañan tapurim.
Manan mis1llapas kan'hn.
ÜLLANTAi.
Pied-Léger, cours, va dire
a
ma
chére Stella, qu'elle m'attende ce
. soir.
PIED-LÉGER.
Je suis allé chez elle
il
y a un mo·
menta la tombée de la nuit;
La maison était déserte, et per–
sonne n'a pu me dire pourquoi.
11 n'y
a.
pas un chat.
562. Nous ne croyons pas comme Tschudi que le mot
mis1
soit dlorigine espagnole,
quoiqutJ dans cette langue le mot
miz
s'emploie en caressant les chata. Dans les mon·
tagnes du Cuzco, il existe une espl!ce de chat qu'on désigne en quechua par les locu·
tions
osqolln mis1,
chat sauvage,
ou
puna mis1,
chat de
la
mbntagne,
ce qui a
été traduit littéralement
chat montagnard (gato montés)
par les Espagnols. Cet animal
est une sorte de puma dégénéré, et qui, plus petit et moins féroce, était probablement
apprivoisé par les Indiens. Nous en avons la preuve dans le drame meme d'Ollantat,
o
u
nous-trouvons (Scéne xvl Stella renfermée dans son caveau avec un puma qui évi·
demment ne pouvait etre· un lion, mais J?OUvait lltre un de ces
misi
dont il est question
ici. Si dans la scéne précitée,
i1
est appelé puma, c'est paree que c'était un nom gé·
néral par lequel on désignait tous les animaux ravisseurs : les renards sont eux-me·
mes souvent appelés pumas. Le nom de chat de la montagne, que les Indiens donnaient
a
certains de ces animaux, pt•ouve qu'il y en ava¡_t aussi de domestiques, et ceux-ci
ont sans doute disparu
a
l'époque de la conquete, paree qu'ils ont cédé la place et
mllme leur nom, aux chata importés de Castille. Encore aujourd'hui,quand les Indiens
de la montagne, qui ne savent pas un mot d'espagnol, font une battue pour détruire
ces animaux, ils emploient indifféremment pour les désigner les noms
puma
ou
misl.
San Thomas, dans son
Lexicon,
les appelle
ozcollo
(
osh.ollu)
ce qui n'est qu'un sim·
pie adjectif qui peut s'appliquer
a
tous les habitants de la montagne, hommes ou
animaux. Holguin, dans la partie quechua-espagnole de son vocabulail•e, dit :
mici,
micitn
gato,
et dans la partie espagnole-quecltua :
gato,
mici micitu. Il
n'est pas
croyable qu'étant lui-méme de race espagnole,
il
ait mis un hispanisme dans son voca·
hulaire. En outre, le mot
l\IIZ,
employé en Castille pourcaresset· les chats, est un idiq–
tisme qui n'est nullement connu au Cuzco, mllme des gens parlant espagnol.