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TARRAGONE. - '"'"

1811.

89

menl vides. Le maréchal Mai·monl, rcmarquanL

méme qu'on ne s'occupaiL pas asscz aclivcmcnL

de ce demicr soin dans l'arrnéc du maréchal

Soull, obligca ses régimcnls

a

moissonncr le blé

qui élail mur, el¡, transporlcr les grains rccucil–

lisdans l'inlérieur de lladajoz. Déjii bcaucoup

d'habitauls s'élaicnl éloignés lors du premicr

siége. Ala veillc du sccond, d'auLrcs avaicnLsuivi

ccL cxcmplc. La crainlc d'un troisicmc siégc en

fil

fuir encore un ccrlain nombre, el la plus

grande partic de la villc se lrouva ainsi <lésc1·tc.

Ce n'cuL pas élé un mal, si la portion qui rcstait

n'avail élé la plus pauvrc, la moins capable de

se nourrii·, el la plus<lifficilc

a

eontcnir. Au sur–

plus, si le lroisicmc siége étail probable , il

n'était pas prochain d'nprCs toutcs les ""aiscm–

blances, el la garnison rcDforcéc avoil le temps

de preadrc ses préeautions, el de se préparcr

a

soutcnir une nouvellc épreuve.

Les dcux maréchaux étaicnl

a

peine réunis

dcpuis quclqucs jours, qu'nnc collision failliL

éclaler entre cux. 11y avail longlcmps que le

maréchal Soull étail abscnl de l'An<lalousie.

ParLi de Sévillc pour venir livrcr la Lataillc

d'Albucra, s'élanl opiuiU!ré depuis, cL arce rai–

son,

a

dcmcurcr en posilion

a

Llercna, d'oú il

avail réussi

a

amcncr une conccntralion <le for–

ces en Eslramadurc, il auraiL bien vouluatlirer

définitivcmenl l'arméede Portugal dans leccrclc

ordinairc de ses opéralions, lui laisscr la ga1·dc

de lladajoz , se décbargcr ainsi sur clicde ccllc

parlie diflieilc de sa t:ichc, el consacrct• cnfin

toutcs ses forces au siégc de Cadix, si f:lchcusc–

mcnl négligé pour celui de lladajoz. Ce vreu

étaiL nalurel, mais en se plaqanl au poinL deme

plus élevé de l'ensemLle des choses, il n'était

poinL raisonnable, car l'armée de Portugal arniL

pour résidcnee néccssaire Salarnanque, po111·

conquéle

ii

conserverCiudad-Rodrigo,pour loche

cssenlielle la défense conlre les Anglais de la

Vieille·Caslille, r1ui élail la base d'opéralion de

loules les armécs francaiscs. Elle étail encore

dans son róle, mais rlans la parlie exlréme de

son róle, lorsque suivanl les Angla is du nord au

midi, clic venail lcur clisputer Badajoz ; mais

cxigcr <¡u'cllcs'étaUlit d'unc maniCre pcrm:menlc

en Eslramadure, c'élaiL lui fairc abandonncr le

principal pour l'accessoire. En e[el, landis

qu'ellc cuL gardé lladajoz el que le maréehal

Soull cut enfin assiégé Caclix, lord Wcllinglon

n'aurail pas manqué de venir prendrc Ciudad–

Rodrigo (ce qu'il pul fairc plus tard par suite

d'unc faule asscz semblable

a

eclleque l'on con-

seillail en ce momenl) el de eouper ensuitc, ense

portanl

h

Valladolid, loutes lescommunicalions

des Franqais. 11 fauLnjouler que confiner l'armée

de Portugal

a

Badajoz en l'y laissanl sculc, e'étaiL

la conda111nera l'impu>ssancc dans laquelles'élail

trouvé le maréchal Soull

ii

Llercna, el i1la con–

fusion de voir ¡¡¡·endre Badajoz sous ses i:cux.

Réduilc i1

Lrcnte mille hommes, comme clic

l'élaiL acluellemenL, elle ne pouvail rien, el clic

n'avaiL chance ele remonler ele cel effecLifi1 eclui

dcquarante ou quaranlc-cinqmille eomballanls,

qu'en rcvcnanl au Nord, el en se mcllanl en

mesure 1lc rallier tous ses hommes malades,

blcssés ou fatigués, qu'elle avail laissés

a

Sala–

manquc.

JI

n'était done ni raisonnablc ni juste

d'cxigcr cl'elle <111'clle se fixal i1 lladajoz ou dans

les cnvirons.

Le maréchal Soult, pressé par les lcllres qu'il

recevaiLde Séville, s'élanL préscnté un matin au

quarticr du maréchal Marmonl pour lui fairc

part de ses embarras et de ses désirs, le jeta

dans u11 grand étonncmenl el dans une exces–

sivc défiance. Laisser le 111aréchal MarmonL seul

ñ

Badajoz, c'était l'ciposcr au dungcr d'Ctrc

assailli par plus de 1,0 mille ennemis tanclisqu'il

n'auraiLque 50 millc hommcs 11 leur opposer.

C'étail salisfairc le

\'OlU

le plus ardcnl de lord

Wellington, qui allcndail sur la Caya que !'un

des deux maréchaux ftlt abandonné par l'auLre

pour l'accatiler. Le rnaréchal MarmonL, donl

l'cspl'il élaiLforl p1·é1•enu co1J1.1·c le caraclerc de

soncollCguc, crut voir dans ccllc proposition,

oulrc une ing1·atil11<le inoulc , le désir perfide

d'cxposcr l':irméc de Portugal 11 un désasLre, el

conqul de celle iutcntion, lrés-graluilemcnt.

supposée, un profond resscntimcnL. 11s'exagc–

rait bcaucoup les torlsdeson collegue, el, commc

il ar·rive souvenL, lui prctaiLdes calculs que ce

collrguc ne faisail pas. Le rnaréchal Soull, en

effel, ne songeail pasa comprome!Lrcl'arméc de

Portugnl, cnr il scftit compromis lui·mCmc, mais

il voulait se déchargcr sur clic de la plus ingrato

partic de sa tache, quoi qu'il púL en advenir,el

cnsui lenllcr vaqucr;1usoin deses propresafTaires.

Le mnréchal Mnrmont lui répondit avec une

extrCme aigreur que s'il \'Oulait

s'CJoigncr

de

sn

pcrsonnc en laissanl

ii

lladajoz

le

gros de l'armée

d'Andalousie, rien ne scrait plus facile, car il

rcstcraiL, lui rnaréchal Marmonl, pour comman–

der les deux arrnécs réunics, que sinon il par–

tirail sur-le-ehamp , el ne rcviendraiL sur la

Guadiana que lorsqu'il scrail assuré d'y lrouver

une force assez considfrablc pour que, réuni i1