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LlVRE QUARANTE-DEUXIEME. '

tranchées clans les fossés, et avaicnt cscaladé

les décombrcs des muraillcs. Mais nos grcna–

clicrs, les rcnvcrsant

a

coups de fusil au picd

eles breches, et fondant ensuitc sur eux

a

In

ba"ionncttc, en nvaicnt foit un nfücux carnagc.

Quclqucs ccnlnincs d'Anglais avaicnt encorc

payé ele lcur vic cctlc tcnlative infructucusc.

11

n'y avait plus de elanger qui pul intimidcr

cctte garnison cxallée. Malhcurcuscmcnt les

vincs luí manqunient, clic était exténuéc de

fatigues et de pri\•ations, et on craignait qu'cllc

ne succombat sous le bcsoin, si clic ne succom–

bait sous les coupsde l'cnncmi. Mais l'approchc

d'unc arméc de sccours, qui n'avait pu lui Ctrc

connuc, l'avait été de lord Wcllington, toujours

cxactcmcnt informé de nos mouvcmcnts, et le

'10

juin, apprcnant la marche<lu général Reynicr

Slll'

le Tagc, le général anglais s'étaiL résolu

a

J.cvcr le siégc, cL avait commcncé

a

s'éloigner de

la place. Une raison contribuait surtout

ii

le

décider

a

ce sacriDcc. On avait épuisé les muni–

tionsde gucn camassécs11Elvas, et il fallailsans

pcrdrc de tcmps cmploycr tout ce qu'on avait

de rnoycnsde transport pour allcr en cherchcr

ii

vingt-cinq licues, c'cst-a-dire

a

Abrantes, prin–

cipal clépót ele l'arméc britanniquc.

Lord Wcllington , fort dépilé d'avoir inulilc–

mcntpcrduclcux 111illc hommcsde sesmeillcurcs

troupessousBadajoz, et d'avoir deux fois échoué

dcvant cctlc place <léfcnduc par une poignéc de

Frnn~ais,

levn succcssivcment tousses carnps les

13 et ·11• juin, se retira le 17 sur la Caya, el vint

s'adosscr aux monlagocs de PortalCgl'C, dans

une position défcnsirc bien clrnisic , comme il

avait couturnc de le fairc en préscncc des i111pé–

lucux soldats de l'arméc francaisc.

Labrarc garnison, en

''ºY~nt

disparaitrc !'un

aprcs l'autrc les carnpsde l'cnncrni, se douta de

ce qui se passnit, et bicntót clic apprit avcc des

transporl> de joic partngés pnr la population,

que, grdcc

h

sa bravourc et aux sccours qui lui

nrrivnicnt, clic nllait sortir triomplrnntc de ce

second siége commc du prcrnicr. En effet, le

maréclial Marmont , aprcs nroir pcrclu quclqucs

jours dcvant le Tagc par l'insuffisance de ses

moycns depassngc, cnron n'avaitpu Jui cnvoycr

de Mncll'id qu'unc partic de ce qu'il avail

demandé, franrhit le flcuvc, traversa les mon–

tagncs de Truxillo, et le

'18

juin enlra dans

Mcrida. Le rnéme jour, il opéra sa jonction a1·rc

le maréchal Soult. Ce dcrnier le rcn1ercia a1•t·c

beaucoup d'cifusion du secours qu'il vcnait d"en

receroir, et sans lequel il aurait cu le déshon-

neur de se voi1· enlever Badajoz, scul et péril–

lcux trophée de deux années de guerre en

Anclalousic.

Le 20 juin, les dcux maréchaux, comptant

cinquanle et quelqucs mi llehommcs, firent lcur

cntrée dans Badajoz, félicilcrcnt l'hé1·olquc gar–

nison qui avait si vaillammcnt défendu la place

coníiéc

it

son couragc , lui distribuCrent des

récompcnses bien méritécs , et porlerent lcurs

avanl·postcs fort pres des Anglais, qui

a

la rue

de l'arméc combinéc se rcofcrmCrcnt soigncusc–

mcnt Jans lcur camp. Si cctlc bclle·arméc, qui,

cxccplé cellc du maréchal Davoust, n'avait pas

d'égalc en Europc, car clic était composée des

anciens soldats cl'Auslerlilz, <l'Iénn, de Fricd–

land, et vcnait d'ajoutcr

a

ses longucs campa–

gncs trois années des plus formidables épreuvcs

en Espagnc ; si cctlc bcllcarmée , malucurcuse

uniqucmcnt par la faulc de ses chefs, cut été

commandéc par un scul maréchal au licu de

l'élrc par dcux, et que ce maréchal cut étéMas–

séna, clic n'aurait pasmanqué d'allcr chcrchcr

les Anglais, et de fairc cxpicr

a

lord Wcllinglon

tant de succes, dus sans doutc

a

son inconles–

laulc mérilc, mais dus aussi aux crrcurs et aux

passions de ses advcrsaircs. Mais le maréclial

Soult, hcurcux d'avoir échappé

a

la confusion

devoir lombcr Badajoz sousses ycux, n'était pas

disposé a bravcr de nouvcaux hasards. Le maré–

chnl Marmont éprouvait pour son collcguc une

incurable défiancc

1 ,

et peu de pcnchant

a

con–

courir avcc lui

a

une action communc. Regar·

dant d'aillcurs commc un succcs la marchequ'il

vcnait d'cxécutcr, il ne voulait pas compro–

meltrc ce succCs en s'cxposant aux clrnnccs

d'une bataillc décisivc.

11

n'y avait alors dans

l'arméc

fran~aisc

que Masséna en qui la vuc de

l'cnnemi allum:it ccl ardcnt patriotisme mili–

tairc, qui s'oublic lui-mCme pour ne songcr qu'3

succombcr, ou

¡,

écrascr l'advcrsairc pincé dc–

vant luí.

·

!.es dcux maréclrnux commircntdonc la fautc,

!'une des plus graves de cctteépoquc, dedcmcu–

rc1·avec1í0 millc hommcs dcvant 1,0 mille cnnc–

mis, parmi lesqucls on ne comptait pas 25 millc

Anglais, sans allcr les combatlrc. lis passcrent

quclqucsjours aulour de Badajoz afia de pour–

voir aux besoins de

In

place, de rcnforccr sa

ga1·nison, de réparcr les b1·cches faitcs

a

ses

rnurs, et de rcmplir ses magasinsrcstés absolu-

1

Les 1,Jémoircsmanusc1·itsJu

marécllal Marmont,

destiués

!iparai11·cuujoul', tlonucronl !i.ccsujcldes dél:lils qucnous

croyous inutilede rcproduil'eici.