88
LlVRE QUARANTE-DEUXIEME. '
tranchées clans les fossés, et avaicnt cscaladé
les décombrcs des muraillcs. Mais nos grcna–
clicrs, les rcnvcrsant
a
coups de fusil au picd
eles breches, et fondant ensuitc sur eux
a
In
ba"ionncttc, en nvaicnt foit un nfücux carnagc.
Quclqucs ccnlnincs d'Anglais avaicnt encorc
payé ele lcur vic cctlc tcnlative infructucusc.
11
n'y avait plus de elanger qui pul intimidcr
cctte garnison cxallée. Malhcurcuscmcnt les
vincs luí manqunient, clic était exténuéc de
fatigues et de pri\•ations, et on craignait qu'cllc
ne succombat sous le bcsoin, si clic ne succom–
bait sous les coupsde l'cnncmi. Mais l'approchc
d'unc arméc de sccours, qui n'avait pu lui Ctrc
connuc, l'avait été de lord Wcllington, toujours
cxactcmcnt informé de nos mouvcmcnts, et le
'10
juin, apprcnant la marche<lu général Reynicr
Slll'
le Tagc, le général anglais s'étaiL résolu
a
J.cvcr le siégc, cL avait commcncé
a
s'éloigner de
la place. Une raison contribuait surtout
ii
le
décider
a
ce sacriDcc. On avait épuisé les muni–
tionsde gucn camassécs11Elvas, et il fallailsans
pcrdrc de tcmps cmploycr tout ce qu'on avait
de rnoycnsde transport pour allcr en cherchcr
ii
vingt-cinq licues, c'cst-a-dire
a
Abrantes, prin–
cipal clépót ele l'arméc britanniquc.
Lord Wcllington , fort dépilé d'avoir inulilc–
mcntpcrduclcux 111illc hommcsde sesmeillcurcs
troupessousBadajoz, et d'avoir deux fois échoué
dcvant cctlc place <léfcnduc par une poignéc de
Frnn~ais,
levn succcssivcment tousses carnps les
13 et ·11• juin, se retira le 17 sur la Caya, el vint
s'adosscr aux monlagocs de PortalCgl'C, dans
une position défcnsirc bien clrnisic , comme il
avait couturnc de le fairc en préscncc des i111pé–
lucux soldats de l'arméc francaisc.
Labrarc garnison, en
''ºY~nt
disparaitrc !'un
aprcs l'autrc les carnpsde l'cnncrni, se douta de
ce qui se passnit, et bicntót clic apprit avcc des
transporl> de joic partngés pnr la population,
que, grdcc
h
sa bravourc et aux sccours qui lui
nrrivnicnt, clic nllait sortir triomplrnntc de ce
second siége commc du prcrnicr. En effet, le
maréclial Marmont , aprcs nroir pcrclu quclqucs
jours dcvant le Tagc par l'insuffisance de ses
moycns depassngc, cnron n'avaitpu Jui cnvoycr
de Mncll'id qu'unc partic de ce qu'il avail
demandé, franrhit le flcuvc, traversa les mon–
tagncs de Truxillo, et le
'18
juin enlra dans
Mcrida. Le rnéme jour, il opéra sa jonction a1·rc
le maréchal Soult. Ce dcrnier le rcn1ercia a1•t·c
beaucoup d'cifusion du secours qu'il vcnait d"en
receroir, et sans lequel il aurait cu le déshon-
neur de se voi1· enlever Badajoz, scul et péril–
lcux trophée de deux années de guerre en
Anclalousic.
Le 20 juin, les dcux maréchaux, comptant
cinquanle et quelqucs mi llehommcs, firent lcur
cntrée dans Badajoz, félicilcrcnt l'hé1·olquc gar–
nison qui avait si vaillammcnt défendu la place
coníiéc
it
son couragc , lui distribuCrent des
récompcnses bien méritécs , et porlerent lcurs
avanl·postcs fort pres des Anglais, qui
a
la rue
de l'arméc combinéc se rcofcrmCrcnt soigncusc–
mcnt Jans lcur camp. Si cctlc bclle·arméc, qui,
cxccplé cellc du maréchal Davoust, n'avait pas
d'égalc en Europc, car clic était composée des
anciens soldats cl'Auslerlilz, <l'Iénn, de Fricd–
land, et vcnait d'ajoutcr
a
ses longucs campa–
gncs trois années des plus formidables épreuvcs
en Espagnc ; si cctlc bcllcarmée , malucurcuse
uniqucmcnt par la faulc de ses chefs, cut été
commandéc par un scul maréchal au licu de
l'élrc par dcux, et que ce maréchal cut étéMas–
séna, clic n'aurait pasmanqué d'allcr chcrchcr
les Anglais, et de fairc cxpicr
a
lord Wcllinglon
tant de succes, dus sans doutc
a
son inconles–
laulc mérilc, mais dus aussi aux crrcurs et aux
passions de ses advcrsaircs. Mais le maréclial
Soult, hcurcux d'avoir échappé
a
la confusion
devoir lombcr Badajoz sousses ycux, n'était pas
disposé a bravcr de nouvcaux hasards. Le maré–
chnl Marmont éprouvait pour son collcguc une
incurable défiancc
1 ,
et peu de pcnchant
a
con–
courir avcc lui
a
une action communc. Regar·
dant d'aillcurs commc un succcs la marchequ'il
vcnait d'cxécutcr, il ne voulait pas compro–
meltrc ce succCs en s'cxposant aux clrnnccs
d'une bataillc décisivc.
11
n'y avait alors dans
l'arméc
fran~aisc
que Masséna en qui la vuc de
l'cnnemi allum:it ccl ardcnt patriotisme mili–
tairc, qui s'oublic lui-mCme pour ne songcr qu'3
succombcr, ou
¡,
écrascr l'advcrsairc pincé dc–
vant luí.
·
!.es dcux maréclrnux commircntdonc la fautc,
!'une des plus graves de cctteépoquc, dedcmcu–
rc1·avec1í0 millc hommcs dcvant 1,0 mille cnnc–
mis, parmi lesqucls on ne comptait pas 25 millc
Anglais, sans allcr les combatlrc. lis passcrent
quclqucsjours aulour de Badajoz afia de pour–
voir aux besoins de
In
place, de rcnforccr sa
ga1·nison, de réparcr les b1·cches faitcs
a
ses
rnurs, et de rcmplir ses magasinsrcstés absolu-
1
Les 1,Jémoircsmanusc1·itsJu
marécllal Marmont,
destiués
!iparai11·cuujoul', tlonucronl !i.ccsujcldes dél:lils qucnous
croyous inutilede rcproduil'eici.