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LIVl~E
QUARANTE-DEUXIEME.
d'adopter une nutre eoneluite en Espagnc, ne
dcvait p1·oeluirc ancun résultat, et pouvait tout
au plus amcncr quelqucs palliatiís qui ne chan–
gcraicnt ricn au fonel des choscs. Les prcmiercs
boutadcs ¡rnssécs, Napoléou, qui n'était dur que
par momcnt, qui d'ailleurs chérissail ses frercs,
accorda ccrtains changcrncnts de forme plutót
que de fond. Joseph íut toujours réduit au com–
mandcmcnt ele l'arméc elu centre, mais il dut
nvoir sur toutcs les provinccs l'nutorité civilc,
jucliciairc et politiquc.
11
íut cnjoint aux géné–
rnux de le rcspcctcr commc roi, et commc sou–
verain d'un pays dont les provinces étaicnt tcm–
poraircmcnt occupécs pour les bcsoins de Ja
gucrre. Seulement, si Josephavait
la
tcntation,
peu probable, de se rendrc aupres de !'une eles
armécs de Ja Péninsulc, Je commandcmcnt lui
en sci·ait immédiatcment déréré. De plus, rc–
connaissanL l'utilité d'accroitrc son inílucncc sur
les provinccs du Nord,
i1
travcrs lcsqucllcs pas–
sait la Iignc de communication nvcc laFrancc,
et ou il y avait beaucoup de gens fatigués ele
soufl'ri1· et disposés
¡,
se rcndre, Napoléon ofl'rit
ú
Joscph de remplacer le maréchal Bcssicrcs,
due el'lstrie, par le maréchal Jourelan. La difll–
culté était d'amcner ce dcrnicr
i1
rctourncr en
Espagne et
a
rceevoir une mission de Napoléon,
dont
il
n'étail pas aimé et q'u'il n'ainrnit pas, et
dont il rcpoussait lesyslcmc immodéré en toutcs
choses.
Quant
11
!'argent, il aurait
fa
Jiu
i1
Joscph pour
payer ses fonctionnaircs dans la eapitale et les
provinccs du centre, pour fournir
ii
Ja dépcnsc
de sa maison et de sa gnrdc cspngnolc, c¡uaLrc
millions par mois, et cela sans prorligalité ; car
il ne lui rcstail ricn eles papicrs d'}Jat qu'il
:wait cus
a
sri dispositionau cornrncnccmcnt
e.leson regne, et dont il avait consacré c¡uclqucs
parties.(d'aillcurs peu importantes)
a
ses créa–
turcs et
i1
l'unc eles résidcnccs royales. Une fois
mcmc il avait été obligé ele vendrc l'argcnlcric
de sa chapcllc pour payer sa maison. Sur les
quatrc millions par mois c¡u'il lui aurait fallu, il
en touchait
a
peine un, élant réduil aux ocll'Ois
ele Madrid pour lout rcvcnu, et il Jui en mnn–
c¡uait trois '. Napoléon conscntit
a
lui accorder
un subsidc d'un million par mois, et
o
lui aban–
elonncr Je c¡uart des contributions imposées par
les généraux dans toulcs les provincesd'EspHgne.
JI scmblail que ce quart clút suffirc pou1· complé-
1ToutcccicstcxtraiL1lclaco1•rcspundauccm6rncdc Josc11l1
avcc lcprincc DcrtldcrclnncM. de J,nforCt
ter les quatre millions dont Joscph ne pouvait
se pnsscr. Mais quclle chance que, Jaissanl sou–
vcnt lcurs troupes sans solde, et ayant Ja plus
grande peine
a
faire arrivcr un courricr, les gé–
néraux commanclant ''oulusscnt distraire des
millions de leurs caisses, et pusscnt les cxpédicr
o
lravcrs l'Espagne ? Le général Suchct Je pou–
''aiL
U
la rigucur, bien qu'aprCs avoir cntrclcnu
Jargcmcnt ses solelals il tinl
ii
consacrcr l'cxcé·
dant eles revenus de sa provincc aux besoins du
pays; il le pouvait toulefois, et on verra qu'cn
efl'el il Je fit, mais Jui seul, car aucun·des autrcs
n'en avait ni la volonlé, ni Je pvuvoir.
Quoi qu'il en soit, ce rurent la les secours
financiers dont on gratifia Joseph. Quant
a
la
grayc qucslion de l'intégrilé lcrritorialc de l'lls–
pagne, Napoléon tint le Jangngc Je plus évasif.
11
dit
a
Joscph c¡u'il roulait bien Jui laisser son
royaume lcl c¡ucl, mais c¡u'il follait, pou1· inli–
midcr les Espagnols, leur inspircr la crainlc de
pcrdre quclqucs provinccs s'ils s'obstinaicnt
a
résister; que du reste JaFrance, si Ja gucrrc dc–
Yenait plus longue et plus coútcusc, finirait par
désirrr une inelemnité de ses sacrifiecs.
JI
Jui
conscilla mcme, loin de chcrchcr
a
rassurcr les
Espagnols, de íaircau contrairc ele cetle craintc
un moycn, moycnétrnngcsurdesgensqui
avaienL
bien plus bcsoin d'clre apaisés c¡u'efl'rayés. Ausu1·–
plus, ne 1•oulantpas avoir c¡uclquc nouvcllc sccne
de íamille, quise dt'noucrait avcclcroi d'Espagne
commc avcc le roi de Hollandc, par une abdica–
lion, Napoléon l:icha el'acloucir les chagrins de
Joscph, de l'cncouragcr, de lui donncr des cs–
péranccs ;
il
lui dit qu'il cnvoyaiL une réscrvc
imposante dans la Péninsule, que Suchct, apres
avoir ¡H'is Lcridn, Mequincnza, Tortosc, prcn–
drait Tarragonc, pu is Valcncc; que, cctlc con–
quCtc achcvéc, on aurait une arméc
(1
clirigcr
rcrs le Midi.; qu'alors l'nrmée d'Anelalousie pour–
rait sccondcr J'armée de Portugal, acluellement
occupée
a
se 1•éorganiscr, et que !'une et l'autre
acerncs de Ja 1·éscrve qui passait en ce momcnt
les Pyrénées, rccommC'accraicnt vcrs l'aulomnc
contrc les Anglais une cnmpagnc prohahlcmcnl
plus heurcuse que la précéelentc; que dans un
tcmps assci prochain la Péuinsule pourrait ainsi
ctrc ronquisc, que les commanelcmcnls rnilitai–
rcs ccsscraicnt d'eux-mcrncs, que lui, Joseph,
rcssaisirait nlors J'aulm·ité royalc pour l'cxcrccr
commc il l'cntcndrnit : étrangcs et funcslcs illu–
sions que Napoléon parlagcait sans eloulc, mais
moins qu'il ne le disnit, car dans sa pcnsée l'Es–
pagnc u'imporlait plus, et tout ce qui n'irait pas