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LIVRE
QU.~I\ANTE-DEUXIEME.
elle, il pul battre les Anglais. Apl'cs avoir dit
cela au maréchal Soult, il le lui écrivit en ter–
mes sccs et péremptoircs, et fit ses prépal'atifs
de départ.
Puisqu'ils ne dcmeul'aicnl pas réunis pou1·
comballre les Anglais, les deux maréchaux
n'avaicnl pas mieux i1 faire que de mclll'CBada–
joz dans un élat de défcnse respeclable, puis
d'aller, chacun de leur coté, s'occupcr de ICUl'S
devoirscsscntiels. En cffct, la préscncc du mal'é–
chal Soult en Andalousie était indispensable, et
il n'y aul'ait cu qu'une grande balaillc gagnée
SUI' les Anglais qui cut pu l'exeuscl' de n'y pas
clre. l.c nol'd de la Péninsule exigeait aussi que
le maréchal marmont s'cn rapproch,il. En consé–
qucnce, le maréchal Soult quilla Badajoz le
27 ju in, a1•ce une forle parlie de son arméc pour
se rendre
a
Sévillc·; sculemcnl il laissa le géné–
ral Drouct d'Erlon avec dcux dirisions et r¡ucl–
que cavalel'ie pour senir de corps d'ohservalion
autour ele Badajoz.C'était une foute,carce corps,
inutilc si Jcs Anglaiss'éloirrnaicnt, insuffisant s'ils
rcslnicnt, ne pouvnit qulCtrc compromis, commc
Je résultal ne larda pas
a
Je prOllVCI', Cl iJ
Clil
bien micux vnlu se horncr
a
lnisser dans Badajoz
une gal'llison de dix millc hommcs au lieu de
Cill<¡, a\'CC
des
vi\'l'CS proportionnés
ii
CC
nombre,
el cmmcner toutc l'arméc d'Andalousie. Badajoz
cút été micux en état de se défendrc, el le maré–
chal Soult plus capahle de l'cmplir aillcurs la
tñchc qui lui élait assignéc.
Quoi r¡u'il en soit, il partil de Badajoz pou1·
Sévillc, et le nwréchal
~larmonl
se mil en 1'011lc
pour rcmontcr vcrs le Tagc. Les Anglais, foti–
gués de dcux siégcs infruclucux , n'ayaut pas le
matéricl néccssaire pour en l'Ccommcnccr un
lroisiCmc, compt:int dans lcur nrméc bcaucoup
de malades r¡ui nvaicnL gagné au borcl de laGua–
diarrn les fic1•rcs de l'Estramaclurr, s'é1ablir·cnL
sur la Sierra de Portalcg1·c, ayant bcsoin, cux
aussi, de quclque rcpos. lis prircnt lcur·s qual'–
ticrs d'été, ér¡uivalant dans ces pays bnilants
i1
ce r¡u'on appcllc dans le Nord les quartiers
d'hivcr.
Le
marécltal Marmonl, donL la missioncommc
général en chef de l'armée de Portugal étaiLde
s'opposcr aux cnt1·cpriscs des Anglais, pl'Cmicre–
mcnt
O
cellcs r¡u'ils essaycraic11L au llOl'd ouétait
notrc lignc principalc de communiculion , et
sccondcmcnt
:1
ccllcs qu'ils tc11tcrnicnl aussi vcrs
le midi, choisil avec bcaueoup de discerrrcmcnt
la position du Tagc, entre Talavcra et Alcantara,
comrne cellc d'oú il lui serait plus focile _de suf-
firco sesdiverses obligations. En elTel, des bords
du Tage il pouvait par le col de Boños venir en
quatrc marches
a
Salamanquc, y fairc sa jonc–
tion avcc l'armée du Nord, el de conccrt avcc
clic sccourir Ciudad-Rodrigo. De cctte mcme
position il pouvait par Truxillo dcsccndrc en
nussi pcu de temps sur
~)crida
et Badajoz, s'y
joindre, commc il vcnait de le faire,
a
l'armée
d'Andnlousie, et courir ninsi nltcrnntivcmcnt 011
au SCCOUl'Sde Ciud'1d-Rodrigo, ou au secours de
Dadr.joz, les dcux portes par lesqucllcs les An–
glais avaicnl lc moycn de pénétrcr du Portugal
en Espngnc. Ccllc détcrmination arrctéc, il
choisit le pont d'Almaraz commc le centre des
co111111unications qu'il dcvait gar·der. JI adopta
pour son quarticr général le 1•illagc de Naval–
~loral ,
situé entre le Tagc el le Tiétar, el cou
vcrL 1>ar ces dcux cours d'cnu.
JI
com1nen~n
par
donncr la plus grande solidité possible au ponl
d'Almaraz, le pourvul de dcux fortcs tetes de
pont., et commc le plateau de l'Estramadurc
vcrs le col de Mirabrle fournissait des positions
dominantes d'oit les ouvrngcs d'Alnrnrnz pou–
vuicnt Ct1·c nttnqués avcc arnntngc, il construisit
plusicurs forts sur ces positions, et y mil de
pcLitcs garnisons. Sur le COUl'S du 'fiétar il éta–
blit, égalcmcnt u11 poul et une tete de pont, de
manic1·e ;, pouvoir débouchcr aussi faeilcmcnt de
CC CÓié c¡rre
~e
J'aulre sur l'cnncmi
a
!'cnconlre
duque! il faudrail allcr. Ces précaulions prises,
il
ca11Lonna
l'l111c
de ses divisions
i1
Almarnz, et
disposa sa c:wnlcric légCrc en échclons sur In
routc de Truxillo, pour bat11·c l'Estramadure,
rccucilli1· du pain, et :woir des noul'cllcs de
Badajoz. 11 établit une nutre de ses divisions
a
Navol-Moral nfin de
g~rdcr
sonquarticrgénéral;
il en tinl clcux
a
Plnsencia, toujours 1rrclcs
¡,
pnssc1·
les
monis et
h
dcsccndrc su1·S11lanrnnque,
cL 11nc nu col de Baños mémc, pour qu'clle ful
plus prúc cucorc i1 débouchcr euVicillc-Castille.
Enfin il laissa la sixii:me sur ses derricres po111:
qu'cllc défc11dit coutrc les insurgés la riehc Jll'O–
vincc d'Avila. Aprcs avoir fniL cellc sagc cL iu–
telligcnlc di,tribution de ses forces, qui lui
pcrmcllait de se porter cu Estrnmaclurc ou eu
Caslillc arce une égale rnpidité, le mnréchal le
Marmont se hñta
de
formcr ses magnsins, <le
répnrcr son nrnléricl d'arlillcric, de soigncr
ses nrnladcs et ses blcssés rcstésautour de Snla–
manquc. Pincé sur la limite de l'arméc du cen-
tre, et se trouvanL en contcstation nvcc elle sur
ln di;tancc
¡,
laquclle il pourrait étrndr·e ses
réquisitions de vincs,
il
se reudit
t\
Madrid aliu