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LIVfiE QUAfiANTE-DEUXIEME.
llaltait d'avoir prcsquc achcvé la difficilc con–
quélc ele Tarragonc.
Quaranle-qualrc pieccs de siégc mises en bat–
lcric cnlrclcnaicnt le fcu pcndant que l'on con–
linuait le lravail eles lranchécs, el lrouvaicnlclu
rcslc une éncrgiquc réponsc dans l'arlillcric ele
la place, qui de ce cólé élait au moins eloublc de
la
nólrc. Aussi nos épaulcmcnls élaicnt-ils con–
Linucllcmcnt rcnvcrsés: et on voyait nos bravcs
arlillcurs, impassiblcs nu milicu du boulcvcrsc–
mc11t
dc lcurs ballcrics,
rclc\'cr sans ccssc
lcurs
ouvrages, souvcnt mCmc tircr ;\ décou\'crt avcc
un sang-froicl et uneprécision admirables. L'in–
fonlcric mcttnit
i1
les sccondcr un zelc digne ele
lcur dévoucmcnt.
Le '18, on termina la lroisieme parallelc. Ou
dcsccndit en galcric soutcrrninc clans les fossés
des rleux baslions, on renvcrsa la eontrcsearpc,
on pcrfcctionna cnsuilc les elébouchés par lcs–
<1ucls les colonncs d'assaut elc,•aicnL se répanrlrc
dans les fossés, et de
lit
s'élnnccr sur les breches.
On s'occupa mCmc, au moycn tic nouvcllcs bat–
lcrics, cl'élargir les breches et eren abaisscr la
pcnlc.
Le 21 juinaumatin,momcntoú l'onscréjouis–
sait
11
Badajoz cl'avoir été clélivré par les clcux
nrnréchaux réunis, une scCnc épouvantablc se
préparaitsous les mursdc'farragonc. Aun signa!
clonné, toutes les ballcrics lant ancicnncs que
nouvcllcs commcncercnt
i1
Lircr, et la place y ré–
pondiL par un fcu des plus vigourcux. La plns
rudc bataillc n"agilc pas l'air par des bruils plus
terribles que ccux qui, dnns un parcil instant,
rclcntisscnt dcrnnt une place nssiégéc. La prin–
cipalc de nos baltcrics fut boulcverséc par rcx–
plosion de son nrngasin
i1
poudre. Le coloncl nicci
ful prcsquc cnscvcli sous les tcrrcs; nrnispromp–
tcrncnt dégagé, iJ fit rélablir laballcricCl rCCOlll·
mcnccr le fcu. L'infantcric, impalientc de mon–
tcr
a
l'assaut, prcssail de ses cris l'arlilleric, qui
t:ichait de saLisfairc
a
SCS
VCCUX
en redoublant
d'activiléel de dévoucment.
Lesoir trois breches furcnljugécs praticablcs,
l'unc au bastion des Chanoincs, l'autrc au has·
tion SainL-Charlcs, la lroisieme au-dcssus des
dcux prcrniercs, au forL Royal. Le génfral Su–
chct el les officicrs qui l'aidaicnt de lcursconscils
étnicnt décidés
lt
risquer dans un :issaul général
Je sort du siége, et
i1
succomber, ou
a
cmportcr
la
villc bassc, qui une fois prise assurait la con–
<1ucLc de la villc haute. Legénéral Suchct elonna
le commanrlcmcnt de l"assaut au général Palom–
bini, de scrvicc
1
la tranchéc ce jour-la, et mit
sous ses ordrcs 1,tiOO grcnadicrs et voltigcurs
avcc des sapcurs munis d'éehcllcs. Le général
Monlmaric, soit pour servir de réscrvc, soiL pour
résislcr
¡,
une sorlic de la place, se lcnail un pcu
a
gauchcavec le 5° légcr el le
H
G•de lignc. Plus
it
gauche cncorc, deux bataillons du 7' ele lignc
appuyaicnl le général Montmaric lui-mcmc. 11
éLail convcnu que !'Olivo jcllcrait une masse de
projcclilcs sur les dcux villcs, el que, vcrs la facc
opposéc, le général Harispc les mcnaccrail avcc
loulc sa division. De lcur cóLé, les Espagnols
avaicnL placédans la villc bassc
le
général Sanrs–
ficld ª''ec lcurs soldals les mcillcnrs. Au <legré
de furcur oú l'on élait arrivé de parl et cl'•utrc,
on avnit renoncé
a
la coutume de rccourir
:wx
sommat.ions avant de livrcr l'assaut.
Lesoir
i1
scpl hcurcs, le cicl resplcndissanl en·
corc de lumierc, lrois colonnes s'<\lanccnL
a
la fois
sur les trois breches. La prcmierc, composéc
d'hommes d'élilcdes H6°, 117°et121•, sons les
ordrcs du coloncl du génic Bouvicr, se porte
\'crs la brechedu baslion des Chanoines, et t;iche
de l"cnlcvcr malgré les Espagnols, qui lui oppo–
scnL tanlol des fcux
i1
bont porlant, tanlót leurs
boionncllcs. Apres une lnllc des plus vives, elle
parvicnL jusqu'au sommet de la breche, rcpoussc
les Espngnols, en cst rcpousséc ;, son tour, mais
rcvicnl
i1
la chargc, et se soulicnt en eomballant
:wcc acharncmcnt. Une centainc de grcnadiers,
lancés eonlre une lunclle situéc
a
droitc, cm–
porlcnt cct ouvrngc, et courcnt ensuitc vcrs le
basliou eles Chanoincs pour soutcnir la troupe
du coloncl Bouvicr. Pcndant ce temps, une sc–
condc colonne, so<is le chefdebatailionpolonais
Fondzelski, composéc d"hommcs d'élilc pris dans
les
·I"
et 5° iégcr. et dans le '•2' de lignc, aprés
s'clre précipitéc sur le baslion Saint-Charles, y
rcncont.rcune1-ésistanccopini;itrc. Mnis, appuyéc
par une lroisiemc colonnc que commandc le co–
loncl llourgcois, clic se souticnl sur la breche,
et finit par en dcmeurcr mailrcssc. Le chef de
bataillon Fondzclski poursuit alors les Espagnols
a
travcrs la villc basse, cnleve les coupurcs des
rucs,
et se bal
de mnison en mnison, pcndant
que la colonnc llourgcois, qui le suit, prcnd
a -
gauchc, va tcndrc la main
i1
la colonnc llouvicr
el l"aidcr
a
conquérir le basLion des Chanoincs.
Crticc
u
ce sccours,ce baslioncst enfin cmporté,
et les dcux troupes réunics se jctlenl sur le cha–
tean Royal. Elles en cscaladcnt la brecheel ypé–
netrcnt. Les Espagnolss'y défcnclcnt
a
outrance,
et se fonl tuer jusqu'au dcrnicr.
Sur ces enlrcfnites, le général Saarsficld, ac-