TARRAGONE.
-JDlN
1811.
ül
ele s'entenclre avec Joseph, qu'il avait hcaucoup
connu, et avec qui, par une falalité parliculii:re
•
l'E~pagne,
il
cut plusieurs allcrealions lri:s–
vivrs, bien que tous clcux fusscnt extrcmcmcnt
cloux, et au foncl animés de dispositions bicn-
veillantcs l'un pour l'autre. •
On n'a pas oublié que le nrnréchal Ilcssiercs
ª''ail fort rcclouté l'elfct que clevait procluire sur
les provinees du Nord l'éloignemcnt ele l'armée
de Portugal, et avait bcaueoup insisté pom· em–
pcehcr son départ. Les Anglais, ele leur cóté,
avaicnt
con~u
rcspérancc ele voir ces provinees
s'insurgcr dCs que l'arméc de Porlugnl cesscrnit
d'etre au milicu J'ellcs. Ces crainles el ces cspé·
ronces étaicnt sans fondcmcnt, et, malgré les
excilations de la régence ele Cadix, les Castillans,
mécontenls des guérillas presc¡uc aulant que
eles
Fran~ais,
étaient clemeurés tranquilles. A la
vérité, les bandcs avaicnt profilé de J'occasion
pour tenter quelques enlrrprises. Le Marquesita
avait surpris Santander et cxcrcé de grands ra·
vngcs dans cctlc provincc. Les insurgés de Léon
avaicnt lraeassé le général Seras. Le maréchal
Ilcssii:res, coura11L
a
eux avcc quclqucs régimenls
de la jcunc garde, les avait dispcrsés. Craignant
de ne pournir oceupcr
il
la fois Burgos, Vallaclo–
licl,
Salanrnnquc
1
Léon, Astorga, ce maréchal
tn'nit foit snutcr les ouvragcs d'Aslorga, el retiré
Je général Ilonnct des Asturics. Depuis lrois ans
le général Ilonnct se mainlcnait dans ces diffi–
cilcs provinccs avcc
aulnnl
de
vigucu1·
c¡uc d'lia–
IJilcté,
el
contcnnit
mCruc la
Galicc, qui n'osniL
rcmuer ele peur cl'ct1·c prise
á
revers. C'étail
done une faute de le rappclcr des Aslurics, car
e'était laisser aux Asturicns et aux Galiciens la
liberté ele descendre en Caslillc. Néanmoins,
rnalgré ces difficultés, le maréchal Ilcssicrcs était
pnrfaitemcnt en mesure de mailriscr la Castille,
et il venait u'aillcurs d'ctre rcnforcé par la elivi–
sion Souham, l'unc eles Lrois qui composaicnt le
corps ele réscl'l'c actuellcmcnt en marche vers les
frontii:res d'Espagne.
Des événcmcnts plus graves, nrnis ceux-ci fort
gloricux pour nos armes, quoiquc infructucux
pour nolre puissnncc, se 'pnssnicnt en Catalogne
et en Aragon h l'arméc elu général Suchet. On se
rappelle sans doutc avee quellc précision el
qucllc vigucur le général Suchct :ninit conduiL
les siégcs de Lerida, de Mcquincnza, ele Torlosc,
donl Je succi:s, vcnant aprcs la prise ele Girone,
le1·minait prcsque la eonquélc de l'Aragon et de
la Catalognc. Toulcfois il reslait Tarragone, la
plus importante des places de eette conlrée,
puisqu'ellc joignait • sa force propre, qui était
grande, l'appui de lamer et des íloltes anglaiscs.
Elle scrvait, comme on l'a vu, de soulien, d'asile,
de magasin' d
1
nrscnal inépuisable
a
l'nrméc in–
surreetionnelleele Catalogne.
ll
élait done urgen!
ele l'assiéger et de Ja prendre. Le générnl Suehet
avait fait dans ce but d'immenses préparatifs.
ll
avait rasscmblé eles approvisionnemcnts con.sidé–
rablcs
a
Lcrida, et un superhc pare de grosse
artilleric • Tortosc, avec un allelage de 1,500
chcvnux, rcssourcc hien précieuse en Espagne,
surloul clans ces provinccs dcsséchécs ou lcsfour–
ragcs élaic'nt plus rarcs qu'ailleurs. Toutcs ces
choscs, le général Suche! avait pu se les procurcr
sans ruincr Je pnys, grace au repos dont
i1
faisait
jouir snprovince, gráce au syslCme des
cont.ri–
lrntions régnlii:rcs qu'il avait subslitué
a
eclui
des cnlCvcmcnts
a
main armée.
Outrc les magasins de grains réunisen Aragon
et dans Ja portie de la Calalogne qui lui avait
élé acljugéc, il avait formé des paresde hcstiaux,
suil en aehclant des bo::urs et en les payant comp·
tant aux Jrnbilants des Pyrénécs, soil en conser–
vnnt avcc soin les moutons cnlcvés aux insurgés
de Soria et de Calatayud. Son matéricl bien
préparé, il arnit clistribué ses troupes de maniere
3 ne pas laisscr l'Aragon exposé
il
l'enncmi pcn–
dant qu'il irait en basse Calalogne essayer de
conquérir Ta!'l'ogone. Napoléon, en clétachanl de
la Catalogne
lo
portie extreme de cetlc provincc
pour Injoinclrc lt l'Ar:igon
et
l"atLribucr au géné–
ral Suche!, lni avait donné en mcme tcmps 16
:i
17
mille hommes ele l'arméc de Calalogne, et les
avait remplneés dans celle-ci par l'une rles trois
clivisions du corps de résel'l'e. Dans ces
16
ou
17
millc hommcs, se trouvaicnt le
7e
de ligne, ser–
Yant avce gloire en Espagnc depuis plusieurs
années, le IG• de ligne, l'un des régimenls qui
s'étaicnt immortalisés hEssling sous le génér:¡J
Molilor, et enfin les llalicns du général Pino,
troupe rlevenue cxccllenlc, et au si brave que
clisciplinéc. Arce ce renfort, Je général Suchct
comptait enviran 1,0 mille soldats préscnts sous
les armes.
JI
en laissa 20 millc
ii
Ja
gnrdc de
l'Aragon, et en <lrstinn 20 mille au grand siége
qu'il allait entreprendre. L'utilité de recouvrcr
Figui:rcs ne le détourna point de son objcl, et
pensant que Napoléon pouvoi1·ait clireelcment
avcc des moycns lirés de France
11
la 1·cprisc de
cctte forteressc, il marcha en clcux colonncs sur
Tarrngonc. L'une, sous le générnl llarispc,
y
uesecndit ele Lcricla, l'aulre, sous le général lla–
bert,
y
remonta de Torlose. Cellc-ci cscorlait