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LIVHE QUARANTE ET UNIEME.
lrnlnillons
a
bmufs, en délcrminnnt lui-mémc le
mude cl'organisalion qui pcrrncttrait
:1
ces voi–
lnricrs de se transformcr toul
il
conp en soldats,
pour défcndrc le convoi c¡u'on Jcur aurait confié.
L'orgnnisntion des uns dcvait se foirc en Franchc–
Comlé,ccllc des autres en Lombnrdic,cn Allcma–
gnc, en Polognc. On pouvnit se ilatlcr deréunir
ainsile pain el
la
viandc daos les mcmcs conl'ois.
Nnpoléon cstimait r¡ue ces <lix-scpt balaillons,
conduisaut de cinq
¡,
six mi lle voilurcs, Jui assu–
rcraient <les vil'res pour dcux moiset dcux cent
millc hommcs, ou pour quarantc jours et trois
cent millc hommcs. Ce résullat lui suffisail, car
il complnil
a
Dantzig cmbarc¡uer ses approvi–
sionncmcnts sm· In Vistule, les mncner par cau
de la Vislulc au FJ'ischc-HalT, du Frische-llalT
a
la Prégcl, et de la Prégcl par des eanaux inté–
rieurs au Niémen.
11
avait mémccnroyé quclqncs
officiers de ses marins pom· arrcler en sccrcl le
plnn ele ccttc navigatiqn. Arrivé avcc cinq ou
six cent millc hommcs sur Je Niémcn, c'csl lout
.1u plus s'il en amcncrail trois cent millc dans
J'intéricur de
la
Jlussic, el ayant a!ors d'aprrs Je
calcul qui préccdc c¡uarantc jours de vivrcs sur
voiturcs, il cspérail avcc ce c¡u'il trouve1·ait sur
les licux avoir le moyen de suhsislcr, car, malgré
leurs projcts de deslruclion, les Jlusscs pouvaicnt
bien ne pas avoir Je loisir de tout anéantir. Dé–
lruirc cst un abominable lravail, mais c'est un
lravail qui exige du lcmpsaussi, et l'cxcmplc du
Jlo1·tugal Jui-mémc prouvait que ce tcmps pou–
vail rnanqucr 11 l'cnnc,mi le plus décidé ¡,ne ricn
ménagcr. C'est sur ces raisons et ces immcnscs
pré¡JOralifs que Nnpoléon fondait son cspérancc
de 1·ivrc dnns les vastcs plaincs du Nord, c¡u'il
s'nllcndaiL
i1
trouvcr tour 3 tour déscrlcs ou
rnv<1gécs.
Mais ces ci11q ou six millevoiturcssupposaicnt
¡,
clics sculcs huil ou <lix mil le honuncs pour les
concluirc, dix-huit ou 'ingt mille chcrnux ou
bmufs pour les traincr, et si on ajoutc trente
111illc chevaux <l'artillcric, prohablcmcnt <¡uatrc–
ringl millc de ca\'nlcric, on pcut se formcr une
i<léc des obslaclcs ¡, vaincrc en fait d'approvi–
sionncmcnts, car ces :rnimaux dcstinés
ti
fnirc
ri1'rc J'arméc, il fallait songcr
n
les fairc vil'rc
cux-mcmcs. Napoléon cspérait y pourroir en ne
commcngnnt ses opérations offcnsircs 11uc lors–
<¡uc l'hcdJc aurait poussé dans les champs.
Saclrnnt que le soldat préfcrc bcaucoup Je pain
au biseuit, et ayant rcconnu que pour se pro–
curcr du pain Ja difficullé n'cst pas de le cuirc,
mais de convertir le grain en farinc, jJ ordonna
de moudrc Ja plus grande partic des grains de
Danlzig, d'cnfcrmcr Ja farinc qui en provicn–
drait <lans des barils adaplés aux nouvcaux cha–
riots, et d'cnróler parloul des
ma~ons
11
prix
d'm·gc11t, afin de construirc des fours dans cha–
cun des licux oú l'on séjournerait. Ces
ma~ons
dcvnicut etrc incorporés dans les troupes d'ou–
vriers de toulcs les profcssions qu'il voulail cm–
mcncr avcc Jui , tcls que boulangcrs, charpcn–
ticrs, forgcrons, pontoonicrs, cte.
Enfin les éc¡uipagcs de pont, ohjct non moins
grave de ses préoccupations,
rc~urcnt
de nou–
vcaux pcrfcctionncmcnts dans r.cltc sccondc an–
néc de ses préparatifs.
11
avail prcserit Ja con–
struction 11 Dantzig de dcux équipagcs de cent
balcaux chacun, pouvanl servir 11
jclcr dcux
ponts sur les llcuvcs les plus larges, et, suivant
l'usngc, portés sur des haquets: Commc le bois
mauquc rarcmcnt, surtout dans la région oU l'on
s'apprctail
n
faire la guerrc, et que lesfcrrurcs et
les cordages eonslitucnt uniqucmcnl la partic
diflicilc
a
rasscmblcr, Napoléon fil réunir en
cables ' a11crcs' allachcs' monturcs de lout
gcnrc, ele., le maléricl d'un troisiCmc équipagc
de pont, les bois sculsétant ornis puisqu·on s'at–
lcndnit
il
les trourcr sur les Jicux. Voulanl avoir
aussi des ponls fixcs, il lit préparcr i1 Dantzig
des tetes de pilolis en fer, des fc1·rurcs pour Jie1·
ces pilotis, des sonnctlcs pour les enfonccr, de
fo~o11
que les pontonnicrs fusscnt pourvus de
lout ce qu'il lcur faudrail pou1· jetcr, indépcn–
darnmcnl des ponts de batcaux, des ponts sur
chcvaletsou sur pilotis. Tout ce matéricl dcvait
suinc J'nrméc sur de nomln•cux chariots. Le gé–
néral Éblé,.qui sur le Tagc avait, prcsquc·sans
rcssourccs, cxécuté tant de mcrvcillcs en ce
gcnre, ful mis
i1
la tCte <lu corpsdes ponlonuicrs.
·
Dcuxmillc
chcvaux
f'urcnt
assignés
a
ce
llOU\'Cau
pare.
Avcc de tels moyeus,
écri1'aÍl Napoléon,
nous rlévorero11s tous les obstacles
1 •
Quoiquc Nnpoléon cut confié au mal'échal Da–
\'Oust l'organisation de la plus g1·ande pal'lic de
l'armée, parce qu'il le rcgardait commc un orga–
nisatcur consommé, un administrntcur probc el
sévcrc, il ne lui en dcslinnit pos le comnrnndc-
Jcs¡;C11C1·auxcomm:i111h111l lcspon1scll'ar!illc1·ie,c1ucje<lo1111c
res 1lé1:iils, vaguemcnl couuus jus1¡11'ici, j:imais
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