LE CONCILE. -
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honunes sur Dcrlin, et cJTaccr de la cartc de
J'Europc les dcrnicrs restes de la monarchic
prussiennc. Des ordrcs furent donnés en consé–
qucncc au maréchal Davoust pour qu'il se porl•it
saos rclard sur l'Odcr, qu'il coupat
it
l'armée
prussienoc le chcmin de laVistule, et cnlcvatau
bcsoin la cour cllc-mcmc
it
Potsdam.
Napoléon cut aussi des résolulions fort im–
portantes
a
prcndrc rclativcmcnt
a
la Suedc.
Nous avoos déja raconté l'élcction du oouvcau
princc royal. Ce princc n'avait pu pardonncr
li
Napoléon de fcrmcr l'orcillc
a
la proposilion de
lui cédcr la Norwége. Arrivé de la vcillc en
Sucdc, n'oyant dti sonélcction qu'it des circon–
slanccs passogcrcs et sut'lout
1
la gloirc des ar–
mécs
frao~aiscs,
n'ayant en réalité aucun parti
qui lui fút pcrsonncllcment attaché, et gagoant
peu
it
étre1•u de pres, car on le trouvait bicnlol
vain, vantard, prodigue de folles promcsscs, et
moins militairc qu'il n'avait la prétcnlion de
l'ctrc, il avait songé
a
se recommnndcr aux
Suédois par une acquisition éclatantc qui pul
flallcr leur patriotismo. Or, bien que désolés ele
la porte de la Finlandc, les Suédois scntaicnt
pourtaot que cctte provincc si néccssairc
it
la
Russie serait l'étcrncl objct de ses désirs et ele
ses cfforts, qu'cn prcnant définili1•cmcnt pour
sé¡rnralion desdcux Élals legolfe de Dolhnic011
adopterait 11ne fronlicre plus vraic (sauf les iles
d'Aland, indispensables
1
la surclé ele Stock–
holm, surtout pcndant l'hivcr), et que c'était
Líen plutot en Norwégcqu'il fallait chcrchcr le
dédommagemcot de ce que laSucdcavaitpcrdu.
C'était la, commc on l'a vu, le motií pom· Je–
que! le princc Dcrnadottc avait, dans son agita–
tion fébrilc, demandé la Norwégc et non la
Finlandc
a
Napoléon. Or Napoléon pouvait pro–
mcttrc et rncmcelonncr la Finlandcdansl'hypo–
thcsc el'unc gucJ'l'Chcurcusc conlrc Ja Jlussie,
nrnis
il
citl commis une vérilablc lrahison en·
vers un allié fidele, le Dancmark, s'il cütseulc–
mcnt hésité
a
l'égard de la Norwégc. Son silencc
significatif avait éclairé le prince royal, ctcclui–
ci dCs cct inslanl ayail commencé
il
s'abandon–
ner
a
une.hainc dont
il
portait depuis longtcmps
le gcrmc au fond du cceur. Le roi régnant, af–
faibli par l'age et la mauvaisc santé, lui avait
confié la régcncc des affaircs, du moins pour le
momcnt. Dcmadollcenavait profitépour carcs–
scr le partí russcet le parti anglais, sans toutc–
foisabandonner osteosiblcmcnt le parti
fran~ais,
auqucl il dcvait son élection. Ne s'expliquanl
pas cncorc ouvcrtcmcnt contrc Ja France, il ne
ccssaiL de se dirc Suédois avant tout, et ¡ll'<)Lit
tout sacrificr '' sa nouvcllc patrie; ele 1·épélcr
que laSueelc n'appartcnait
il
pcrsonnc, et qu'cllc
n'aul'ait pour ulliés que ccux qui ménagc1·aicnl
et scrviraicnt ses intércts. Tandis qu'il tcnait
ce langagc puLlic, il favorisait plus que jamais
le commcrccintcrlope, faisaiLdirc sous 111ain aux
Anglais qu'ils pouvaicnt continucr
1
fréc¡ucnlcr
les cnvirons eleGothcnbourg, malgré la déclara–
lion apparcntc
de
gucrrc, el insinuait
a
la léga–
tion russc que sans doute laperlede la Finlandc
était un malhcur pour la ficrléde la nation sué–
doisc, mais 1¡ucce qui était pcrdu était pcrelu,
et que le elédornmagcmcnt auqucl clic aspirait
étail aillcurs.
11
avail co outrc maintcnu l'ordrc
donné it la marine suédoisc ele rcpousscr nos
corsaircs, et protégé ouvcrtemcnt des soldats
qui
a
Slralsund avaicnt mallraité jusqu'au san¡;
des matclots
fran~ais.
M. Alquicr était notrc ministre a Stockholm,
et commc il avait cu le malhcur de se lrouvcr
a
Madrid un pcuavant la chute eleCharles
IV,
el
1
l\omc au momcnt de l'cnlcvcmcnl de Pie Vil,
on l'accusait ÍOl'l injuslClllClll d'cll'C partout
OÚ
il paraissait le sinistrc précurscur eles dcsscins
de Napoléon. Tout ce qu'on pouvail lui rcpro–
cl1cr, c'était de joindrc
h
une véritablc clroiturc
et
11
une rcmarquablc clairvoyancc, une roi<lcur
quclqucfoisdangcrcurn dans les situalions déli–
cales. C'cst avcc lui que le nouvcau princc de
Sucdc avait cu¡, s'expliqucr sur les gricfs ai·Li–
culés par la Frunce, et il s'étail cogagé entre
cux un cntrcticn, dont le récit aurail paru in–
croyaL!c, si M. Al1¡uicr, qui l'avail rapporlé ,;
Napoléon, n'avait élé un témoin digne de toutc
confiancc. Apres d'inutiles et pcusinceres cxpli–
cations sur l'établisscmcnt anglais de Gothcn–
bourg, sur l'incxécution des principales clauscs
du dcrnicr traité, etsur le sang
fran~ais
versé
ú
Slralsund, l'ancicn général Dcrnadotlc avail
demandé insolcmmcnt
a
M. Alquicr commcnt il
se faisait que ccltc Franco qu'il arnit lant ser–
vio, qui lui avail de si grandes obligations, se
conduisit si mal cnvcrs lui,
a
ce point qu'il Con–
slantinoplc,
a
Stralsund et
a
Stockholm mcmc,
il n'cut que de mauvois procédés
a
cssuycr de
ses agcnts. - Aces mots étrangcs, M. Alquicr,
en croyanl
it
peineses orcillcs, avaiL répondu au
nom•cau Suédois qui se plaignait ele l'ingrati–
tudc de la Franco, que si la France lui avait des
obligations, clics'cn était bien acr¡uittéc en Je
porlant au lroneele Sucdc.
Sans doutc, s'il cut éLé possib;c en ce moment