LE CONCILE. -
NOVE!IBRE
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a
la grande question de la posscssion deRomeet
de Ja situation future de la papauté, on Jui répéla
que !'urgenle question de l'institulion canonique
vidée, l'autre scrait résolue
a
son tour, et pro–
bablement d'unc maniere satisfaisante. Pie Vil,
que le rccours du concile
n
son autorité touchait
bcaucoup, car il
y
voyait une rcconnaissance
implicite des <lroils du saint-siége, se rcndit
aux inslanccs de la députalion , et accepla le
nouvenu décret, promit rnCme d'inst.ituer saos
retard les vingl-sept nouveauxprélals.Sculcmcnt
il voulut rédigcr sa décision en un langage
a
lui,
langage romain, qui nvnit pour but non de sau–
vcr le principc de l'inslitulion cononique, scul
ici en péril, mais dese garder des grands et no–
bles principcs de Bossuel., qui sont pourlant
J'honneur et ladignité de l
1
Églisc
frt!11c;aisc.
snns
porter aucunc atteinle
a
l'aulorité de l"Eglise
uoircrselle.
Ces résullals une fois acquis, les cardinaux et
les prélals partirent en Jaissant Je pape plus
calme et plus disposé
ii
une réconciliationavec
l'Empereur. lis se ílattaicnt,cn arrivant
a
Paris,
qu'au prix des conccssions qu'ilsapportaicnt, ils
obticndraicnt un sort moins dur pour le ponliíc
et plus digne pour l'Églisc.
La nouvcllc de ce qui s'était passé
n
Savone
avait été mandéc
a
Napoléon pcndant son voyage
en Hollande, et Ja grandeaffoi1·c de l'Églisc étail
!'une de cellcs sur Jcsqucllcs il avait
ii
se pronon–
ccr chcmin faisant. Chose singulicre, Ja querelle
avec Je pape le fatiguait, l'cnnuyait
a
pcu pres
autant que Ja guerre de l'Espagne. Dans l'une
commc dans J'nulrc, il trouvait cctle ténacité
de la nature des choses, contre lac¡ucllc les
coups d'épée sont impuissanls, et conlre lac¡uclle
la vérilé et Je tcmps, c'cst-a-dirc Ja raison et la
conslance, sont seuls cfficaces. Or il airnait lout
ce qui pouvait se tranche1" et délestait ce qui ne
pouvait que se dénouer. D'aillct11·s toules ces
questions difficilcs, incommodcs, résistantcs, qui
l'importunaient en ce momcnt, il croynit avoir
lrouvé le moycnde les réunir enunesculc, qu'il
trancherait d'un coup de sa len iblc épéc, en
aceablant Ja Russic dans la prochainc gucrre.
Selon lui, vainqucur dans cellc dcrnierc /une, il
triomphcrnit de toutcs les résistanccs
011
mnté–
rielles ou mo1·alcs que le monde Jui opposait
cncorc; il triomphcrait des résistanccs intércs–
sécs du commcrce, des résistances pntriotiques
des Espagnols, des résistanccs n1aritirncs des
Anglais, des résistances rcligicuses duckrgé, et
pour ainsidiredes résislanccs de !'esprit humain
lui-mémc. Aussi demandait-il qu'on le laissat
tranquillc, qu'on ne le fatigual p.lus de loules ces
mil/e affaircs qui n'élaicnt pas la grande affaire,
c'cst·a-dire JaguerrcdeRussic, laquclle occupail
seule son esprit ;et lorsque au milieu de sa tour–
née en Hollandc, rlcs dépéches du ministre des
culics vinrent appclcr son allcntionsur unenou–
velle phase de la querelle rcligieusc, il en
fut
singulicremcnt contrarié, et répondit par un cri
d'impaticnce plulót que par une solution.
L'acceplation du décrct du concile lui plut,
bien qu'il
y
tint rnoins qu'il l'époquc oUles évC–
qucs éiai"cnt asscmblés et bouillonnanls. En
juillct, c'cút
été
une victoirc
i
d:rns le momcnt,
c.'étaiL unnvantngc un peuerfacé commcl'imp1·cs–
sion produitc pa1· les événemcnls du concilc. Ce
qui lui plut davantage, ce ful
la
promesse d'in–
sLituct· les vingt-scpt nOU\'Caux évCqucs, car
c'élait J'administration interrompue de l'Église
dont le cot11·s était rétabli. Mais le brcf accompa–
gnant et rnolivant ces conccssions lui déplut
forl., parce qu'il était en opposition avcc les
doctrines de Bossuet. Üt' Napoléon, qui n'ai–
n1"it pas la liberté lo ou il pouvait dominer,
l':timaiL
a11
controirc
li1
oU il
ne
dorninait point,
ce qui élail lecas ausein de l'Église.
11
était done
un disciplc ardcnt de llossuet, disciplc qui sans
doutc eiit aulant flallé qu'épouranlé l'illustrc
législntcur de PÉglise
frnn~aisc.
En conséqucncc,
Napoléonrésolut de fairc un lriag:c dans ce qu'on
Jui avait. apporlé de Savone, d'adrnellre le dispo- ·
sitif' du brcf pontifical, et d'cn 1·cpousscr les
motif's.
11
p1·cscrivit donede présentcr au conseil
d'Élat le drcrct du concile approuvé par le pape,
atin r¡ue ce décrct pril place aubullclin des lois.
HclotivcmcnL au brcf
lui-mCmc,
qui contenait
eles
doct1·incs ultr·amontaincs,
Nnpoléon ordonna
de le déférer
,i
une commissiondu conseil d'Élat,
lí.lquclle
cxnmincrniL
lc11tcmcnt, trCs-lcnt.crncnt
la conformilé de ce brcf' avec les doctrines galli–
cancs,
et
ticndrait les choscs
en
suspcns nussi
longtcmps r¡u'il conviendrait. Quaut
b
Ja p:·omo–
tion des vingt-sepl nouvcnux ¡ll'éiats, Napoléon
01·do11na d'cnvoycr sur-le-champ
11
Savone les
piCccs conccrnnnt chacun d'cux:, pour que l'ín–
stilution canoniquc füt dcmandéc el. oblcnue
sans pcrrlrc de tcmps. Enfln, pressé de mcllre
a
nénnt toute
ccttc
ntfoirc, il cnjoignit au duc de
Hovigo de foirc
pn1·tir
les érCqucs qui étoicnt
dcmcurés
it
Paris dans J'altcntc de la décision
du pape. lis n'étaicnl rcstés, rn cffel, que pou1·
voir si aprCs ccttc décision lcur concours scrait
encare néccssairc.
Napoléoa élant
satisfait, ils