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LE CONCILE. -

NOVE!IBRE

!811.

75

a

la grande question de la posscssion deRomeet

de Ja situation future de la papauté, on Jui répéla

que !'urgenle question de l'institulion canonique

vidée, l'autre scrait résolue

a

son tour, et pro–

bablement d'unc maniere satisfaisante. Pie Vil,

que le rccours du concile

n

son autorité touchait

bcaucoup, car il

y

voyait une rcconnaissance

implicite des <lroils du saint-siége, se rcndit

aux inslanccs de la députalion , et accepla le

nouvenu décret, promit rnCme d'inst.ituer saos

retard les vingl-sept nouveauxprélals.Sculcmcnt

il voulut rédigcr sa décision en un langage

a

lui,

langage romain, qui nvnit pour but non de sau–

vcr le principc de l'inslitulion cononique, scul

ici en péril, mais dese garder des grands et no–

bles principcs de Bossuel., qui sont pourlant

J'honneur et ladignité de l

1

Églisc

frt!11c;aisc.

snns

porter aucunc atteinle

a

l'aulorité de l"Eglise

uoircrselle.

Ces résullals une fois acquis, les cardinaux et

les prélals partirent en Jaissant Je pape plus

calme et plus disposé

ii

une réconciliationavec

l'Empereur. lis se ílattaicnt,cn arrivant

a

Paris,

qu'au prix des conccssions qu'ilsapportaicnt, ils

obticndraicnt un sort moins dur pour le ponliíc

et plus digne pour l'Églisc.

La nouvcllc de ce qui s'était passé

n

Savone

avait été mandéc

a

Napoléon pcndant son voyage

en Hollande, et Ja grandeaffoi1·c de l'Églisc étail

!'une de cellcs sur Jcsqucllcs il avait

ii

se pronon–

ccr chcmin faisant. Chose singulicre, Ja querelle

avec Je pape le fatiguait, l'cnnuyait

a

pcu pres

autant que Ja guerre de l'Espagne. Dans l'une

commc dans J'nulrc, il trouvait cctle ténacité

de la nature des choses, contre lac¡ucllc les

coups d'épée sont impuissanls, et conlre lac¡uclle

la vérilé et Je tcmps, c'cst-a-dirc Ja raison et la

conslance, sont seuls cfficaces. Or il airnait lout

ce qui pouvait se tranche1" et délestait ce qui ne

pouvait que se dénouer. D'aillct11·s toules ces

questions difficilcs, incommodcs, résistantcs, qui

l'importunaient en ce momcnt, il croynit avoir

lrouvé le moycnde les réunir enunesculc, qu'il

trancherait d'un coup de sa len iblc épéc, en

aceablant Ja Russic dans la prochainc gucrre.

Selon lui, vainqucur dans cellc dcrnierc /une, il

triomphcrnit de toutcs les résistanccs

011

mnté–

rielles ou mo1·alcs que le monde Jui opposait

cncorc; il triomphcrait des résistanccs intércs–

sécs du commcrce, des résistances pntriotiques

des Espagnols, des résistanccs n1aritirncs des

Anglais, des résistances rcligicuses duckrgé, et

pour ainsidiredes résislanccs de !'esprit humain

lui-mémc. Aussi demandait-il qu'on le laissat

tranquillc, qu'on ne le fatigual p.lus de loules ces

mil/e affaircs qui n'élaicnt pas la grande affaire,

c'cst·a-dire JaguerrcdeRussic, laquclle occupail

seule son esprit ;et lorsque au milieu de sa tour–

née en Hollandc, rlcs dépéches du ministre des

culics vinrent appclcr son allcntionsur unenou–

velle phase de la querelle rcligieusc, il en

fut

singulicremcnt contrarié, et répondit par un cri

d'impaticnce plulót que par une solution.

L'acceplation du décrct du concile lui plut,

bien qu'il

y

tint rnoins qu'il l'époquc oUles évC–

qucs éiai"cnt asscmblés et bouillonnanls. En

juillct, c'cút

été

une victoirc

i

d:rns le momcnt,

c.'étaiL unnvantngc un peuerfacé commcl'imp1·cs–

sion produitc pa1· les événemcnls du concilc. Ce

qui lui plut davantage, ce ful

la

promesse d'in–

sLituct· les vingt-scpt nOU\'Caux évCqucs, car

c'élait J'administration interrompue de l'Église

dont le cot11·s était rétabli. Mais le brcf accompa–

gnant et rnolivant ces conccssions lui déplut

forl., parce qu'il était en opposition avcc les

doctrines de Bossuet. Üt' Napoléon, qui n'ai–

n1"it pas la liberté lo ou il pouvait dominer,

l':timaiL

a11

controirc

li1

oU il

ne

dorninait point,

ce qui élail lecas ausein de l'Église.

11

était done

un disciplc ardcnt de llossuet, disciplc qui sans

doutc eiit aulant flallé qu'épouranlé l'illustrc

législntcur de PÉglise

frnn~aisc.

En conséqucncc,

Napoléonrésolut de fairc un lriag:c dans ce qu'on

Jui avait. apporlé de Savone, d'adrnellre le dispo- ·

sitif' du brcf pontifical, et d'cn 1·cpousscr les

motif's.

11

p1·cscrivit donede présentcr au conseil

d'Élat le drcrct du concile approuvé par le pape,

atin r¡ue ce décrct pril place aubullclin des lois.

HclotivcmcnL au brcf

lui-mCmc,

qui contenait

eles

doct1·incs ultr·amontaincs,

Nnpoléon ordonna

de le déférer

,i

une commissiondu conseil d'Élat,

lí.lquclle

cxnmincrniL

lc11tcmcnt, trCs-lcnt.crncnt

la conformilé de ce brcf' avec les doctrines galli–

cancs,

et

ticndrait les choscs

en

suspcns nussi

longtcmps r¡u'il conviendrait. Quaut

b

Ja p:·omo–

tion des vingt-sepl nouvcnux ¡ll'éiats, Napoléon

01·do11na d'cnvoycr sur-le-champ

11

Savone les

piCccs conccrnnnt chacun d'cux:, pour que l'ín–

stilution canoniquc füt dcmandéc el. oblcnue

sans pcrrlrc de tcmps. Enfln, pressé de mcllre

a

nénnt toute

ccttc

ntfoirc, il cnjoignit au duc de

Hovigo de foirc

pn1·tir

les érCqucs qui étoicnt

dcmcurés

it

Paris dans J'altcntc de la décision

du pape. lis n'étaicnl rcstés, rn cffel, que pou1·

voir si aprCs ccttc décision lcur concours scrait

encare néccssairc.

Napoléoa élant

satisfait, ils