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LIVRE QUARANTE-DEUXIEME.
Badajoz tombcnt les deux boulcra1·dsde la frontiCrc ll'Espagne conlrc les Anglais. - Napoléon, se 1wépn1·antapilrtirpour Ja
Russic, nommeenfin Josephcommantlautenchef lle toutcs les armécs de laPéninsule,en lui lais.>anl Jcs forces iosuffis:mles
el dispcrsécs. - Résumé Ucs CvCncmentsd'E:-pagne pcndant lesaunécs 1810 et 1811, el les prcmicrs moisdel':iunéc1812.
C'est le moment cl'exposcr ce qu'étaicnt dcvc–
nucs les affaircs cl'Espagnc depuis la balaille in–
<lécisc de Fuentes d'Onoro et la bataillc pcrduc
d'Albucra, !'une et l'autrc linées en mai
1811.
L'arméc ele Portugal,
a
laqucllc on avait cnleré
le scul chef capable de la conduire, l'illustre
Masséna, était répanduc aulour de Salamanquc
dans un état de miscrc, de mécontentcment, de
désorganisation difficilc
a
déerirc. Le maréchal
Marmont,administratcur intclligcnl el soigneux,
s'était emprcssé en arrivant de lui consacrer
tous ses soins; mais l'évacuation du Portugnl,
l'impossibilité apparcntc d'expulscr les Anglais
de la Péninsulc, augmcntaienl la confiance
l'audace des insurgés, rcndaienl les provinces du
nord plus que jamais iosoumiscs, et nggr:waicnt
ainsi la détresse de nos troupes autant que cellc
des lwLitants. Un acciJent l'écenl ''enail dedon–
ner un triste éelal
il
eet état de choses.
Le 25 mai, le célCIJre
~l ina,
succcsscur de son
nevcuqui était détenu
UVinccnncs,
ayanl
réussi
¡,
formcr une bande de lrois millc hommes, r1u'il
ª"ait l'arl de transporler tour i1 tom· de la Na–
"arredans les provinccs basques, el des pro\'inces
IJaStfUCS
dnns
la Navnrre, nvail
nssnilli
un
convoi
eumposé d'un millier de prisonniers espagnols et
<l'une centainc de roilures
char~ées
de blessés
fran~ais.
Ce convoi rcnlrait en Francc sous la
prolection de 400 fusiliers de la jcune garJc, el
de 150 hommcs, tanl sous-officicrs que soldats,
formant les cadrcs du 28° l1'gcr el du í 5' de li–
gnc. Le coloncl Dcnlzcl, eumnrnndanl de l'rs–
corlc,
en
:wniL
signalé
l'insuffisnncc
nu
génfrnl
Cn1Tarclli ;
nrnis
celui·ci niavail tcnu comptc de
ces obscrvalions,
el le
convoi
s'étaiL
mis
en
1·outc
de
Vittoria pour Ilnyonnc. Mina, loujours cxnc–
temcnl informé, s
1
était caché dnns les bois,
ú
droile et i1gauche de la roulr. de Tolosa, et
lorsque la eolonnedes prisonnicrs et des blcssés,
ucc111rnnt plus d'unc licue, avait gra"i la mon–
tagncqui
s'élCvc
l1
la
sorlicde Villoria, ets'était
cngagéc cfans le défilé de Salinas,
il
avait fundu
sur elle commc un vnutour , s:étaiLappliqué
d'abord
a
dégagcr les prisonnicrs cspagnols,
puis, nielé de lcur conco11rs
1
s'étaiL
mis
fi
égorgcr
impitoyalilcrncnl nos blessés el nos nrnladcs.
L'esrorle, diviséc en lrois pclotons, un en tCtc,
uu au centre, un en queuc, assaillic
ü
la
fois par
l'cnncmi et par les prisonniers, avait fait des
efforls héro'iques, mais n'a\'ait pu ni retenir ses
p1·isonniers, ni sauver les blessés. Plus de 150
hommcs de l'escorle al'aicnt payé de leur vie
eellc fatalc rcncontre, el beaucoup de nos mal–
heurcux blessés avaienl élé aehevés sur la roule
par la main d'un cnncmi féroce. ·Si quelque
chose poul'ait nous consoler de eette horrible
sccne, c'esl que les prisonniers espagnols, placés
entre le fcu de nos soldats et celui de Mina,
avaicnt expié en grand nombre la cruauté de
lcur snuvage
lil>fratcur.
Au bruil de la fusillade, le général Caffarelli
était accouru avec un rcnforl pour assaillir
~lina
i1 son tour ; mais il avait ti·ouvé les prison·
nicrsespagnols délivrés, nos blessés et nosma–
ineles égorgés, Mina en fuile. Au lieu de s'accu–
ser lui-méme, el lui seul, il al'ail aeeusé les
braves gcfis qui l'Cnaient de soutenir une luttc
déscspéréc, el qui, i1 l'cnlendre, ne s'élaicnl pas
bien éclairés. El pourlant le général Caffarclli
élail un honnéte bummc, diGnc de son illustre
frcre
!
Mais c'était la un nou\'cl cxcmple , sur
mille, de l'état de désolante confusion auquel
toutcs choses étaicnt alors arril'ées en Es1rngne
!
AMad1·id, l'absence du roiqu'on ne se ílallail
plusde 1·cvoir, la miseredes employés, lacherté
des subsistances cnlevécs par les bandcs aux
portes mcmes de la capilalc, la fatigue, le dénu–
menl , l'éparpillcmcnt de l'arméc du centre,
s'épuisant i1 courir de Guadalaxara
b
Talavcra,
de Ségovie
a
Tolcdc. sans réussir
il
proL1'ger les
comrnunications, porl<IÍcnl le découragcmcnt., le
déscspoi1· mcme jusques au COOUr du royanme.
En Estramadurc et en Andalousie les
affaire~
n'i1llaicnl pas micux. A1wcs la bataillc d'Albuera,
liv1·éc pour sau\'cr Badajoz,
Je
maréchal Soult
s'était retiré ¡, Llcrcna, et s'étail établi sur le
pcncl1anl des monlagnesqui séparenl l'Eslrama–
durc de l'Andalousie. De ces haulcurs il impo–
saiL
aux Anglais par sa préscncc
1
donnniL aux
malhcurcux assiégés lout l'appui moral qu'il était
en son poul'oir de leur procurcr, et dcmandait
:wcc
instance etnrcc rnison qu'on
vinta
sonse–
cours. Bien qu'il n·cul pas écouté la ''oix de
~lasséna
l'annéc précédcnlc, il fullait. écoulcr la
sic1111c en
ce morncnt, et ncconrir.
11c ÍÚl·CC t¡uc
pour la bravc garnison qui défcndait lladajoz, el