LE CONCILE. -
.<OUT
1811.
froissés sans mesure, seraicnt poussés nu dCscs–
poir
!
Jusqu'a ce jour rcdoulnblc le elchorseleschoses
étnit supcrbc, et ccltc mnchinc gucrricrc sous In
rnnin du mnréchal Dnvousl:ivait acquis un nspcct
formidable. Nnpoléon lui rxpédiait l'un aprcs
J'autre les régimcnts de cnvnleric pour les mon–
tcr en Allcmagne, et pour instruirc les nou–
vellcs recrucs. Craignant d'épuiser In Frunce de
ohcvaux, car il fall:iit qu'elle en fournit une
quanlilé cxtraordinairc aux armécs d'Espngne,
ilétnitdécidé
1\
prendrc lous ccux qu'on pourrait
tircr du nord du contincnl.
11
en fil demanelcr
pour In cnvnlcric Jégcre en Polognc et en Aulri·
che, pour la envalerie ele ligne et Ja grosse cava–
lerie, en Wurtcmberg, en Franconie, en Hano–
vrc. Partout il promit de pnycr eomptant, et il
ordonnad'aehclerjusqu'ii trenteetqunrantcmille
ehevaux de toules armes , si on parvenait
a
se
les procurcr.
11
donna les memcs 01·elrcs pour
les chevaux de trnit.
11
prcscrivit la formnlion
de loute Ja cavalerie en di1•isions, et fit pnrlir
les généraux pour veillcr
a
l'équipcmcnl et
1t
l'instruction de Jeurs corps.
Le matériel ne l'occupait pas moins que l'or–
gnnisntion des troupes. Son projct, comme nous
J'avonsdit, élaiL d'avoir
it
Dantzig, outrc lasub–
sistance d'unc garnison de vingt mille hommcs
pcndant unan, J'npprovisionncmcntd'unca1·mée
de quatrc
n
cinq cent millc hommcs pendnnt un
an nussi. Afin d'y parvcnir, il nvait ordonné
el'abord nu général Rupp rl'clre ntlcntif nu mou–
vcment des grnins dans cclte 1•illc, <¡ui cst l'un
des plusvastes dépóls ele cfréalcs connus en Eu-
1·ope, et de se tcnir toujours informé des qunn–
tités en magasin, pom· n'achcter qu'cn tcmps
opportun. Ayunt désormais son parti pris, il
prcscrivit de commencer enfin les nchats, de les
pousser jusqu':\ 600ou 700 miliec¡uinlnux de fro–
ment, jusqu'i• plusieurs millions de boissenux
d'nvoine, et jusqu'11 l'nccaparemcnt de tous les
fourragcs cxistants. Trois caisscs, In premic1·e
¡,
Dnnlzig, In secondc
a
Magdchourg, In troisicme
;i
Mayence, connucs de Jui scul, pour qu'on ne
s'hnbiluat pasa ycomptcr, dcvnient fournir se–
cretcment les fonds
néccs~nircs
a
ces achats.
Ce n'étnit pas tout que d'arnir ces masscs de
vivrcs,
il
fallait se procurcr le moycn de les
trnnsporter avec soi. Napoléon, comme on J'a
vu , avait prcscrit In réorganisation d'un cerlain
nombre de bntnillons du train qui pouvnicnt al–
tclcr et conduire cnviron
1,liOO
voiturcs chnr–
gécs de biscuit. Pensnnt continuellement
a
J'objet
CONSIJLAT.
4
qui Je préoecupait, et trouvant
a
chaquc instnnl
des combinaisons nouvcllcs, il nynit, clcpuis l'nn–
néc précéelcntc, inventé des moycns de trans–
porl cncore plus puissnnts rt plus ingénicux
que ccux auxqucls
il
nl'nit songé d'abord.
Le cnisson ordinaire, altclé de qunlrc chcvaux,
conduit par deux hommcs, élait bon pour
transportcr Je pnin quotidicn
¡,
la suile des
corps. Un caisson pouvait ainsi assurcr Ja nour–
riture d'un balnillon pendnnt une journée.
JI
fallait nutre chosc
a
Napoléon, qui prétcndnit
se foire sui\'l'Cpar cinqunntc ou soixnnrc jours
de vivrc&pour toule J'arméc.
11
con~ut
J'idéc de
gros chnriots atlclés de hui! chcraux, conduils
par quatre
OU
mcmc trois hornrncs, et pouvant
reccvoir dix fois Ja chargc du caisson ordinairc.
Le résultnt était ainsi décuplé, Ja elépcnsc de
lrnetion et de conduilc éiant
¡,
peine doubléc.
Cependnnt, apresde nourellcs réflexions,jugcant
celtc voiture trop lourdc pour les boucs de Ja
Polognc et de Ja Lilhunnie, Napoléon s'cn tinl i1
un chnriot altclé de c¡uatre chr.vaux, dirigé pnr
deux hommcs, ce qui Jaissait subsister l'organi–
sation ordinairc du !rain, et devait transportc1·
qualre fois autant que Je cnisson ortlinaire, ou
lrois fois si on ne voulait pns s'cxposcr
i1
rcndrc
la chargc trop lourdc.
11
ordonna sur·le-cham¡i
de conslruire des chnriots de ce modele en
France, en Allcmagne, en ltalie, partout oú ré–
sielaicnt les dépots du train, nfin que les corps
CUSSCnl
U
in
fois les ancicns caissons pour lrans–
porter le pain du jour, rt Jcs noul'caux chariots
pour traosporler l'approvisionncrncnt d'un mois
ou de dcux mois. Se mctlnnt po111· ninsi eli1·e !'es–
prit
a
In torture, nfin de Jll'él'oir tous les cas pos–
siblcs, il 1•oulut ajoutcr
ii
son maléricl des chars
a
la corntoise el des chnrs
ii
brour. Les chars.!1 In
comtoise sont, commc on le snit, légcrs, rou–
lonls, lrainés par un SCUi chcva) habitué
n
SUil're
cclui qui préccele, de
fa~on
c¡u'un scul homrnc
ca pcut condui1·c plusicurs.
Le~
chars
¡,
brouf
sonl lcnls, mais l':mimal c¡ui les lraine, opinicitrc
et vigourcux
1
les arrachc des orniCrcs les plus
profondcs, et pendani les instanIsde rcpos, alta–
ché
i1
une rouc, broutunt le gazonqui csl sous
ses picds, il ne donne Je soir nucune peine aprcs
amir rcndu les plus granels scrl'iccs dans la
journéc. Enfin il pcul Jui-mcmc servir ele nonr–
riturc,
bien
micux
que Je chcvnl, qui
11'cst
que
l'alimcnt des dcrnii:rcs extrémités. Par ces mo–
tifs, N:ipoléon, aux huit hataillo11s du train qu'il
avait elestinés
a
l'armée <le Hussic, résolut d·a–
jouter c¡uatre batnillons
a
In comtoise et cinq