LE CONCILE. -
AODT
1811.
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serait les événements, et mcnerait d'un pas ra- de la maladresse qu'il commeltait, il ajoula que
pide Espagnols, Porlugais et Anglais. Se tour- les financesde l'cmpirc l'avaient_ainsi exigé. Na-
nanl cnsuite vcrs le prince Kourakin, il parla poléon souril aussitót de la gauchcrie de so"n in-
d'une dépcche invcntée par les Anglais, dépcche
lcrlocutcur, et, continuant
t\
se jouer de lui avcc
fort arrogante qui aurail élé adressée par la
autanl d'espril que de grñce : " Vos financcs,
France
a
la Russic, ctdit qu'elle n'avaitpas mcme lui dit-il, vous ont obligés de vous éloigner du
la vraisemblance pour elle;
ii
quoi le prince Danube... En ctcs·vous bien assuré ?... Si cela
Kourakin répondit qu'assurément elle n'étail est ainsi, vous avcz fait une mauvaisc opération
pas vraisemblable, car jamais il n;aurait pu en financicrc... En général, toutes les troupes don!
rccevoir une pareillc. Napoléon sourit avecdou- l'ent1·cticn cst trop pesan!, il faut les envoycr
ceur 11 cctle saillie de fierté du prince Kourakin, sm· le territoire ennemi. C'cst ainsi quej'en use,
et puis, commc pour s'en vengcr un peu, amena etmes financcs sien trouvent hien ...
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Puis tout
l'cnlrctien sur lesévéncments de Turquic, dont,
il
coup,
sa.nsabandonncr le ton de bienveillance
en effet, il
y
arnit beaucoup
a
dirc. Les Russcs, qu'il avait pris clans cct cntrctien, mais avcc la
daos la campagnc dernicrc, étaicnl rcstés mai- pétulancc de quelqu'un qui ne se conticnt plus,
tres de toutes les placesclu Danube depuis Wi· Napoléon dit au prince Kourakin : " Tenez,
din jusqu'a lamer Noirc. lis avaient été moins prince, parlons-noussérieusemcnt?diclons-nous
heurcux cetle annéc, n'avaicnl pu franchir le ici des dépechcs, ou écrivons-nous pour lcsjour–
Danube, et avaicnt cu aupres de Rutschuk une naux? S'il en est ainsi, je tombcrai d'accord avce
affaire qu'i)s disaienl
a
Jeur avanlage, que )es
VOUSque VOSgénéraUX Onl élé COnstammcnt vic–
Tures prétcndaicnt au eontraire lcur avoir été toricux, c¡ue la gene de vos financcs vousa obli–
favornble, el
a
la suite de laquelle ccux-cien cffet gés de retirer une parlic de vos troupes qui vi–
étaient rentrés dans Rutscbuk.
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était évident vaicnt aux dépens des Turcs, pour les fairc vivre
que les divisions ramcnécs en arriere avaient aux dépens du trésor russe, j'accorderai !out
fait faute aux Russes. Expliquanl leschoscsdans cela; mais si nous parlons franchcmcnt elevan!
son sens, le prince Kourakin cherchait
a
pallicr trois ou quatre de voscollcgues qui savenl !out,
lesdésavantagcs de
la
campagnc, el naturclle- je vousdirai que vous avez été battus, bien bat–
ment vnntait bcaucoup la bravourc du soldat tus; que vous avcz pcrdu la ligne du Danube
russc. Pendan! ces explications, Napoléon re- par volre faule; c¡uc c'csl moins le tort de vos
gardail le prince Kourakin avec infiniment de généraux, <¡.uoic¡u'ils aient mal manrouvré, que
malice, el prcnait plaisir
a
voir ce pcrsonnage, celui de volre goul'rrnement, qui leur a olé les
qui n'avait pas plus Ja dextérilé de l'cspril que forces dont ils avaicnt un bcsoin indispensable,
celle <lu corps, emharrassé dans ses récits et ne qui a ramené cinq divisions du Danube sur le
sachant commcnt en sortir. "Oui, oui, lui dit- Dniépcr, el cela pourquoi ? Pour armcr contrc
il,
vos soldats sont trCs-bra,
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es; nous
n'avons, rnoi,
qui suis votrc allié,
a
ce que vous diles,
nous
Fran~ais,
aucune peine
a
en convenir; contrc moi, qui ne voulais point vous fairc la
pourtant YOSgénéraux ne valen! pas vossoldats. gucrrc, el qui ne veux pas vous la faire eucorc
11 est impossiblc ele se dissimuler c¡u'ils ont bien aujourd'hui. Vous avcz commis la fautes sur
mal manrouvré. C'est une grande difficulté que fautcs. Si vous aviez quelque inquiétudc demon
d'avoir
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défcndre une ligne aussi longue que cólé, il fallait vous expliqucr. En tout cas, au
celle du Danube, de Widin
a
la mer Noirc. On licu de portcr aillcurs vos forces,
i1
fallait au
ne peut d'ailleurs disputer la rive d'un llcuve contrairc les accumuler contre la Turquie, l'ac–
qu'cn étant maitrc de se porler sur l'autrc rivc, cabler, lui arrachcr la paix, qu'il suffisait d'unc
en ayant en
~rand
nombre des ponls el des tétcs campagne pour obtcnir aussi avanlageuse que
de pont, car le ·vérilablc art de se défcndrc cst cclle de Finlande, et puis vous auricz songé
il
celui de savoir attaqucr. Vos généraux onl agi vous précautionncr cont1·c moi
!
Mais politiquc-
contrc toules les rCglcs. )
1~3.-dessus
Napoléon, rnent, financiCrcmcnt,militaircmcnt, vous n'avcz
parlant <le la gucrre aussi bien qu'il la faisait, ricn fait qui vaillc, et !out cela pour qui ?...
tiut longtemps ses audilcurs atlcntifs et émcr- Pour le prince <l'Oldcnbourg , ·pour quelqucs
veillés. Le princc Kourakin, voulant cxcuscr les contrcban<licrs... C'esl pour de tellcs gens que
généraux russes,
dit
qnc les forces leur avaieot vous vous cxposcz
á
la
gucrre avcc moi
!
Et
manqué, c¡u'on nvait
été
obligé d'cn éloigncr une pourtant, vous le savcz bien, j'ai six cent millc
partie du théiltre de la guerre, et, s'aperccvant
hom.mc•
a
vous opposcr , j'en ni quatrc cent