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tiG

LIVRE QUARANTE ET UNIEME.

Savone, a contlilion qu'il recc1•rail le conscntc–

mcnt du saint-pCre, afin (l'o!Jtenir la signalurc

qui nwnquail ;\ la note sur laqucllc on se fondait,

Ccltc solution équivoquc, sans sau1•cr en prin–

cipc J'instilution canoniqnc qu'cllc lirnirait fort

étroitcrncnt , nr. lrnnehait nucunc des difilcullés

politir¡uesdu momcnt, car en aliolissnnt l'autorité

du concilc, clic faisait tout dépcndrc d'unc sc–

contlc dérnarchcauprcs du pape, cxposail cclui–

t:i

h

de nouvcllcs pcrplcxités,

ii

de nouveaux

sc1·upulcs, et, s'il n'avait pas Ja force dr les sur–

monrer,

11

loulcsortc de périls.

Ce vote, lcl que!, oblcnu, le cardinal Fcsch

prcssa vil'crncnt M. de Barral, puis M. Duvoi–

sin, de consentir

3.

Ctrc, l'un ou l'autre, le rnp–

portcur de la résolution p1·isc, Ces mcssicurs,

dont !'avis n'nvnit point prévalu, ne crurcnt pas

poul'oir se chargcr de la rédaction du rapporl,

en quoi ils comrnircnl une fautc, car les conclu–

sionsadoplécs importaicnt pcut-ctrc moins que

le langagcqu'onallait lcnir dcvant leeoncilc. Au

fond, puisquc, les uns el les aulres, onadmcltait

des limites

11

l'instiluliún canoniquc, sauf le rc–

coursnu pape pour· validcr Je nouvcnu syslcmc,

ce qui importait pour PieVII comnrc pour Napo–

léon, c'étail Ja maniere don! on préscnlcrait la

chosc, el il valait micux conficr ce soin

ti

des

gens voulant de bonnc foi Ja solution paisiblc de

In

difilculté, qu'a des cnnemis ne désirnnt que

troublc et confusion. Mais Mll. Duvoisin el de

Barral s'étaicnl irrilés

11

lcur tour. Les passions

sont de lous les étnls, de loulcs les profcssions,

et, nprcs de longues contradiclions, clics s'cmpa-

1·cnt SOUl'Cnt des cccurs les plus modérés. Ces

dcux prélats rcpousscrcnt obstinémcnt la mis–

sion qu'unvoulait lcur conficr. SurJcur rcfus, on

s'ad1·cssa au fougucux ércquc

Tournai, qui

acccpta, bien c¡u'il ne silt pas le

fraii~ais ,

el on

pria M. ele Boulognc de donncr nu rapport

la corrccLion srammalicalc dont trcs-probable–

mcnt il dc1·ait manqucr.

11

fal!ait que le car–

dinal Fcsch, chargé plus que pcrsonnc d'cm–

pcchcr que les choses n'allasscnt aux abimcs,

c1\l bien pcu de sens pour consentir

11

de tcls

choix.

J.csgens cxaltés, qui ne dcmandaicnt que des

csclandres, avaicnt licu dese réjouir. Le rappor–

tcur mil dans son exposé loutcs les opinions de

son parti; M. de Boulognc en rclrancha ce que

rcpoussait sa rhétoriquc habilc, mais

y

laissa

tout ce qu'unc oolitiquc scnséc aurail du en

écarlcr. Le ra¡iporl dul ctro !u au concilc

le !Ojuillet.

Le sccrcl avail été soigncuscmcnl gardé,

commc le sont sou1•cnt les sccrcts de pnrti. Le

1

Ojuillct Je concilc se réunit avcc une extreme

curiosité et une anxiété visible. Apeine la lcc–

turc du rapport, failc avcc une prononciation

étrangc, était-cllc achcvéc, que J'émotion ful au

comblc dans tous les rangs de l'nuguslc assem–

bléc. Une rédaction habilc nurait pu ealmcr

toutcs les opinions en lcur accordant

u

chacunc

des satisfactions raisonnablcs, el rcndrc acccp–

tablc par l'Empcrcur une solulion qui étail ecr–

taincment acecptablc par la porlion·hostilc du

eoneilc, puisquc ecllc solution émanail d'cllc.

Muis Jerapport foit cxclusivcmcnt pour un parli

qu'il exnlla en le satisfaisanl, poussa

il

la colcrc

le partí opposé qui en fut profondémcnt blcssé.

11

n'y arail pas entre tous ces prélats un hommc

capablc Je rcprcndrc ecltc asscmbléc irriléc et

désunic, de la rnllier aulour d'unc résoluLion

sagc, de la ramencr enfin

a

la raison : ce

rut

clone un chaos cl'interpcllations, de reproches,

cl'accusalions reciproques. Les partisans du pou..

voir disaicnt que proclamcr l'incompétcnec du

concilc, c'ctait de nou1·cau rcmcttrc toulc la

questio11

dans les mains du pnpr., et que ele la

sortc on n'cn finirait jamais. Les nutres répli–

c¡uaicnLque le concilc ftll-il cornpétcnt, ses acles

cux-mcmes ne pouvaicnl se passer ele la sanc–

tion clu pape, car les décisions d'un concilc

n'uvnicnt de \•nlcur qu'autant que Je saint-siégc

les approuvait. Ccttc omnipotcncc dupape, sou–

lenuc par quelqucs-uns, portait les nutres a rap–

pclcr l'usagc réecnt que Pie V

11

en avait fait, a

citcr In bulle d'cxcommunieation, el

11

la lui rc–

prochcr commc un

atlcnlat

1

commc une reuYl'c

d'nnarchic, car siclic ctit réussi, disaicut-ils, oú

enscrait-onmaintcnant?

Aces mots l'archcvcquc de Bordcaux s'élancc

aumilicu de; r11sscmbléc, tenant en main un

livrc, cclui des actcs clu coneilc de Trcnlc,

ouvcrl

1i

J'nrticlc mcrnc qui confcrc au pape Je

pouvoir d'cxcommunicr les souvcrains lorsqu'ils

altcnlent aux droils de l'Églisc. On vcut en vnin

rclenir ce vicillard chaneclant muis obstine,

attcinl ele surclilé, cnlcndant

i1

peine ce qu'on lui

<lit, cL n'éeoutanl que Jui-mcmc el sa passion; il

s'avancc, el jcttcsur la table le livrc ens'écrianl :

u

Vous prétcndcz qu

1

on ne pcut cxcommunicr

les souvcrains, condamncz done l'Églisc qui l

1

a

;:iinsiétabli.

1>

L'clfct de ces rnots cst immcnsc

sur ccux r¡ui les approuvcnt, et sur ccux qui en

rcdoutcnt les conséqucnccs, car c'étail prcsquc

rcnouvcler l'cxcommunieation, la renouvolcr

i1