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LIVRE QUARANTE E1' UNIEME.
avisés des prélats se halan! de quiller leurs
siégcs
ann
d'cntraicrJcsautrcs
pnr·
lcurcxcmplc,
et
laiss~rnl
!es
plus nnimésdemandcr qu'on ne se
séparilt poinl
snns
avoi1·
délibéré.
Malg1•é le silcncc des journaux, l'cffctdc cclte
séance f'ul grand dans Paris. La joie ful vive
parmi
les cnncmis
de Napoléo11,
autrcfois
pcu
nombrcux, el par sa fautc
commcn~ant
a
le
de~
venir bcaucoup. Les gens de
parti
se pressairnt
nulour des Pcrcs clu concilc, les flallaient, les
cncourageaicntpour les pousscr plus loin cncorc.
Mais
ces
rnalhcureux évCqucs, étrangcrs
U
lapo·
litiquc, bienque quelqucs-uns fussent d'nncicns
lm lisnns de la maison de Bourlion, étaient tout
étonnés de
ce
qu'ils avaient osé, et, sortis
de
Notrc-Damc, avaicnt
sentí
rcnailrc
Ja tcrrcur
que leUI' eausait le duc de Rovigo. Cclui·ei, en
effet, n'avail pas manqué de leur foire dire par
des prélalsaffidés, qu'il fallait qu'ils réíléchissenl
UIcur conduitc, car il n'était pas homme
h
les
ménagcr, et
a
lcur laisscr rcnouvclcr les scCnes
de la révolution en habit religieux,
Le Corps législatif, réuni dans
le
moment,
parce qu'onavnitvoulu qu'itassist:it au baptCmc,
et qu'une fois réuni on enprofitait pour lui don–
ner
le
budgct
a
homologuer, élail surpris, eon–
fuset jnloux. Corps sans vie, oisif,payé, n'aynnt
aucune question séricuse
a
résouclre, il était
honlcux de sanullité, et oncntendait ses mcm–
brcs dire de toute part que, si on n'y prenait
gardc, la convoeation de ces prctres allait deve–
nir la convocation
des
états généraux
de J1Em–
pire, et amcncr Dicu sait qucllcs conséqucnccs ;
mais que sans doule l'Empcrcur y ticndrait la
main,
etqu'ils
étaicnt
prCts,
quanL
:1
cux,
ñ
vo–
tcr
les
lois dont on aurnit bcsoin pour
tcrminer
ces querelles dignes d'un nutre tcmps. Le mol
de ces tristes législateurs n'était pas sans vérité.
Ce concilc rcsscmblait eITeclivcment aux états
généraux, surtout
en un point,
c'csl que
Ja
¡H'c–
mihe
réunionde citoyens
forméc
sous ce 1·Cgnc
faisait éclater tout
a
coup, avcc une violcncc
qu'on
n'avait pas
p1·é\'UC,
et
dont on n'était
pns
mait.rc,
les scntimcntsdont touslcscmurs
étaicnt
animés.
Napoléon, qui, mnlgré sa pcrspicacité, ne
s'était pas
attcndu
]1
ccllc cxplosion, élait sur–
pris,
il'l'ité,
se promcnait dans son caLinct avcc
agilation, proférait des mcnaccs, mais n'éclatflit
pas cnco1·c, rclenu r¡u'il était pnr MM. Duvoisin
et ele
Bnrral, qui lui
promcLlaicnt
un hcurcux
résullat de Ja convocalion du concilc, s'il savnit
patienlcr et uscr de modération.
J,c jour suivant le concilo ful calme, sclon
l'usagc des asscmblécs, qui, scmblablcs en cela
aux individus, sont paisiblcs le lcndcmain d'unc
journéc d'agitation, troublécs le lcndcmaind'unc
journée de rcpos. MM. Duvoisin, de Barral, tous
les hommcs sagcs qui craignaicnt des violcnccs
et qui ne déscspéraicnt pas cncore d'unc issue
fororahlc, se répandirent dans les rangs de la
snintc asscmbléc, disant que lorsqu'on aurnit
adopté l'adrcssc, lorsqu'on y aurait donné des
garantics au pouvoir eontre la puissance papalc,
qui avait aussises abus, témoin
1"
bulle d'excom–
munieation, lorsqu'on aurait
mont.réla disposi–
tion du eoncile
n
faire cesscr les rcfns d'inslilu–
tion cnnonir¡uc
1
NapolCon, rnssuré, dcvicndrait
plusaccommodant, et rcndrait le pape aux
fl–
dclcs. Gracc
a
bca11coup d'cxplications de ce
genrc donnécs en téte-11-tcte, gdcc ;\ de nou–
veaux rctrancliemcnts
qui lui
ótCrcul toul. carac–
lcre, l'adressc ful votée par la prcsquc totalité
des membrcs du concilc, cxccplé les llalicns, qui
ne purcnt s'y associcr par lcur vote
a
cause des
propositions de 1682, mais qui ne se prononcc–
rent pas contre, afin de prouvcr que c'était de
lcur part abstention et non pas opposition.
L'adressc ful done ndoptée aprcs les discus–
sions et les difficultés dont on vicnt de Jire le ré–
cit. Napoléon, profondémcnt blcssé des rctran–
chemcnts qu'elle avait du subir,
fil
déclarcrqu'il
ne la rcccvrait pas, ce qui intimida le concile
sans le modércr, car on pcut jctcr de
la
crainle
dans les crom·s qu'un sentimcnt posscde, mais
on n'eITacc pas ce scntimeut, et il jaillit de nou–
vcau
il
la
prcmiCre occasion.
Dans ces séanccs les prélals non institués
avaient été définilil'Clnent sacrifiés, ou plutót
ils s'étaicnl sacrifiés cux-mCmcs
en
rcnoncant
a
la faculté devoler qu'ilsdéscspéraicnt crobienir.
Le princc primal, chancelicr de la Confédéra–
tion du Rhin, chef de l'Église allcmande, avait
été
rc~u
dans
le
concilc
a
grand'peinc, car ces
ércqucs, peu ou foil des hommcs et des choses
de
lcur lcmps, s'ét3icnt figuré, rl'aprCs ce qu'on
lcur avnit raconté,
que
ce princc ccclésiastiquc
était un philornphe, un illuminé, un incrédulc.
lis n'imaginaicnt pns
qu'un
noble, un prCtrc,
r¡uiosait sedire ami de Napoléon et de la France,
pi'it élrenutre ehosc. Pourtant ils avaient écouté
avcc curiosité et :11·ee quclque fruit ses do–
léances sur l'état de l'Église allcmandc, état qui
était la prruvc froppantc de l'obus de l'iustitu–
t.ion
c:rnoni~uc,
lorsquc, nu licu d'étrc lagnrnn–
Lic des bons choix, elle de1•cnait une arme de