~o
LIVRE QUARANTE ET UNIÉME.
sans ctre précisémcnt les lrnrlisnns du gouvcrnc–
mcnt, désirnicnl un nccommodcmcnt entrerEm–
pcrcur et l'Églisc, par amour du bien,par crninle
d·unc rollision, étnicnt désolés ele la forme du
mcss:igc. On lcur nvait nssuré, et ils :ivnicnt cru
qu'on étnit revcnu ele Snvooc d'accord avee le
pope. Étail·ce l'rai?étnit·ec fnux? lis ne savnicnl
plus qu'cnpcnscraprCs avoircntendu ce mcssngc
si nigrc, si dur, on pouvait prcsquc dircsi bru–
tal! Pourquoi, par cxcmple, celle véhémentc
so1-tic nu sujcl ele In bulle d'cxcommunicntion ?
On eonl'cnait que cclle bulle étail une
fa
ute, car
pcrsonnc n'approuvnit qu'on chcrchut
o
ébrnnlcr
l'autorité élablie nprcs une révolution sanglante
elont le oul'cnir n'élnit point cfTacé. Maisle pape,
s'il nvnit cu
lfl
parolc, que n'aurait-il pas pu dirc,
lui aussi, de son palnis forcé, de sa personnc
sainlc cnlcl'éc par des gendarmes, et tenue pri–
sonnicrc eomme cclle d'un crimine] el'ttat?
Pourquoi d'aillcurs ces récriminalions, si on
voulnit s'cnlcndre et se réconcilier?... Yavail-il
chnnce d'y réussir?... L'espérnil-on cncorc?...
Pourquoi ne s'expliquail-on pasa ce sujet? pour·
quoi ne foisait-on pas savoir si on était, oui ou
non, d'nccord avec le saint-siégc?
Voila ce que répétaicnt les prélals rnodérés,
formont le grnnd nombre, el désironl une fin
pacifique de tous ces lroubles. Parmi cux, les
ltalicnssurtoul paraissaicnl slupéfails. llsétaicnt
parlis ele chez cux ª''ce l'idéc que partout on ad–
mirait cl craignail Napoléon, el
a
PHis, au mi–
licu de la capilale de la Frunce, ils trouvaicnt
sans doutc qu'on le craignait beaucoup, mnis ils
voyaicnt que, malgré la craintc, la populalion
parisicnnc, toujours indomplablc, .iugcait, criti–
quait son rnnilre, le blurnail quclqucfois avcc
''iolcnce, et qu'clle étail loin de se soumcllrc
o
l'hommca qui ellevoulail pourtantquc le monde
l'lil sournis. Ces paul'rcs llaliens elcmanelnienl
qu·on lcur cxpliqu:it ce contraste, et
a
l'anxiélé
sénéralc joignaicnt le plus étrange étonnemcnt.
Quant nux prélals résoltimcnl hostiles au gou–
verncmcnt, aussi pcunomhreux que ccux qui lui
étnienl résohimcnt fal'orablcs, ils étnicnt domi–
nés les uns par l'indignation sincCrc des allcn–
lals commis eontrc le pape, les autres par les
passions de l'ancicn royalisme qui commen9ait
11
se révcillcr gracc aux fautcs du pouvoir. Qucl
que ftil. du reste, le motif de lcur hostilité, ils
étaicnt forl satisf,iils rle l'esp1·il qui se monlrail
dans leconcilc, quoiquc cfTrayés des conséqucn–
ecs que cct esprit poul'ail amcner, el ils se lais–
saient allcr
n
leur pcnchanl avce une complete
incxpériencc elu monde et des bornmcs, car la
sainlclé n'cst pos toujours la sagesse.
Une nouvellc et importante oceasion ollail
s'ofTrir pour le concile de manifeskr les disposi–
lions elont
i1
étail animé. C'étail l'adrcsse ¡, ré–
diger en réponsc au mcssnge impérial. Le gou–
vernemcnt ayant de son point de l'Ue énoncé lrs
foits et les qucslions que ces fnils soulcvaicnl, le
concilc dcvait
a
son tour exposcr les uns el les
nutres du point de l'Ue qui lui
él~il
proprc. De
lit résullait la néccssité d'une adressc. C'élait na–
lurcllcmcnl une commission qui elel'ait la rédi–
gcr. Ccllc commission, formée sclon !'esprit du
coneile, se composait des cnrdinaux Spina et Ca–
selli, pcrsonnngcs assez éclnirés nrnis chcrch:rnt
commc tous les llalicns mcmbrcs ele cellc nsscm–
bléc
1
éludcr les difficultés plutót qu':1le• ré–
soudre, eles archcl'éques de Bor<lcaux et de
Tours, lepremicr, eomme nous l'avons dil, l1on–
nCtc mais aveuglé par la passion, le sccond ,
M. ele Jlarral, rcvcnant de Sal'onc, el <léja par–
fnilemcnt connu ; des évcqucs de Gand et de
Troyes, MM. ele Jlroglie et de Jloulognc, prélats
rcspcetables, passés lous dcux de l'cnthousiasme
pour le Prcmier Consul
ii
une hainc imprudente
eontrc l'Ernpcrcur ;Jel'évcqucdc Nanlcs,M. Du–
l'Oisin, dont iJ n'y a plus rien
a
dirc pour Je fairc
connaitrc : cnfin des évcqucs de Comncchio et
d'll'réc, Italicns qui taehaient de passcr sains et
saufs entre tous les écucils de cctlc situntion.
La commission se réunit chcz le cardinal Fcsch,
qui cvait la présidcr.
On y discuta toules les qucslions générales
que foisait nailre la siluation , bien plus que la
qucstion spécialc de l'institution canoniqnc.
11
étail elifficilc de se mcttrc d'accorel sur des snjels
tcls que les propositions de Jlossuet, surlout en
préscncc des prélats italiens; sur In bulle d'ex–
communication, qu'on déplorail généralcmcnl
sans l'ouloir ccpcn<lant en parler dans les mcmcs _
termes; sur les rclations du
sainl~siégc
avcc le
pouvoir tcmporcl, daos un momcnt oU un mailrc
toul-puissanl l'oulait ólcr nux papes lcur cxis–
tcnce princicre ; sur les prérogntivcs de la pa–
pauté et sur la faculté qu'clle poul'ait avoir de
s'en dessaisir dans lcls ou tcls cas. Sur quoi on
était d'nccord, c'était sur la néccssilé de rappro–
chcr Napoléon el Pie VII ; mais tout en lléchis–
sant sous la main du plus puissant des dcux, en
rcconnaissanl mCmc les serviccs par lui rcndus
it
l'Églisc, on inclinait de creur (disposition qui
honorail le concile) vcrs cclui qui étail proscril
et prisonnier. Le tcxtc du projet <l'adrcssc, pru-