LIVRE QUARANTE ET UNIEME.
de Ja puissance temporellc du saint-siége et
a
Ja réunion des
Etats
romains
a
l'Empii·c
fr~rnc;nis.
Cette vision lejeta dans un tel état de troublcet
<le désespoir, qu'il fit sur-le-champ nppclcr le
préfct, lui demanda en le voyant arrivcr si les
p1·élats avaiefrt quilié Savone, le supplia, quand
il
sut c¡11'ils élaicnt
parlis
des
la vcillc :rn soir,
d'cnvoycr un courricr
á
lc11r
suite pour les
r:uncncr, ou lcur significr, s'ils ne voulaicnt pas
revenir, que la déclaration devait élreconsidéréc
commc non avcnuc; qu·cllc :wait
été
surprisc
a
sn faiblcssc,
ti
sa
flltiguc,
l1
sa sanlé défaillnnlc;
q11'il nvaiL
été,
disait-il, commc jeté dnns une
sorlc
d'ivrcssc
par les
inslanccs
qu'on Iui nr::iit
arlrcssécs, et qu'il s'était déshonoré en cédant ;
et il ajoutail: " Voila ce que c'csl que de privcr
nn pauvrc prCtrc
1
Yicux, épuisé,
dé\•oué
mais
insuffisant, voila ce que c'csl que de le privcr de
conscils qui le puisscnt éclaircr
!
On l'cxposc
ainsi
:1
se couvrir d'infomic....
i1
En disanl ces
choscs, le malhcurcux ·pontifc, injustc cnvers
lui-mCme, se calomniait de toutcs les nrnniCrcs
pour cxcuscr son actc.
1.cjour, la lumicrc,
la
préscncc dcsobjctsrécls
agissent hcurcnscmcnt sur les Clrcs troublés
par
l'cxaltation des nuits. J,c préfcl de Montenotte,
qui nvait acquis sur le pontifc un ccrtain asccn–
d:mt
par
le
calme, Ja douccur, Ja sagcssc
ele
ses
cntrcticns, pnrvint
a
le trnnquilliscr un pcu,
i1
l11i prouver que les rlcux prcmicres propositions
éi:iicnt, aprCs tout, conformes
a
ce qu'il avait
toujours pensé et toujours dit, et que quant
1
la
troisiCnic, clic n'étuit
qu
1
une promcsse
cl'cxami–
ncr, qu'cllc ne coutcnnit pns
mCmc
l'indication
cl'une solution, et surtout aucunc menLion d'un
systCmc quclconquc d'arrangcment. Néanmoins
pour rassurer Pie VII sur ce dernier point, le
préfct fil partir un courricr afin de dire a11x pré–
lats que le paragraphe de la
déclnra~ion
rc!otif
a
In dcrnicre proposition dcvait ctrc rayé, abso–
lumcnt rayé;
que quanL au reste, pourvu qu'on
y
vit,
non l?Oinl un traité ni un engngcmcnt,
mais un préliminnirc pouvant servir de hnsc
ü
une négociation, le pape le
maintcnait.
Cela
obtenu, Pie VII se calma, et écrivit au cnrdirrnl
Fcsch une lcttrc daus laquellc, se louant bcau–
coup des lrois ]lJ'élats, et autorisant le concile
i1
croirc ce qu'ils dirnicnt,. il exprimait
a
peu pres
les dispositions que aous vcnons de fairc con–
nnilrc.
J.orsquc les prélats cnvoyés
il
Savone furonl
de rctour
a
Puris, Nnpoléon se montra nsscz
satisfoit du résultat de lcur mission, car, bien
quesur l'établisscmcat futur de la pajrnuté on
fút loin d'ctre d'nccord avcc Pie VII sur l'insti–
tuLion canoniquc, et en pnrticulicr sur les vingt–
scpt prélats
1
institucr, on avnit obtcnu tout ce
qu'il était
p~ssiblc
de désircr, et le gouvernc–
mcnt de l'Í:glise n'était plus menacé d'inlcrrup–
tion. Toutc crainte d'un schismc étnit cntiCre–
mcnt écarté.c. k concite, eneíl'ct, sous le rapport
de J'institution canoniquc, ne pouvait manqucr
d'adoptcr une solutioa que le pape lui-mémc
ngrénit; et quant
ii
l'étahlisscinont pontifical,
I'nccord nnilrait du tcmps, de la néccssité, de la
toute-puissancc ele Napoléon, et de l'impuissancc
de l'infortuné Pie VII.
Les évequcs étnicnt prcsquc tous arrivés; on
en comptnit une ccntnine cnviron
1
dont trente
i1pcu pres pour l'Jt:úic. Ceux qui manquaient,
soiL
parmi
les
l?ran~ais,
soit
µarrni
les Jtalicns,
étnicnt des vieillards infirmes, incapahlcs de
voyager
a
de grandes distanccs, ou bienquclques
évCques romains qui
ava_icnt
rcfusé
le
scrmcnt
a
cnuse du rcnvcrsement du gouve1·ncment pon·
tifical. Tcllc quclle, la réunion des ¡1rélals arri–
''és étnit suffisantc pour que le concite cut l'éclat
et l'nutorité eOO\'eoablcs,
car,
it
trCs-pcu cl'ex–
ccptions pres, tout ce qui avait pu vcnü· étnit
venu.
Les dispositions des évequcs étaient de nature
ii
!romper le gouvcrncmcnt, et
a
les !romper
cux-mémcs su.r le résull:1t du concilc. Quoiquc
pleins au J'ond du creur d'une rcspcclucusccom–
pnssion pour les mall1curs de Pie VII, désap–
prouvanl complétemcnt l'abolition de la ¡mis–
sancc tcmporelle du sa.int-siégc , poussés
{\11
mécoatcntcmeot par le$ cotcdcs des royalistcs
dévots au milicu dcsq.uels la plupart d'cntrc cux
avaient l'habitude de vivre, ils se scraicnt bien
gnrdés de mnnifcstcr lcurs scntimcnls, surtout
dcpuis la catastrophe des cardinaux noirs. La
tel'l'iblc réputatiou du duc de llovigo les épou–
vantait ;, te! point, que bcaucoup d'cntre eux ·
avaient fait lcur tcstamcnt avant de quittcr lcurs
dioccses, et avaient cn1brassé lcurs principaux
fidclcs, commc s'ils u'av.aicnt pas du les rcvoir.
Et
c'~taicot
en géné.ral les plus hos.tilcs qui
étaicnt les plus soumis, car dans lcur tcrrcur ils
croyaicnt Napoléon prcsquc aussi instruit du sc–
crct de lcur cmur que Dicu l11i-mcme, et ils ne le
croyaicnt pas aussi clémcnt. Les modé¡·és, habi,
tués ;, pcnscr de Nnpoléoa un peu rooins mal ,
étnicnt uo pcu mo.ins épouvnntés;
ils
auraicnt
voulu ªPeiscr le troublc survcnu entre1'.Empc–
rcm· et le pape, trouvcr pour cela un moycn