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LIVRE QUARANTE ET UNIEME.
nous l'avons déj1111it, por ses égards, son lact, sa
porfaile mesure. Ayunl ap1ll'is de M. de Chabrol
l'arl'ivée el le nom des Lrois pr<!lnts, il eonsenlil
a
les admellre toul de suite en sa présence. 11
éprou\'ait mCmc une sortc d'impaticncc de les
reeeroir. lis se préscntüenl Lous les Lrois, le
rcspecl 1 la houcl1c, le front incliné, plus incliné
c¡uc si le ponlifc etit été
a
Home sur le trónc dcs
Césnrs, lui dcnrnndnnL presque pordonde n'clrc
pos coptifs eomruc lui, cL vcnont le supplicr de
meltre le eomblc 11 ses vertus en ojoutant 1 ses
anciens sacrificcs quelqucs sacrificcs nouvcnux
cL
indispcnsaLlcs, en nbandonnant dans l'intérCt
mCmc de la rcligion ccrtaincs
prérogati\'CS
qui
lui étaicnt chCrcs. Le lon, Je noble langagc, le
profond rcspeeLde ces diG·nes p1·élats LouchcrenL
vivcment Pie VII, et loules les graccs de son
caractCrc
rcpa1·urcnt
lt l'instanl sous l'imprcssioo
du ploisir qu'il ressentil. JI se monlra plcin de
douccur, de bonté, prcsque d'cnjoucmcnt, des
<1u'il ful en confinnce avcc cux
1
et surloul dCs
qu'il sul qu'au licu des'asscmblcr pou1· lejuge1',
le concile voulait au contrairc se conccrtcr avcc
lui su1· la maniere de mcLLrc fin aux Lroubles
rcligicux, et le faisaiL supplic1· 11 !'avance de
ehcreher quclc¡ues rnoycns <l'nccommodement
avcc ccttc puiss:111cc qui av:1it rélabli les
nutrls,
et qui, pouranL les déLruire, ne le 1•otdait hcu-
1·eusemcnt pns, pourvu que dans le domninc
tcmporel clic ne 1·cncontr:\t aucunc opposi-
Lion.
Aprcs une prcmicre sénncc employéc
it
se
voir,
:1se eonnni11·c, :1 s'nppl'écic1·,
le
pape
el
les prélats se réu11il'cnt tous les jotu·s,
el rnCmc
plusicm's fo is par jour, hicn qtw les lrois cnvoyés,
voulant ménagcr la santé débilc de Pie VII,
missent
In
plus
grande
discrélion
fa
p1'ovoquer
ele nouvcllcs cnL1·cvucs. C'éLnit le pape c¡ui les
foisnit nrnndcr
qunnd p:u· égard ils
11'osnic11t
vcni1'.
VévCquc de F;icnza, nommé
pntriarcl1c
de Venisc,
et
en
ce nrnmcnt
ele
pnssngc
~1
Savonc
pour se rcndrc nu concilc, av:iit demandé s"il
ne scrait pos de L1·op dans ccllc cspcce de 1·011-
grCs ccclésiastique, et on
avnit
consrnti drs
dcux
cólés
it
l'y admclL1·c, cnr il plaisnit an pnpc
commc Italien et ltalicn fort spii·itucl, et il ne
déplriisnit poinl nux
lrois
cnvoy1:s
impél'inux,
comme
ltalie11
éprouvrinl le désil' cl"unc
promplc
pacificnlion de
l'l~glise.
Le pape, c¡ui, c111end:111l
lrCs-bicn
le
fr:11u:c1is,
ne
vouiait ccpcnrl;111t pnr–
lcr qu'italicn,
se
son niL
souvcnL
de l'évCquc de
F;1cnw
pou1· 1·cncl1·c sn
pcnséc,
el
se
sc11tait
plus
ü
raisc en
ayanl auprCs de !ni un ul!rarnootain
de nnissn11ec, élevé dans ses opiniohs quoic¡u'il
ne les parlagct\L pas toulrs.
Le pape,
aprCs
:woir foit
rcmn1·qucr
avec di–
g11itc, avcc uouccur, rodieusc caplivilé dan;
laq11clle le chef de I'Églisc étail plongé, le pro–
fond isolcmcnt dans Jeque! il étniL condamné
¡,
vi1•re, la privalion de Lout conscil el lle Lout
moycn deeommuniqucr
i1
laquclle ilétait rMuiL,
arnit raconté
il
sa mnniCrc,
cornmc
il
lui
arrivait
souvcnt, Lout ce qu'il avoiLjadis éprouvé d'affcc–
lion pour legénérol Bonaporlc,'aujourd'hui toul–
puissnnl Empcrcur <les
fl'On~ois,
puis la difficilc
dénu1rchc
qu'il
avnil
osé
foire
envcnant le
sncrcr
l1
Pal'is,
et
cnsuite,
monlrant
aulour de lui les
murriillcs qui
le tenaicnt
enfermé,
~vait
fait
rcssortir sans aucun
cmportcmenL
l'étrnnge
con~
traste entre les serviccs ren<lus et
lo
récompensc
qui en éloit le prix. CelodiL, il éLaiL cutré daos
Je détoiJ lllCllle des qucsLions <¡ue les rcprésen·
Lanls du eoneilc étnicnL chorgés de trailer 11
Savone.
Sul' l'inslitution eononiquc desvingL-scpL pré–
lnls nomrnés, il avniL paru disposé 11
cédcr,
arouant en quclque sorLc, sans le dirc , que
son rcfus de l'accordcr éLaiL plulclt une arme
cmployéc contre Napoléon, qu'une juste conlcs–
tnlion, dnns l'intércl de la foi, du méritc des
sujcts promus, mais
dcmandaot
si, aprCs
toul,
ce n'éLaiL pns un inlérct de la foi que l'iudépcn–
dance et la liberté du ponlifc, le rcspect du
sn'int-siégc,
l<l
consm'vntion
clu
patrimoiue
de
sn:nL
Pierre,
le
mainticn de
In
puissance tcm–
porcllc des popes, et si !'arme c¡ui lui scrvait 1
défcndrc des choscs de si grande impo1·1ancc
pouvnit
Ct1·c
considéréc comme
mal et
abusi,·c–
mcnL cmployéc. - Toutefois il éiait p1·ét 11
cédcr,
mC111csur un
détait
de forme,
et
conscn–
taiL 1 insliLuer les vingt-scpL prélals donl il
s':igissnil, en
omcttant
dans
!'acle
le nom de
Napoléon (comme ce dcrnicr le roulait bien),
et en mCmc
tcmps
i1
ue
pns
tlilégucr
le
motu
Jll'OJ11'iO,
qui Jui aul'Uil donué J'appal'CllCC de
no111me1· lui·mC111c. au licu ele confirmcr
sculc–
me11t
In
nominal
ion
énrnnéc de l'nuto1'ité impé–
J'i,dc. En effcl il nvait
dc~il
acco1·dé l
'inslil.ul<iou
c:inoniquo tlnns cellc forme du 1110111
proprio
i1
qucl~ucs-uns
tics
vingt-scpt
prélnts nommés,
enL1·e aulrrs
1t
l"archcl'éque de Malincs; urnis
Napolfon
n':iv:iit pns voulu l'ngréer, conscntaut
bien 11 ce que son aulorilé 11c füL poinL mcntion–
née dans les bulles, nrnis n'admellant pas r1uc
cclle du pape fül subslituéc
ú
Insiennc.
Sur ces divcrs poinls l'ic VII éL:iiLp1·ct.
it
se