LE CONCILE. -
JUI•
t
81
l.
Calacombcs Napoléon en échcc, et pcut-élrc sur–
Yivrait
il
son coJossal cmpirc.
Ses désirs
a
cct égard étaicnt évidcnts, et
mCme avoués nvec une ardcur na·ivc. Mnis
MM. de Barral, Duvoisin et Mannay ne lui lais–
scrcnt
a
ce sujct aucunc illusion. lis Jui firent
parfaitcment comprendre que Napoléon ne lui
accordcrait jamais la liberté de rctourncr comme
prince détróné dans la capitalc oú il avait régné
commc souvcrain,
a
moins qu'il n'y rcntról dé–
dommagé et soumis; que cettc gloricuse pau–
vreté des Catacombes, aussi envinb!e pour un
ambitieux que pour un saint, il fallait y renon–
cer, et ehoisir entre Savone, oú il était captif et
privé de l'exercice de ses fonctions pontificales,
et Avignon, París
011
Rome, villcs oú
iJ
serait
libre, couronné de la tiare, en picio excrcice de
son autorilé spirituclle, richcment doté, mais
sujct, qu'il cút ou u'cüt pas prcté scrmcnt.
Ces explicationsprircntplusicu1·sjours. MM. ele
Barral, Duvoisin et l\Jannay, auxqucls s'était
joint l'évequc de Faenza, avaicnt fini par adoucir
beaucoup Pie VII, et, ce qui était import.1nt
aupres d'un Pontifc conscicncicux, tres-scnsihle
au jugcment qu'on porterait de sa conduite,
avaient agi sur sa conviction, en Jui clémonlrant
que si, pour son proprc comptc, il pouvait pré–
fércr la captivité
a
la moindre concession, pour
l'Église iJ devait prendrc garde de sacrificr des
avantages que peul-clre elle ne retrouverait plus.
lis lui firent eufin enlendre qu'arrivés aux dcr–
niers joursde mai, ils étaient obligés de parli1·
pour assister
a
l'ouverture du concilc, fixéc au
commcnccmcnt de juin, et qu'il fallail qu'il
arrelat sa pcnsée, et leur fournit le moycn
d'éelaircr les prélats réunis sur ses dispositions'
définitives.
Apres avoirénuméré les questions !'uneapres
l'aulrc, et lui avoir fait répéler son opinion sur
chacunc, apres l'avoir amcné
il
dire qu'il ne
répuguait pasa instiluer les vingt-scpt prélats
nommés, que voulant mcmc au prix d'un grand
sacrifice donncr
a
l'Églisc de Francc un témoi–
gnage de confiancc et d'affcetion, il rcconnais–
saiL, sans rcnonccr
a
l'instilution canoniquc,
qu'il fallaitprévenir l'abus qu'un pontife malavisé
ou malintcnlionné pourrait en faire; apres lui
avoir arraché cnfin Pavcu que, sur l'établissc–
mcnt nouvcau offcrt
a
l'Églisc, il y avait au
moins
a
délibércr, mais seulcmcnt Jorsqu'il
scrait libre et assisté de ses conscillers naturcls
et légilimcs, ils lui demandercnt pourquoi il ne
lcur pcrmctlrait pas d'écrirc ces differenlcs dé·
clarations, c¡u'il s'absticndrait de signcr pour
qu'cllcs n'cusscnt pas le earaclcrc d'un lraité,
nrnis qui scrviraicnt
i1
constrilcr sinon ses volon–
lés pontificales, qu'il ne pouvait cxprimcr qu'cn–
louré eles cardinaux, du moins ses disposilions
pcrsonncllcs, de maniere qu'on
~
piit ricn
y
ajoulcr, ni ricn en rclrancher.
Prcssé par les inslancesclcsqualre prélals, par
l'annoncc de lcur clé¡rnrt, il conscntit
¡,
laisscr
écrirc une déclaration non signéc, qui eontcnait
en substancc les propositions que nous vcnons
d'exposcr :
1'
consenlcmcut, pour rettc fois,
a
institucr les vingt-scpt prélats nommés, saosmcn–
tion du
motu. proprio
;
~·
obligation pour Je
saint-siégc d'institucr
a
]'avenir, dans les six
mois, les évCqucs nommés par Je souvcrain tcm–
porcl,
ii
défaut de quoi le métropolitain serait
censé autorisé par Je pape
il
les inslitucr en son
nom; 5' enfin, disposition, lorsquc le pape sc–
rait libre et cnlouré·dc ses cardinaux, 1 prelcr
l'orcillc aux arrangemcnls qu'on lui soumettrait
pour l'élablisscmcnl définilif du sainl-siégc. La
nature de ces arrangcmenls n'était pas mcmc
indiquée.
Ainsi généralisée, ecttc déclaration, vu les
opinions régnantcs alors '' l'égard de l'inslilu–
tion canoniquc, n'avait ricn que lle trCs-admis–
sible et de trcs-honnélc, el ue rcnfcrmait ríen
qui püt ét1·e compromcttant. Le pape, aprcs
l'avoir accordéc, se sépara avee rcgrct de ces
prélalssis<1gcs, si indiguemcnt calomniésauprCs
de Jui par une portion du clcrgé, et lcur donna
sa bénédiction avccbcaucoupd'clfusion. Ils par–
tircnt le 20 mai.
Pourtant Pie VII était intéricuremcnt agité,
La nuit qui suivil lcur départ,
il
ne dormit
point. Susceptible autant que conscicncieux,
rcdoutant le jugcmcnt de l'opinion publique
presquc autant que celui de Dieu, n'ayant pour
se rassurcr l'avis de pcrsonnc, il se laissa pcu
a
pcu aller, aprcs to11lc une nuit d'insomnic,
a
croire qu'il avniL commis une insigne foiblcssc,
que toute Ja clu·éticnté e11 jugcrait ainsi, qu'cllc
l'accuserait d'avoir, par peur de Napoléon ou
.par cnnui de sa eaptivité, abandonné les intfréts
de Ja foi, et il
con~ut
cettc crainte bcaueoup
moins pour les clcux p1·emie1·cs propositions que
pour la dc1·nicrc, ccllc par laquellc il s'cngageait
éventucllemcnt, lorsqu'il scr.1it libre et muni
d'un conscil,
a
cxamincr les propositions qui
pourraicnt lui ctrc faitcs relativcmcnt
il
l'établis–
scmcnt pontifical.
JI
craignit d'avoir par ladonné
un commcnccmcnt d'adhésion
il
la suppression