LE
CONCILE. -
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ISH .
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tcls, ccssation de la persécution des prClrcs, et
mille aulrcs bicns précicux, Napoléon en disanl
le concordat aboli , scmblait annonccr implicilc–
mcnt que loulcs les gnrantics donnécs
a
la rcli–
gion, au culle, aux prclrcs, scraicnt abolics du
mémc coup, et qu'a l'égard de ces choses on pou–
vait rcvoir tout ce qu'on avait vu. Aussie.spérait·
il produirc et produisait·il un grnnd cfTct en
proclamant le conco1·daL aboli, dans lecas
oú
la
nouvcllc clausc rclative
u
l'institution canonique
ne serait pas acccptéc.
Si les trois envoyés trouvaicnl le pape plus
trailable qu'il n'avait paru l'elre jusqu'ici, ils
étaic11L autorisés par Napoléon
a
étcndre pcu
a
pcu l'objet d'abord rcstreint de leur mission,
it
parler au saint-pcre de la situalion du saint–
siégc' de l'établisscrncnt futur des papes, et
a
s'avancer mémc
jusqu,a
signer avcc lui une con–
vention pro1•isoire sur ce sujet. Les condilions
devaient clre les suivanlcs. Le pape pourrait
it
son gré rési<ler
a
Rome,
a
Avignon ou
a
Paris,
dans une seule de ces résidenccs, ou dans toutcs
les trois allcrnatil•cmcnt. Un élablisscmcnt ma–
gnifique lui scrait assuré aux frais de l'Empirc.
Le pape y jouiroit de dcux millions de rcvcnu,
sans •ucunc des charges de la papauté, car les
cardinaux et lous les ministres du gouvcrnc–
ment spiritucl scraient richcment cntretcnus par
le trésor impérial. Le pape aurait la faculté de
rcccvoir des ambassndcurs de toutcs les puissan–
ccs, et d'cntrctcnir des rcpréscnlants nuprcs
d'cllcs.
11
serait cnticremcnt libre dans le gou–
vcrncmcnt des affaircs spirilucllcs, et ne rclcvc–
rait
a
cct égard que de sa propre volonté. Tout
ce qui pouvnit contribuer a la prospérité'
a
l'é–
clal, a la propagation du catholicismc
scrail.oumaintcnu, ou étcndu, ou rétabli. Les missions
étrangCres seraient restaurées avcc tout l'appui
du norn de la Francc. t es pcres de la tcl'l'e
sainlc scraient protégés, et les Latins rcmis dans
tous les honncurs du cultc
a
Jérusalcm. Mais
a
cct élat somplucux, auqucl il ne manquait que
l'iudépcndancc, Napoléon mctlait une condilion.
Si le pape préférail larésidcncc deRomc, il prc–
tcrait
1
l'Empercur le scr.mcnt que lui prclnicnt
tous les prélats de son Empirc, ce qui cnlrainait
évidcmmcnt l'nbandon par le papedu palrimoinc
de saint Pierre, et si cclte condition lui répu–
gnait trop íortcmcnt, etqu'ils'aceommodat d'Avi–
gnon, il promcltrail simplcment de ne rien fairc
contre les príncipes conlcnus daos la déclaration
de
1682.
Ainsidone, s'il s'agissait derctourncr
1
Romc,
scrmcnt qui entrainait J'abandon des États ro–
mains
ii
J'Empire, s'il s'agissait de vivre libre et
bien doté
a
Avignon, reeonnaissancc eles lihcrlés
gallicanes, telles élaient les conditions queNapo–
léon cxigcait pour fairc cesser
la
captivité de
PieVII et lui accoreler un étahlisscment magni–
fique mais clépcndant. Les trois cnvoyés étaicnt
sccrctement munisdes pouvoirs nécessnires pOlll'
signcr une convcntion sur ces bases. Mais ils dc–
vaicnl laisscr ignorcr
a
toul lemonde, et surtout
au pape , qu'ils avaient ces pouvoirs, jusqu'il ce
qu'ils cusscnt la ccrtitudc de réussir dans lcur
mission, tant pour ce qui rcgardait l'institution
canoniquc que pour ce qui rcgnrdait le nouvcl
établisscmcnt de la papauté.
Commc il rcstait pcudejours entre le moment
oú Nnpoléon se décida
a
cnvoycrccllcdéputntion
et l'époque de la réunion du concilc, les trois
prélals parlirent en toutc hale, car
il
ne leur
élnit aceordé que dix jours pour rcmplir lcur
mission
it
Savonc.
M. l'archcvcquc de Tours (de llarral),
MM.
les
évéques ele Nantes (Duvoisin ),
do
Trcvcs (Man–
nay), partís sans rclard pour Savonc, y arrivc–
rcnt aussi vite que le pcrmcttaicnt les moycns ele
communication clonl on disposait alors. Lepnpc,
quoiquerésignéavccuncrarcdouceur11 unecapti–
vilé forl aggrnvéc dcpuis quclquc lcmps (il étail
sans papicr, sans plumes, sans cncrc, sans secré..
tairc, et toujours survcillé par un officicr de gcn–
darmeric), le pape scnlait néanmoinslapcsanlcur
de ses chaincs, et, bien qu'il appréhcndat ce
qu'on pouvait venir lui annonccr sur l'objet du
concilc, bien qu'il craignit, par excmple, commc
cela s'élnit vu dans <les sicclcs anléricurs, que
Napoléon n'cút réuni ce concilc pour l'y fairc
comparailrc et jugcr, il éprouva une sorle de
soulagemcnt en apprenant que trois p1•élals re–
vctus de la confinncc impérialc élaicnl cnvoyés
pou1·l'cnlrctcnir. JI savait de qucl poids, eleque!
mérilc étaicnt ces homrncs; il savaitaussiqu'ils
étaicnt conlraires aux opinions qu'on appclle en
Franec ullramonlaincs, ce qui 'équivalait pour lui
a
clrc du parti cnnemi ; mais lout cela étnit de
nuJlcconsidél'ntion U
SCS
ycux. L'irnporlant
JlOUI'
lui
1
c:cst qu'ils cussent mission de le visitcr,
c'csl qu'ils cusscnt quclquc chosc i1lui dirc. L'iu–
fortuné pontifc étail commc le prisonnicr qui
éprouvc un lrcssaillcmcnt de plaisir
a
cnlcndrc
Olll'ri1• Ja JlOl'te de
SO
priSOll, aiOl'S
ITIClllC l(ll'CllC
ne s'ouvrc pas pour lui rcndrc
la
liberté.
Pie Vil n'avail de communication qu'avcc le
préfct de Montcnottc, qui lui avait plu, commc