LI! CONCILE. -
Jm•
1811.
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contre les dogrncsde l'Église, voulant tout laisscr
commc dans le passé sous le rapport du spiriluel,
favoriscr rncmc le développcment de la rcligion,
¡¡
n'avait point
a
craindre un schisme.
11
cspérait
bien que les afTaircs religieuscs élant tirécs, par
Ja régularisation de l'institution canonique, de
l'ornicre ou elles étaicnt vcrsécs pour ainsi dire,
le pape captif, voyant tout allcr, et allcr bien
sans son concours, sans sasouvci·aincté , finirait
par accepter la nouvcllc situation q11'on lui avait
proposéc.
Le mode de nomination et d'institution cono–
nique des évcqucs n'étant point uniforme dans
les difTérents pays , et surtout ayant varié avcc
la marche des sicclcs, soulcvait une qucstion de
discipline localc qu'un concile national po11vait
résoudre,pour la Frunceet I'Italic bien cntcndu,
et cette solution suffisait
a
Napoléon, car le.pape
était alors dépossédé de !'arme don! il se servait
pour tout arretcr.
Par ces divcrscs raisons,
il
fut convenu que
I'on formerait un concilc composé des ércqucs
d'Italie, de Frunce, de Hollandc, d'une partic
de l'Allcmagne, ce qui constituerait une asscm–
blée des plus vastcs et des plus majcstucuscs,
q11'on le réunirait i1Paris, au commencemcnt de
juin, et qu'on lui sourncttrait le graveconflit qui.
vcnait de s'élcver entre le pouvoi1· lcmporcl et
l'Églisc. La qucstion devait
et.représentée dans .
un mcssage impérial
a
peu pres daos les termes
suivants.
Napoléon, en arrivant au gouvernemcnt de
la France, avait trouvé les aulels rcnvcrsés, les
ministres de ces autcls proscrits, et il avait relevé
les uns, rappcléJes autres.
11
avait employé sa
puissance
a
vaincrc de rcdo11tablcs préjugés nés
d'une longuc révolution et de tout un siccle
philosophiquc; il avait réussi, et, par lui réta–
blic , la rcligion catholique avail rcílcuri. Des
faits nombrcux et patcnls prouvaicnt quedepuis
son avéncmcnt au tróne
il
n'avait pas
été
com–
mis un scul acle conlrairc
¡\
la foi , tandis qu'il
avait été pris une multitudc de mesures po_ur
protégcr la religion et l'étcndrc. A la vérité, un
fücheux dissentimcnt s'était manifesté entre le
pape et l'Empcrcur.
Napoléon, comptant l'llalic au nombre de
ses conquctcs, avait
~oulu
s'y établir solidcmcnt.
Or , dcpuis qu'il avait ramcné le pape
a
Romc,
ce q11'il avait fait memc avanl le concordat , il
avait rencontré dans le souvc1·ain tcmporeldes
Etatsromainsun cnncmi ouverl oucaché, mnis
loujours intrnitab1c, qui n\wnit ricnnc'gligé pour
ébranler la puissanec des
Fran~ais
en Italie. Le
pape avait donné asile
a
tonsles cardinaux hosti–
lesau roi dcNaplcs,a tous les brigands qui infcs–
taient la fronticre napolitaine, et avait voulu
dcmcurct• en rapport avcc les Anglais, les cnnc–
mis irréeonciliablcs de la France. C'était done,
non pas le souvcrain spiritucl, muis le souvcrain
lcmporeldeRome, qui, pour unequestion d'inlé–
rét toul matéricl, s'était pris dequerelle 'avee le
souvcrain temporcl
dc l'Empircfran~ais.
Etqucllc
armeavait-il cmployée? L'excommunieation,qui
étailouimpuissante, et des IorsexposaiLl'a11torité
spirituclle a la déconsidération , ou dcstructive
de tout.ponvoir, et ne lcndnit
ii
rien moins qu'ii
rcjctcr la Frunce et l'Europe dnns l'anarchir.
lci les plaintcs étaicnt facilcs, el devaicnt
tro11ver de l'écho, car , daos le clcrgé prcsque
cnlier, exccplé la portion fanatique, la bulle
<l'excommunication n'nvnit rencontré que des
improhatcurs, et , parmi les gens éclai1·és de
lous les Étals, il n'y avail pcrsonne qui n'cút dit
que la papauté avait cmployé la un moycn, 011
ridicule s'il était impuissant, 011 coupable s'il
était cfficace, et digne des anarchistes ele '1795.
C'était le premicr cas c¡•Ji s'était réalisé ,
devait-on dire cncorc, el le pape alors avail cu
rccours
il
un sccond moycn, celui de refusc1·
l'institution canonique aux évCqucs
nornmés.Or,
il
avait déja, pour des intércts tcmporcls, laissé
périr l'épiscopat, en Allcmagnc ,
ii
ce point que
sm· vingt-quntrc siégcs gcrmaniqucs
il
n'y en
avait plus que huit de rcmplis, ce qui dcvail
(aire naitrc une grande lcnlation chczdes prin–
ccs, la plupart prolestants, de s'cmparer de la
dotation des siégcs. Le pape agirait-il de mcrnc
en Frunce? On pouvait le crainclrc, car il y avait
déja vingt-sept siégcs ''acanls, auxquels l'Empe–
rcur avait pourvu, et auxqucls le pape s'était
rcfusé de po11rvoir de son cóté en ne donnanl
pas l'instilution canonique. Or était-il possiblc
d'admettrc que le pape, pour la défensc de ses
avantagcs lcmporcls , pul mctlre l'Églisc en
péril, et laisscr périr le siiiritucl ?
L'Églisc dcvait veiller
a
ce qu'il n'en ftit pas
ainsi , et clic en avait le moycn. Le pnpc
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en
rcfusant l'institution, avait violé le collcordat.
Des lors leconcordat était un traité aboli, et on
pouvait
a
volonté se rcplacer dans la conditiondes
anciens temps, oli le P"Pe n'inslituait pas les évc–
qucs, ou les évcqucs, élus par les fidclcs, étaient
confirmés et sacrés par le mét.ropolitain. Tcllc
était la question que l'Empercur ne voulail pas
résourlrc
a
lui scul, muis q11'il posail i1 l'Églisc