LE CONClLE. -
JUIN
1811.
5ti
ccllc-ci le titre de Roi de Romedonné1 l'héritier
du nouvel empire. Soit que celtc cspccc d'cnga–
gcmcnt répugmiL nux évCqucs
~
déji1
rcnrlus 3
Paris pour la plupart. soit que la raison nlléguéc
fút sincere, ils prétcndircnt que le plus grnnd
nombre d'entrccux
étaicnt
trop figés pour suffire
:\ In
fatigue d'unc <louhlccerémonie dans.lememe
jour, et la réunion du concilc fut rcmisc au
dimnnchc qui dcvait suivrc le haptémc. Les
évr'qucs ne purcnt done assislcr au bnplcmc
qu'in<lividuellcmcnt, et non point en un corps
rcprésenlant l'Églisc.
Le
9
juin fuLchoisi pom· la cérémonie solcn–
ncllc du baptémc dn Roi <le Rome. Tout avait
été mis en muv1·e pour que cclle cérémonie fút
digne de Ja grandeur ,de l'Empirc et des vnstcs
dcstinécs promises au jeunc roi.
Le
8 juin au
soir Napoléon se transporta de Saint-Cloud i1
Pnris, cntouré d'un corté-ge magniíiquc,
it
pcu
pres comme eclni <lont il avnit donné le spec–
laclc aux Parisicns en venant eélébrcr son ma–
riagc au Louvrc. Un an s'était i1 peine écoulé, et
Mji1il avait un hfriticr, et il pournit dirc avec
orgucil que la PrOYidcnce lui accordnit tout ce
qu'il désirail avec Ja ponctualité d'unc puissance
sonmisc. Elle ne l'était pas, hélas! el dcvait le lui
prouvcr bicnlót! Mais il semblait qu'cllc lui pro–
digu:\t tous les bonhcurs , commc pour rcndrc
plus grande l,1fnutc rl'cn abuscr, et plus terrible
le chtltimcnt que ecllc fautc cnlrnincrail..
.
Le 8 juin nu so
ir~
il vint
ii
Paris, suívi des rois
dcsafomillc, de Joscph,qui avaitpris ce prétextc
pour se soustrai1·e
~ux
horreurs de la gucrrc
d'Espagne , de Jérómc, qui avait quillé son
royaumc pom· assistcr
!i
eeltc solcnnité, <lu duc
<le Wurzbourg, cnvoyq par l'empc1·eur <l'Au–
triche pour Je rcpréscntcr au baplcmc de son
pctit-fils. NapoJéon avait cu en effct J'attcntion
délicalc de pricr son bcau-pere d'étrc parrnin de
Paugustc cnfant, et l'cmpcrcur Franc;ois , prcssé
<le compJai\'C i1 son rcdoutable gcndre, avait
acccpté Ja qualité de parrain, et clrnrgé le duc
de Wurzbourg d'cn rcmplir pour lui les fonc-
1.ions. Toulc la population de Paris élait accou–
ruc au-dcv:rnt du supcrbe cortégc, déja consoléc
en partic des souO'ranccs commercialcs de cettc
:mnéc par un
rctour
m~rqué
d'activilé indus–
t1·iellc, et par les immcnscs commandcs de la
liste eivilc et de l'administration de la gucrrc.
Jlllc aimait d'aillcurs ce gage nouveau de duréc
accordé par le cicl
o
une grandcur inoulc, qui
était non-sculcmcnt ccllc rl'un hommc, mais ccllc
de la Frunce, et si elle avait des jours de vifmé·
conlcntcmcnt conlrc Napoléon, c'était justrmcnL
lorsqu'il scmblait mcttrc ccllcgrandcur en péril.
Elle l'applaudit cncorc, quoique l'cnthousiasme
ne f1il. plus cclui des prcmic1·s tcmps, clic l'ap–
plaudit, toujours saisie et séduilc quancl clic le
voyait, toujours émcrvcilléc <le sa fo1·lt111c et de
sngloirc,
to11jours
cnLrC"linéc nussi
com111c
lolilc
population par le mouvc111cnt des grandes féles.
Paris rayonnait de mil le fcux; lous les thétllrcs
étnicnt
OUVCl'lS
grntis
a
In foulc crnprcsséc; les
places publiques étaicnt couvcrtcs des tlous
offcrls au pcuplc <le Paris par l'hcurcux pc1·e
du Roi .de Romc, et ce qui ne conlribuait pas
pcu
a
la sntisfoction générnlc, c'cstque Je rcnvoi
de la gucrrc i1une annéc faisail cspél'cr qu'clle
pourrait ctrc évitér,. Des bruits dr, paix complé–
taicnt la joic de ces bellcs J'Ctes.
Le lcndcmain
9,
jour de dimanche, Napoléon,
accompagné de sa femmc et de sa famillc, con–
cluisit son fils
~1
Notre-Damc, l'églisc du
sac1·c)
et
Ic préscntn aux ministres de la rcligion. CcnL
ércques et vingt earclinaux, le Séoat, le Corps
Jégislatif, les maircs des bonncs villes, les rcpré–
sentants de l'Europe , remplissaicnt l'cnccinte
sacréc oU l'enfnnt impérinl dcvnit rcccvoir les
eaux du baptémc. Qunnd le pontire cut achcvé
la cérémonie et rendu
le
Roi de Home i1
la
gou–
rcrnante des cnfants de Frunce , marlame de
Montcsquiou , celle-ei le remit o N:ipoléon , qui.
le prcnant dans ses bras et l'élcvant au-dcssus de
sa tctr,, le préscnla ainsi
á
la magniCiquc assis–
tancc avec une émolion visible, qui dcvint hicn–
tót généralc. Ce spcctaclc rcmua tous les cmurs.
Qucllc prorondcur dans le mysterc qui cntourc
la vic l1umaine
!
Quellc surprisc doulourcusc, si,
dcrricrc ccllc sccne de p1·ospérilé et de gran–
dcur, on avait pu npcrcevoir tout
n
coup lanl.
de ruines, tant de sang et de fcux, et les llamrncs
de Moseou, et les glaces de la Bérésina, et Lcip–
zig, Fontaincblcau, l'ilc d'Elbc, Saintc-Hélcnc,
et cnCin la mort de cct augustc cnfant 11 dix-huiL
nns, dans
J'cxil,
sans une sculc des couro1lncs
aujourd'hui accumulécs sur
sa
tCtc, et tnnt d'nu
·
tres révolutions cncorc qui dcvaicnL rclcrcr sa
f~millc
aprcs l'avoir abattuc
!
Qucl bicnfait de la
Provi<lr.nce d'avoir caché
it
l'hommc son lcndc–
main1
mais qucl écuril aussi pour sn pmdcncc
chargéc de devincr ce lcndcmain 1 et de le conju-
1·cr
i1
force de sngcssc
!
En quitlant la métropole nu milicu d'une nrnl–
tiludc immcnsc, Napoléon se rcodit 11 rl1ólcl de
ville, oú un hanquet impérial était prrpar1'. So11s
les gouvcrncmenls absolus, on flattc roJontiers