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LE CONCILE. -

MAi

181

l.

31

étnit chargé de mcnacer In Sucde d'une expé<li–

tion qui devait partir elu Julland et secondc1· les

Russes en Finlande ; mais il avait

rc~u

sous

mnin l'ordrc de ne point agir. Se targunnt vo–

lontiers des méritcs qui n'élnient pas les sicns,

il s'élait fait valoir auprcs des Suédois de son

inaction, commc !i clic avail été volontairc, tan–

dis qu'cllc était commaneléc. Carcssant en tous

lieux tout le monde, par un vague instinctd'am–

bition qu'éveillaient lous les tróncs vacants ou

pouvant vaquer, il s'était fait eles amis dnns

la

noblesse suédoisc, dont les gouts étoicnt mili–

taircs. Sachant tour

a

tour ílallcr les nutres el

se vanter lui-mémc, il avait conquis quelqucs

enthousiastcs qui voyaicnt en lui un prince ac–

compli. C'était done l'ancicn général Bcrnadottc

dont quelqucs mcncurs

pronon~aicnt

le nom,

commc d'un parent chcr a Napoléon, comme

d'un mililairc qui lui aYait rcndu d'immenscs

scniccs, et qui vaudrait

a

la Sucdc, outrc un

grand éclat, loute la favcur de la Francc.

Cctte ielée s'était rapidcment propagée, et on

ayait íait de nouycaux clforts pour arrachcr

b

l'oraclc qui se taisait une réponsc qu'il ne voulait

pas donncr. Un dernicr inciden! , singulicr

comme lous ceux qui devaicnt signalcr ccttc

révolulion dynastique , était survcnu réccm–

mcnt, et n'était pos de noture

a

éclaircir les

doutes des Suédois. Nolre chargé el'alfaircs ,

M. Désaugiers, vcnait d'étre dcstitué pour s'ctre

prélé avcc un pcrsonnagc suédois a une convcr–

salion de laquelle on aurait pu conclurc que la

France penchnit pour l'union des trois cou–

ronnes. Ce soin

a

désavouer une pcnséc qui

pourtant élait la sicnnc prouvait

a

que! point

In France tenait a ne pas manifestcr son opinion.

Que désirait·clle done?

Dans ce cruel embarras, Je roi ayant a faire

cnfin une proposition au comité des Élals asscm–

blés, nvait préscnté trois candidats : le duc

d'Augustenbourg, le roi de Dancmark et Je

princc de Ponte-Corvo (Bcrnadotte). Le comité

des États, sous J:influcncc de M. d'A<llersparrc,

chef du partí révolutionnaire et mililaire qui

avait détróné Gustavc IV, nvait adopté comme

la

résolution Ja plus sagc, Ja moins hasardcuse,

bien r¡uc dirigée clairemcnt dans le seos de la

bonne politique, l'adoption du duc d'Augustcn–

bourg, frcrc du prince défunt. Ce candidat avait

eu onze voix, le prince ele Ponte-Corvo une

seulc. On espérait bien vaincre ainsi l'opposition

que le roi de Danemark avait mise

a

l'accepla–

lion du duc d'Augustenbourg.

Les ehoscs en étaicnt la, lorsqu'il était nrrivé

lont

a

eoup un ancien négociant

fran~ais,

établi

longtcmps a Gothcnbourg oú 11 n'avait pas été

hcurcux dans son commcrcc , et qui était, dans

un momcntparcil, un cxccllent agcnt d'élcctions

acmploycr. Envoy<\ par le princc de Ponle-Corvo

avcc des lcttres, avcc des fonds, il avait mission

de tout mcttrc en reuvre pour soutcnir le candi–

dat

fran~ais.

En quclqucs inslants les bruits les

plus étranges avaient circulé. Sans rnontrer ni

des ordrcs ni des instructions du cabinet fran–

~ais

qu'on n'avait point' on s'était mis

a

di

re

partout iiu'il fallait avoir !'esprit bien pcu péné–

trant pour ne pas découvrir la véritable pcnséc

de la Francc, pcnsée qu'elle élait obligéc de

tairc par des ménagcmcnts poliiiqucs facilcs

a

dcvincr, mais pcnsée évidcntc, ccrtainc, dont

on élait sur, et qui n'était nutre que l'élévalion

au trónc de Suedc du prince de Ponte-Corvo,

cct illustre général , ce sagc conscillcr, l'inspira–

teur de Napoléonelans ses plus belles campagncs

et ses plus grands acles politiques. On deman–

dait de tous cótés comrncnt onavait l'intclligence

asscz parcsscusc ele ne pas comprcndre celtc

penséc, et ne pas voir le motif du silcncc appa–

rcnt, alfecté mcme, auquel la Francc était con–

damnéc? Cette comédie, jouéc avce hcaucoup

d'art, avnit parfaitemcnt réussi. Pcrsonnc n'avait

voulu passcr pour un esprit obtus, incapablc de

pénétrcr

la

penséc profondc de Napoléon ; tout

Je monde yavait cru,

a

tcl point, qu'en quelqucs

hcures

la

nouvclle opinion cnvahissant le gou–

vcrncmcnt et lesÉtats, le roi avait été obligé de

revenir sur la présenlation qu'il avait faite, le

comité élcctoral sur le vote qu'il avait émis, et

qu'cn une nuit le prinee de Ponte-Corvo avait

été présenté, et élu

a

la prcsquc unanimité ,

prince royal , hériticr de la couronnc de Suede.

Cet élrange phénomcne, qui dcvait élcver au

tróne Ja seule des royautés napoléonicnncs qui

se soitsoutcnuccn Europe, prouvait dcux choscs,

a

que! point !'opinion en Suede était puissanle

en favcur el'une royau!é el'origine

fran~aise,

et combicn

il

faut peu de temps pour faire

éclatcr une opinion, quand elle cst généralc

quoiquc comprimée, et momenlanément dissi–

muléc

!

Mais tout dcvait étrc bizarrc dnns cetle révo–

Jution. Tandis que l'agcnt sccrct, auleur de ce

brusquc reviremcnt élccloral, était parti ele Pa–

ris, Napoléon, avcrti de son départ, et se dou–

tant qu'il abuscrait du nom de la Francc, avait

chargé le ministre des affaircs étrangcrcs de le