LE CONCll,E. -
MAi
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l.
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admetlre que la policc
fran~aíse,
avcc ses i11gé-
11ieuses persécutions, s'inlroduísit en Danemark.
Le maréehal Davoust réclamait, mais envain. Le
zele du roi de Danemark ne pouvaít égaler le
sien, bien que par le earacterc ce roi neftit pas
loin de rcssemblcr
a
l'illustre maréehal. Au
moyen des corsaircs et de la contrcbande, que
secondait si bien la forme du pays, lo Holslein
s'était rempli dedcnrécs coloniales, et Napoléon,
agissanl
a
son égard comme
a
l'égard de la llol–
landc, avait essayé de vider ce dépot en accor–
dant aux dcnrées coloniales deux mois pour
entrcr dans l'Empire au droit de 50 pour cent.
La combinaison avail réussí, et avail produít
sur ce point seulemcnl 50 millions de pcrccp–
lion. Le Holstcin s'élait vidé, et n'élail plus un
magasin de produits coloniaux anglais. La con–
lrebande de ce colé étail done presquc suppri–
mée. Le Danemark nous avait fourni de plus
trois mille marins exccllcnls pour la floUe d'An–
vcrs. On ne pouvait done pas dcmander micux
a
ce brave pcuplc pour la cause marilime,
lorsqu'ellc étaíl d'aillcurs compliquée d'intércts
si étrangers par suite de la poliliquc conqué–
rantc de Napoléon.
Un motif, il faut le dire, conlribuait
o
sa fidé–
lité, c'élait la crainte de la Sucde, el sous ce
rapporl
il
lrouvail le prix de sa conduile elans la
fidélité de Napoléon cnvcrs lui. La Sucde ayant
pcrdu la Finlande par l'extravagance ele son r9Í
plus cncore que par l'insuffisance de ses armes,
avait la coupable ¡iensée de s'endédommager en
prcnunt
á
plus faíblequ'clle, c'cst-a-direencnlc–
vant la Norwégc au Danenrnrk. Napoléon sur ce
point s'était monlré inflexible. Mais pour com–
prendre cettc autre complication européenne, il
fout connaitre une nouvcllc révolulion qui
s'élaíl passée depuis quclqucs moísenSuCdc, le
paysqui, aprcs la Francc, étail nlors leplus for–
tileen révolutions.
On a vu précédcmment comment le peuple
suédois, fatigué des foliesde Gustave IV qui luí
avaient foil perdrc laFinlande, s'étail débarrassé
par une révolution militairc de ce monarquc
i11scnsé. C'était le troisicmc princc de ce temps
nttcinl d'aliénalion mentale. Chaquc pays avail
- pourvu sclon ses institutions a cctte défaillancc
de l'aulorité suprcme. En Russic, on avait assas–
síné Paul I"; en Anglctcrrc, on nvait rcspec–
lucuscmenl pincé Gccrge lII sous une tutcllcde
fnmillc, par une simple délíbération du Parlc–
mcnt; enSuCdc, un corps d'arméc révollé nvail
ólé
it
Gustnvc
1
Vsonépéc et son seeptrc. Dcpuis
lors, Guslnvc IV crrait en maniaquc
lt
travcrs
l'Europc, cxposé
a
la pitié de toutcs les nations,
el obtenanl du reste partout les égards dus au
malhcur, taodis que son ooclc, le due de Sudcr–
manic, dcvcnu roi sans l'nvcír rechcrcl1é, régnaít
a
Stockholm aussi sagement que le permct–
taicnl les diffieultés du temps. Su1·sn demande,
Napoléon nvait acccrelé la paix
a
la Suóde,
o
condition qu'clle se mcttrail immédintemenl en
gucrrc nvce l'Anglclcrrc, qu'clle formerait ses
ports au commcrce britanniquc, et qu'clle ndop–
terait tous les rcglcmenls du bloeus continental.
Ainsi, pour avoir lapaix avec la Russic etavcc la
Francc, la SuCdcnvait été ouligéc d'nbandonncr
la Finlande
11
la p1·cmierc, et de sacrificr son
commcrcc
a
la sccondc.
A
ce prix ello avaít
rcccuvré la Pcméranic suédoise,
a
laquellcclic
tcoail par un vicux préjugé national qui luí
faisait voir dans ccllc province son pied-B·lcrrc
sur le contincnt, commc si un
nouYeau
Gus–
lnvc-Adolphc cu un nouvcauClrnrlcsXll avaienl
dü y descendrc pour vaincrc Wallenstein ou
Pierre le Grand.
A
ce prix cncorc elle nvnil
recouvré ses rclations ccmmcrcialcs avcc le con–
tinent; mnis que scrvnit de les rccouvrcr, si en
acc¡uérant la faculté d'i11lroduirc des marchan–
discs de toul gcnre daos l'Europc contincntalc,
clic perdail pnr
la
gucrre nvcc l'Anglclcrrc la
faculté de les rcecvoir? A l'inconvénícnt d'ctrc
bloquéc par tcl'J'c, clic substituait cclui d'ctrc
bloquéc parmer. Lemaladc n'avaít done fait que
se relourncr sur son lit de clouleur.
11
csl vrai
qu'il avait changé de place, cspccc de soulagc–
mcnl momenlané qui trcmpc la soulTrnncc et
fnit passcr le tcmps
a
eelui qui souírrc.
La Sucdc était sortic d'cmbarras comme en
sortent les faiblcs, en lrompant. Elle n'avaíl fnit
a
l'Anglclerrc c¡u'unc déclaration ele gucrrc fie–
tivc; clic lui avail formé ses porls, mais en lui
laissant ouvcrl leprincipal d'cntrccux, le micux
pincé, celui de Gothcnbourg. Ce port, situé dans
le Cattégat , vis-a-vis des rivages de la Grande–
llrclagnc,
a
l'enlréc d'un golfe profond, se pré–
scntait avcc des commodités infinics pour I'é–
trangc syslcmc de ccntrebandc imaginé
a
ccttc
époquc. C'était dans ce golfc de Gothcnbourg et
daos les iles dont
il
cst parscmé que la conlrc–
bande nnglaisc s'était rctiréc, dcpuis qu'cllcavnit
<¡uitté l'ilc d'Héligoland de,•arll la mcnacc d'unc
cxpédilion préparéc par le maréchal Davoust. La
flolte de guerrc anglaisc, sous l'amiral Sau–
marez, stnticnnait ou
a
l'ile cl'Anholt, ou dans
les divcrs mouillagcs du golfo de Gothenbourg.