LE CONCILE. -
MAi
1811.
bition d'en tirer pour son pays c¡uclque résultat
éclntant, il aurait 1•oulu faire sortir de cclle pnix
une cspccc d'allinncc, etde cclte alliancc
In
rcs–
litution de l'Illyrie, qui,
a
cause de Triestc et
de l'Adriatique, était ence moment ce que l'Au–
trichc rcgre!lait le plus. C'cst par ce motif que
l'idée d'un mariage de Napoléon avee Maric–
Louise nvait été accucillie avcc lant d'empresse–
mcnt. Mais cctte polilique lrouvait
a
Viennc
plus d'un contrndictcur.
La
cour, ne se croyant
pas plus que de coulumecnchainée nux volonlés
du ministcrc, obéissant comme toujours :\ ses
passions, reccvait les Russes, et en général les
mécontcnts qucls c¡u'ils fussent, avcc la plus
grande fa1•eur, tcnait le langage le moinsmesuré
a
l'c'gard de la France, et daos les nuagcs qui
venaicnt des'élever vcrs leNord croyant apcr–
ecvoir de nouveaux orages, s'élait mise
a
les ap–
pcler de ses vreux, car daos les cours aussi bien
que dans les rues, les méconlents ont l'habilude
de soulrniter les tcmpéles. Avce un emprcsse–
mcnt qui ne lui élait pas ordinaire, la cour de
l'ienncavait fait aecucilaux écrivains. MM.Schlc–
gel, Grelhe, Wieland et d'autrcs encorc, nvaient
été attirés et
re~us
a
Vicnne nvcc beaucoup
d'éclat.
11
y avait alors une maniere détournéc,
el du reste forl légitimc, de dirc que l'Allcma–
gnc dc1·ait bienlcit se soule1•cr contre la Francc,
c'était de célébrcr, d'exaller ce qu'on nppclait
le génic germanique, de proclamcr sa supério–
rité sur le génie des autres pcuplcs, d'ajouter
naturellement qu'il n'était pas fait pour vivre
humilié, vaincu, esclave, et d'annonccr son ré-
1·cil éclatant et prochain. En brúlant beaucoup
d'enccns devant les écrivains illustrcsque nous
1·cnons de nommer, la société deVicnnc n'nvait
pas voulu indiqucr nutre chosc; et ccltc aristo–
cratic, plus élégonlc que spiritucllc, avait flutté
les gens d'esprit
a
force de lrnfr la Francc. La
nalion autriebiennc, fatiguée de la guerre, se
défiant des imprudences de son oristocratie, ne
dcmandant pos micux que d'etrc vengée des
Fran~ais,
mais l'espérant pcu, imilait sonsagc et
malicieuxsouverain, qui, entre les courtisans et
les ministres, ne se
pronon~ait
pas, laissail par–
ler les courtisans qui parlaient suivantsonereur,
et agir les ministres qui agissaient sclonsa pru–
dence. On se doutait bien
a
Vicnne que Jagucrre
ne tardcrail pos d'éeloter entre la Frunce et la
Russic, et qu'on serait prcssé d'optcr; mais on
avait pris son parti (nous voulons parler du gou–
vernemcnl), et., si on ne pouvait pas rcstcr neu–
tre, on était déddé a se prononcer pour le plus
fort, c'cst-a-dire pour Napoléon. Ainsi on se fe–
roil paycr de son option par la rcstitution de
l'fllyric; on ne fcrnit en cela que ce que Ja Rus–
sie avail fait en 1809 eontre l'Autriche; on l'irni–
tcrait mémc complétcmcnt; on
~erait
11llié de la
Froncc, mais allié peu oclif, el, commc la Rus–
sic, on tacherait d'obtcnir quelquo chose
o
Ja
paix, saos l'avoir gagné pendan! la guerrc. Ces
vucs subtilcs du ministre dirigcant étaicnt ccllcs
aussi de l'cmpcrcur, qui, oyant été plus d'unc
fois ubandonné par ses alliés, se croyait en droit
de se tircr du naufrage de la vicille Europe
comme il pourrait, ce qui ne l'cmpéehait pas de
chérir sa filie, l'lmpératricc des
Fran~ais,
et
d'adrcsscr des rreux au cicl pour qu'cllc ftit
heureuse. Mais, souverain ovant tout d'un Étal.
vaincu, amoindri,
il
aspirait a le rclevcr par lo
politiquc, la guerrc ne lui ayant pas réussi contre
son terrible gendre. ·
J,'empereur laissait done allcr la cour comme
clic voulait, se contenlant de ne prcndre part
a
aucunc de ses manifcstations, écrivait les lettrcs
les plus amicales
a
sa filie, aimail
a
apprend1·e
d'clle qu'cllc était satisfaite de son sort, cncou–
ragcnit son ministre
a
lraiter lcntcmcnt et pru–
demmcnta1·cc la Francc, consentait tout d'obord
n
aidcr cclle-ci en Turc¡uic, car
il
s'agissait la
d'cmpécher les Russcs d'oblcnir les provinccs
du Danubc, et pcrmcttait qu'on lui donnat
a
es·
pércr l'a!Jiancc de l'Aulriche dans lecas de nou–
vcllcs complieations europécnncs,
a
condition
loutcfois de solides avanlagcs. Mais, tou t en cn–
trantace point dans les intentions de songcndrc,
il 1•oulait qu'on ne ccssat pas de lui conscillc1· la
paix, car, il faut le rcconnaitrc
h
sa louangc, ce
sagc empcrcur, ayant
l'U
la gucJ'J'e cntraincr
t:int de maux daos ce siécle, nimait micux la
paix le laissant le! c¡u'il était, que lagucrrc pou–
vant lui rcstituer quclqueehosc de ce qu'il avait
perdu.
Du reste M. de Metternich entrait profondé–
ment dans cctlc politiquc, mais l'action cngagc
souvenl plus qu'on ne 1·cut, et
il
pcnchait de
notrc ccité pcut-étre un pcu plus que l'cmpercur,
parce que, obligé d'avoir lous les jours sa main
dans la nótrc. il ne lui était pas facilc do !'y
mcttrc
h
demi. " Ne vous inquiétcz pas, disait-il
1t
M. Otto, de tout ce qui •e débitd Incour.Les
femmcs sont ainsi fnitcs : il faut qu'cllcs parlcnt,
et clics parlen! suivant la modc du jour. Lais–
sons-lcs dire, et fnisons les afTaircs. "
11
cxpli–
quait cnsuitc ce qu'il entcndait par les bien fui re.
Ce g1·and ministre, destiné
a
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