Table of Contents Table of Contents
Previous Page  31 / 570 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 31 / 570 Next Page
Page Background

LE CONCILE. - "'' ·18ll .

21

si nous pal'vcnons

!1

nous cntcndre, je 1•ous

prodigucrai,

a

votrc maitrc et

a

vous, les lémoi–

gna~cs

d'amitié les plus significatifs.

11

Les choscs se passcrent en elfet

a

cellc grande

fclc commc l'avait annoncé l'cmpercur Alexan–

c11·c, et toules les convenanccs furcnt sauvécs.

M. de Laurislon, fort impatiemmcnt nttcn<lu,

al'riva cnfin le 9 mai

l

811

a

Sainl-Pélcrsbourg.

M. de Caulaincourt le présenta sur-lc-champ

it

l'empcrcur Alexandrc, qui l'accueillit avcc une

gl'acc parfaitc et une confiancc flattcuse, sachan!

que sous le rapport des dispositions amicales et

véridiqucs il ne pcrclait rien au changc. Aprcs

quclqucs jours consacrés

a

des réceplions offi–

cfolles plcincs d'éclat, Alcxandre, tanlót en pré–

sencc de M. de Caulaincourt, lantót en telc-a–

lctc, mit M. de Lauriston

a

la question pour

ainsi dire, afin d'cn obtcnir quclquc éclaircissc–

mcnt salisfaisant sur les projcts de Napoléon;

111ais il n'en apprit ricn que ne lui cut déji1 <lit

M. de Caulaincourt, que ne lui cut rapporlé

M. de Czcrnichctf, réccmmcnt arrivé de Paris.

Napoléon ne désirait point une rupturc, mais H

ai·mail pal'ce qu'il avait appris l'arrivée en Li–

Jhuanie desdivisionsdeFinlande et de Turquic,

parce qu'on rcmuait de la lene sur la Dwina el

le Dniepcl', pal'CC qu'on lui

annon~ait

parlout la

gucrrc, parce qu'il craignait qu'on ne la lui fit

aprcs l'arrangcmenl des atfaires de Turquie,

parce qu'on admellait les Améi'icains dans les

ports de Russie, cle...-A ces rediles, Alcxandre

ne pul qu'opposcr d'aulrcs rediles, et répétcr

<¡u'il armait sans doute, mais uniquemcnl pour

répondrc aux armemcnts <le Napoléon; qu'il ne

songeait nullemcnt

a

commenccr une nouvcllc

gucrrc ap1·cs l'arrangcmcnt des atfaircs de Tur–

quic; c¡u'il ne prcndrait les armes que si on les

prcnait contrc lui ; qu'il cng11geail sa parolc

d'hoinmc et de souveraiu de ne point ngir au–

lrcmcnl ; qu'il rcccvait les Amérieains pnrec

'lu'il ne pouvait pas se passcr de ce reste de

commercc, el qu'cngagé

a

Tilsit, non uux

<lé–

crcls de Bcrlin ou de Alilan qu'il ne connaissait

point, mais au th·oit des neutros, il élait ficlclc,

plus lideleque la Francc,

u

ce droit en admcllanl

les nculrcs chez lui ; •1u'cn un mot il était prct

a

dé.mrmcr, si on \

1

0Ulait convenir d'un désar–

lllClllCllt réciproquc.

Apri:s ces rc<litcs, qu'il fit cntcnclrc ;\Al. de

Lauriston commc il les arnit fait cnlcndrc lanl

de fois

a

M. de Caulaincolll't,

iJ

rc~ut

les adicux

de cclui·ci, le sel'l'amCmc

dans ses

bras, le sup–

plia de fairc connaitrc 11 Napoléon la vérilé !out

cnticrc, pria M. de J.auriston, qui était préseut,

de la répétcr ¡,son Jour, en ajoutant avcc tl'is–

tcsse ces parolcs caraetéristiqucs : " Mais vous

ne scrcz pascru plus que Al. de Caulaincourt...

On clira que je ''ous ai gagné, qu.? je vous ai

séduit, et que, tombé dans mes filcts, vous étcs

dcvcnu plus Russe que Fran9ais... •

M. de Caulaincoul'l partil pour Paris, et M. de

Lauriston, aprcs quelqucs jours passés

n

Saint–

Pélerslwurg1 écrivit au minislCrc frnngnis qu'cn

sa qualité d'honnétc hommc il devait la vérité

it

son sou,•crain, qu'il étail résolu !1 la lui di1·c,

qu'il dcvait done lui déclarer que l'empcreur

Alexandrc, préparé dans une ccrtainc mesure, ne

voulait cepcndant pas la gucrrr, que clans aucun

cas il n'cn prcndrait l'initiative, qu'il ne larcrait

que si on allait la porlcr chcz lui ; c¡uc quaut

11 Oldcnbourg, il acccptcrait ce qu'on lui donnc–

rait, mémc Erl'urt, bien que ccttc indemnilé fút

dérisoirc, et que, pou1· l'amour-proprc russcpro–

fondémcnt blcssé, il scrait bon de trouvcr micux;

que rclativcmcnt

a

laqucstion commcrciale, 011

obticndrait plus de rigucur dans !'examen des

papicrs des nculrcs, quoiqu'il y cut déj1 une

ccrtaincsévérité déployéc

a

lcur égarcl' puisquc

cent cinquanlc btitimcnts anglais avaicnt été

saisisen

unan;

01ais que la Russic n'iraitjnmais

jusqu'a sc passcrcnticremcnt des ncutrcs. " Jcnc

puis, ajoutait M. dcLaurislon, voii·quc ce queje

vois, et dil·c que ce que je vois. Les choses sont

telles que je les cxposc, et si on ne se contente

pasdcs seulcs conccssionsqui soicnl possiblcs,011

aura Ja

guerre,

on l'aura parce

qu'on

rm1ra

Youlue, et elle sera grave, d'aprCs

tout

ce que

j'ai observé tant ici que sur ma routc. ,, M. de

Czcrnichctf ful de nouvcau cnvoyé

!i

Paris pour

répétcr en

d'aulrcs

termes, nrnis avec les rnCmcs

affirmntions, exaetcmcnt les mCmcs choscs, et

aussi pou1· continucr auprcs des bul'caux de la

guerrc un gcnl'e de corruption clont il avait scul

le sccrct dans la lcgation russc, et auqucl son

gouverncmcnt allachait un grand prix, parce

qu'il en obtcnait lrs plus précicuscs informa–

tions sur tous les préparatifs militaircs de la

Frunce.

Lorsqnc ces nouvcllcs cxplicalions parvinrcnt

1i

Paris, par le rclour de

~IM.

de Czcrnichctf

et de Caulaincourl, par les letlrcs de M. <le

Lauriston, Napoléon en conclut non poinl que la

paix élait possiblc, s'il lc voulait, hrnis 11uc la

guen·c scrnit différée cl'une annéc, cni· él'idcm–

mcnLles llusscs ne prcndrnicnt ¡rns

l'initinli\'C,

puisqu'ils ne J'a,•aicnl pas déj:\ pl'isc aprcs tout