LE CONCILE. -
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nus de Polognc et d'Allcmagnc, et lui-meme
d'oilleurs n'élait pas f:iché qu'on s[1l qu'il était
préparé ¡, se bien battrc. «Vous prétcndez que
j'armc, avait-il dit;, M. de Caulaincourl, et je
suis loin de le nicr; j'11rrnc en cITct, je suis prCl,
toul
á
foil prcl, et Yous me trouvcrcz clisposé
n
me défendre énergiqucment. Et que penscriez–
vous de moi si j'nvais ngi autrcmcnt, si j'avnis
étéasscz simple, ossez oublieux de mes clevoil·s,
pour Jaisser mon pays exposé 11 la volonlé si
promptc, si cxigcante et si redoutablc de Yolre
nrnitrc? Mais je n':ii ormé que lorsque des avis
surs, infoilliblcs, dont, bien entcndu, je n'aipos
i1
vous révélcr la sourcc, m'ont appris qu'on
mellait Dantzigenétat dedéfcnsc, r¡u'onuugmcn·
tail
la
gornison ele eetlc vi lle, que les t1·oupes clu
nrnréchal Davoust s'accroissaicnt et se conccn–
traicnt, que les Polonais, les Saxons avaient or–
dre de se tenir prcts; qu'on achcvait Modlin,
<1u'on réparait Thorn,qu'on approvisionnoit en–
fin toutcs ces places. Ces avis
rc~us,
voici ce que
j'ai fait... • Conduisont olors por la moin M. de
Coulaincourt dans un cabinet reculé ou étaicnl
étaléesscs caries, Alcxandrc ovaitajouté: " J'ai
ordonné
de~
trovaux défcnsifs non pasen avanl,
mais en arriCrc de ma frontiCrc, sur la Dwina
et le Dniepcr,
h
Riga,
ii
Dunabourg, 11 Bobruisk,
c'cst-11-dire
ii
une distance du Niémen prcsquc
égolc
a
eclle qui sépore Strasbourg de Paris. Si
votre maitre fortifioit Paris, pourrais-jc m'en
plainelrc?
Et
quand
il
porteses préparatifs si en
nvnnt de ses fronlicrcs, ne ¡mis-je pos armcr si
en arrierc des micnnes, sans élre accusé de pro–
vocation? Je u'ai pas tiré des divisions entieres
de Finlandc, mois sculcment rendu aux divisions
de Lithuonic les régimcnts qu'on Jcur avait cn–
levés pour la guerrc contre lesSuédois; j'ai cn–
voyé
n
l'nrméc les balaillons de garnison, et
changé l'organisotionde mes dépóts. J'augmcntc
ma gordc, ce dont vous ne me porlez pas, et ce
que je vous avouc, et je tache de Jaremire digne
de la garde de Napoléon. J'ai enfin ramcné ciuq
de mesdivisions de Turquic, ce dont je suisloin
de fairc un mystcrc, ce dont au conlrairc je
fo
is
un gr·icfcontrc vous, car vous m'empcchcz ainsi
de rccucillir le fruit convenu de notrc alliancc,
fruit bien modiquc en comporaison de vos con–
quctcs; en Un mol, je ne ''CUX pas étre pris
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dépourvu. Je n'ai pas d'aussi bons généraux que
les vótres, et surtoutjc ne suis, moi, ni un gé–
néral ni un administratcur commc Napoléon ;
mais j'ai de bons soldals, j'ai une nationdévouée,
et nous mourrons tous J'épéc
a
la main plutót
que de nous lnisser trniter commc les Hollonelnis
ou les l!ambourgeois. Mais, je vous le déclarc
sur rl1onncur, je ne tircrni pus
le
prcmicr conp
<le canon. Je vous Jaisscrai pas5er Je Niémcn
sans le
pa~scr
moi-mCmc. Croycz-moi, je ne vous
trompe point, je nevcux pos Ja gucrrc. Ma na–
tion, quoiquc blcsséc des allurcs de votrc empe·
rcur
~
mon égard, quoiquc alarméc de \•os cm·
piélements, ele vos projets sur la Polognc, ne
vcut pas plus la gucrrc que moi, car elle en sait
ledanger ; maisattaquéc clicnercculcra point. ,.
M. ele Caulaincourt ayant répéié au czar que,
en dchors de Ja guerrc, il y arnit eles choscs qui
pouvaicnt égalcr la gravité de In gucrrc cllc–
rnémc, que le projct sccrct de se rapprochcr de
l'Anglclcrr·c aprcs Ja conquétc des provinces dn–
nubicnncs, de
ré~ablir
le commerce russc nvcc
clic, serait jugé par Napoléon commc non moins
clangcrcux que des coups ele canon, Alcxondre
avait éié aussi prompt
a
s'cxpliqum· sur ce sujct
que sur les nutres. " Me rapprocher, a1·ait-il
dit, de l'Anglctcrrc aprcs l'orrangcment des nf–
faircs de Turquic, je n'y pense pos! Apres Ja
gucrre de Turquic, aprcs avoir ajouté la Fin–
Jandc, la Moldavic, la Valachie
a
mon cmpire,
je consielérerai
la
ttichc militairc et politique de
mon rcgne COmlllC accomplic. Je ne \'CUX plus
courir de nouvcaux hasnrels, je 1·cux jouir en
paix de ce que j'auroi acquis, et m'.occupcr de
civiliser ·mon cmpire au lieu de rn'atlachcr i1
l'agrandir. Or, pour me rapprocher de l'Angle–
lerrc, il faudrait me séparcr de la Francc, et
courir la chance d'unc gucrre avcc clic, que je
regardc commc la plus dangcrcusc de toulcs !
Et pour que! but? pour servir l'Anglctcrre, pour
venir
a
l'appui de ses théorics muritimcs, qui ne
sont pas les micnncs? Ce scrait
i11scnsé
de ma
port. La gucrrc de Turquic finic, je vcux dc–
mcurcr en rcpos, dé<lommagé de ce que vous
aurcz acquisparccqucj'nurni :icquis moi-mémc:
trcs-insuffisarnmcnt elé<lomrnagé, eliscnt les ad–
vcrsnircs de la politique de Tilsit, rnais suffisam–
mcnt
a
mes ycux.
Je
rcstcrai fidclc
a
cette poli–
tiquc, je resterai en gucrre avcc l'Anglctcrrc, je
lui ticndrai mes porls fcrmés, dans Ja me_surc
toutefoisque j'ni fait conD<1itre et elont
il
m'cst
impossiblc de me eléparlir. Je ne puis pos, en
cífct, je vous l'ai dit, je vous le répete, inlcrdire
tout commercc
1i
mes sujcts, ni leur défcudrc de
fraycr avcc les Américoins. JI entre bien ninsi
quelques marchandiscs anglaiscs en Russie, mois
vous en introcluiscz au moins autont clicz vous
poi' vos liccnccs, et surtout pnr votrc tarif qui