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LE CONCILE. -

AVRll.

!81

l.

l9

nus de Polognc et d'Allcmagnc, et lui-meme

d'oilleurs n'élait pas f:iché qu'on s[1l qu'il était

préparé ¡, se bien battrc. «Vous prétcndez que

j'armc, avait-il dit;, M. de Caulaincourl, et je

suis loin de le nicr; j'11rrnc en cITct, je suis prCl,

toul

á

foil prcl, et Yous me trouvcrcz clisposé

n

me défendre énergiqucment. Et que penscriez–

vous de moi si j'nvais ngi autrcmcnt, si j'avnis

étéasscz simple, ossez oublieux de mes clevoil·s,

pour Jaisser mon pays exposé 11 la volonlé si

promptc, si cxigcante et si redoutablc de Yolre

nrnitrc? Mais je n':ii ormé que lorsque des avis

surs, infoilliblcs, dont, bien entcndu, je n'aipos

i1

vous révélcr la sourcc, m'ont appris qu'on

mellait Dantzigenétat dedéfcnsc, r¡u'onuugmcn·

tail

la

gornison ele eetlc vi lle, que les t1·oupes clu

nrnréchal Davoust s'accroissaicnt et se conccn–

traicnt, que les Polonais, les Saxons avaient or–

dre de se tenir prcts; qu'on achcvait Modlin,

<1u'on réparait Thorn,qu'on approvisionnoit en–

fin toutcs ces places. Ces avis

rc~us,

voici ce que

j'ai fait... • Conduisont olors por la moin M. de

Coulaincourt dans un cabinet reculé ou étaicnl

étaléesscs caries, Alcxandrc ovaitajouté: " J'ai

ordonné

de~

trovaux défcnsifs non pasen avanl,

mais en arriCrc de ma frontiCrc, sur la Dwina

et le Dniepcr,

h

Riga,

ii

Dunabourg, 11 Bobruisk,

c'cst-11-dire

ii

une distance du Niémen prcsquc

égolc

a

eclle qui sépore Strasbourg de Paris. Si

votre maitre fortifioit Paris, pourrais-jc m'en

plainelrc?

Et

quand

il

porteses préparatifs si en

nvnnt de ses fronlicrcs, ne ¡mis-je pos armcr si

en arrierc des micnnes, sans élre accusé de pro–

vocation? Je u'ai pas tiré des divisions entieres

de Finlandc, mois sculcment rendu aux divisions

de Lithuonic les régimcnts qu'on Jcur avait cn–

levés pour la guerrc contre lesSuédois; j'ai cn–

voyé

n

l'nrméc les balaillons de garnison, et

changé l'organisotionde mes dépóts. J'augmcntc

ma gordc, ce dont vous ne me porlez pas, et ce

que je vous avouc, et je tache de Jaremire digne

de la garde de Napoléon. J'ai enfin ramcné ciuq

de mesdivisions de Turquic, ce dont je suisloin

de fairc un mystcrc, ce dont au conlrairc je

fo

is

un gr·icfcontrc vous, car vous m'empcchcz ainsi

de rccucillir le fruit convenu de notrc alliancc,

fruit bien modiquc en comporaison de vos con–

quctcs; en Un mol, je ne ''CUX pas étre pris

011

dépourvu. Je n'ai pas d'aussi bons généraux que

les vótres, et surtoutjc ne suis, moi, ni un gé–

néral ni un administratcur commc Napoléon ;

mais j'ai de bons soldals, j'ai une nationdévouée,

et nous mourrons tous J'épéc

a

la main plutót

que de nous lnisser trniter commc les Hollonelnis

ou les l!ambourgeois. Mais, je vous le déclarc

sur rl1onncur, je ne tircrni pus

le

prcmicr conp

<le canon. Je vous Jaisscrai pas5er Je Niémcn

sans le

pa~scr

moi-mCmc. Croycz-moi, je ne vous

trompe point, je nevcux pos Ja gucrrc. Ma na–

tion, quoiquc blcsséc des allurcs de votrc empe·

rcur

~

mon égard, quoiquc alarméc de \•os cm·

piélements, ele vos projets sur la Polognc, ne

vcut pas plus la gucrrc que moi, car elle en sait

ledanger ; maisattaquéc clicnercculcra point. ,.

M. ele Caulaincourt ayant répéié au czar que,

en dchors de Ja guerrc, il y arnit eles choscs qui

pouvaicnt égalcr la gravité de In gucrrc cllc–

rnémc, que le projct sccrct de se rapprochcr de

l'Anglclcrr·c aprcs Ja conquétc des provinces dn–

nubicnncs, de

ré~ablir

le commerce russc nvcc

clic, serait jugé par Napoléon commc non moins

clangcrcux que des coups ele canon, Alcxondre

avait éié aussi prompt

a

s'cxpliqum· sur ce sujct

que sur les nutres. " Me rapprocher, a1·ait-il

dit, de l'Anglctcrrc aprcs l'orrangcment des nf–

faircs de Turquic, je n'y pense pos! Apres Ja

gucrre de Turquic, aprcs avoir ajouté la Fin–

Jandc, la Moldavic, la Valachie

a

mon cmpire,

je consielérerai

la

ttichc militairc et politique de

mon rcgne COmlllC accomplic. Je ne \'CUX plus

courir de nouvcaux hasnrels, je 1·cux jouir en

paix de ce que j'auroi acquis, et m'.occupcr de

civiliser ·mon cmpire au lieu de rn'atlachcr i1

l'agrandir. Or, pour me rapprocher de l'Angle–

lerrc, il faudrait me séparcr de la Francc, et

courir la chance d'unc gucrre avcc clic, que je

regardc commc la plus dangcrcusc de toulcs !

Et pour que! but? pour servir l'Anglctcrre, pour

venir

a

l'appui de ses théorics muritimcs, qui ne

sont pas les micnncs? Ce scrait

i11scnsé

de ma

port. La gucrrc de Turquic finic, je vcux dc–

mcurcr en rcpos, dé<lommagé de ce que vous

aurcz acquisparccqucj'nurni :icquis moi-mémc:

trcs-insuffisarnmcnt elé<lomrnagé, eliscnt les ad–

vcrsnircs de la politique de Tilsit, rnais suffisam–

mcnt

a

mes ycux.

Je

rcstcrai fidclc

a

cette poli–

tiquc, je resterai en gucrre avcc l'Anglctcrrc, je

lui ticndrai mes porls fcrmés, dans Ja me_surc

toutefoisque j'ni fait conD<1itre et elont

il

m'cst

impossiblc de me eléparlir. Je ne puis pos, en

cífct, je vous l'ai dit, je vous le répete, inlcrdire

tout commercc

1i

mes sujcts, ni leur défcudrc de

fraycr avcc les Américoins. JI entre bien ninsi

quelques marchandiscs anglaiscs en Russie, mois

vous en introcluiscz au moins autont clicz vous

poi' vos liccnccs, et surtout pnr votrc tarif qui