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LIVRE QUARANTE ET UNIEME.
cxposait ses eompliees
a
des peines plus sévcres
cncore.
lleureusement l'exéeulion ele ces mesures de
colere était eonfiée a un homme plcin de laet et
de convcnance. M. de Chabrol parla au pape
non pas en ministre mcnru;anl
d'une
puissancc
irriléc, mais en ministre affiigé, qui ne se scr–
vait de Ja force dont il était armé que pour clon–
ner
u
son auguste prisonnicr quclques conscils
de pruclenec et ele sagcsse.
11
ne put pourtant
pas épargncr au pape J'éloigncrnent de ses en–
tours, l'cnlcvement de ses papiers, et bcaucoup
d'autres précautions aussi hurniliantes <1ue pué–
riles. Le pape, troublé d'abord plus qu'il ne
convenait (et nous le rapporlons avcc rcgrct,
car on cst jaloux de la digni\é cl'une tclle ''Íc–
time), se rcmit bicntót, écouta avcc clouccur
M. de Chabrol, dit que si on lui avail demandé
ses papiers
il
les aurait livrés, sans qu'on etit
bcsoin de rccourir
;i
une supcrchcrie, commc
Je les prendre pendant qu'il était
i1
la prome–
nade, promit de ne plus correspondrc, non
i1
cause de Jui, rnais
a
cause de ccux qui
pülll'–
raicnt devenir victimes de lcur dévoucmcnt
li
l'Église, et ajoulaque quant
i1
luí, vieux, accablé
par les événements, il était au terme ele sa car–
ricre, et tromperait bientót ses pcrsécutcurs en
ne laissant dans leurs mains, au lieu d'un pape,
q
u'un cadavrc inanimé.
M. de Chabrol le consola, tout en Jui faisant
cnlenclre des paroles de sagesse utiles el néees–
saires, et contribua parce qu'il écrivit
~t
obten ir
l'adoucissement des ordrcs
vc~us
de París. Ma–
lériellement la dépense de la maison du pape ne
fut point changée.
Quant aux chapilrcs deFlorencc et clºAsti, ils
se soumircnt avcc un cmprcsscmcnl misérublc.
Les chanoincs récnlcitrants, cxcepté un ou dcux
c¡u'on cnvoya clans des prisons d'Él:tt, tornliercnt
aux scnoux de Ja puissancc tcmpOI'CJle, s'cxcu–
sCrcnt, plcurCrcnt, et, sans une scule objcction,
conficrent 11 M. dºOsmond pour le dioccsc de
l'Jorencc, 11
M. Dejean pour le cliocésc dºAsti,
prdgue tous les pouvoirs non-seulcmcnt cl'un
adminstratcur, mais d'un prélat institué. APa–
ris, l'cmprcsscmcnt dans la soumission fut cn–
corc plus marqué. Onjeta tout sur l'impruclencc
de M. d'Astros, espcce de fanatiquc, disail·on,
qui avait fnilli per<lrc le clioccse. Le cardinal
Mauryn'cutplus d'autrc clrngrin
:1
éprouvcr que
cclui
<l
1
obéi1·
:1
un te! pouvoir, de commanJcr
a
de tcls suborclonnés
!
Lesdioccses de Metz,dºAix
et nutres, oú s'étail élevé
le
mcme conílit, se
soumirent avcc Ja mcme docilité. Ce n'était plus
pour l'Église le temps ni du génie ni du mar–
tyre! Son chef, Pie VII, malgré r1uelqucs mo–
rnenls de faiblessc inseparables de Ja nature hu–
maine, malgré quelqucs cmportcmcnts insépa–
rablcs <le son élat de soulfrance, était seul digne
encore des bcaux sicc!es de l'Église romaine
!
Napoléon, sitót obéi, se calma. Ccpendant
il
résolut de mettre un termc
ii
ces résistanccs,
qui l'importunaient sans l'clfrayer, qui l'cf–
frayaicnl mcme trop peu, car elles étaicnt plus
graves qu'il ne l'imaginait. 11 s'arrCta done
a
une
idée, qui déja s'rtait plusieurs fois olfcrle
i1
son
esprit, celle d'un concile, dont il se flattait d'ctre
Je maitre, et dont
il
espérait se servir, soit pour
amener le pape
a
céder, soit pour se lrnsser ele
lui, en substituant
a
l'autorité du chef de l'É–
glise l'autorité supérieure de l'Église assembléc.
11
avait déja formé une commission ecclésiasti–
que composée de plusicurs prélats et ele plu–
sieurs prétres, et entre autres de
~l.
Émery, le
supérieur si respecté de Ja Congrégation de
Saint-Sulpiee.
JI
la convoqua de nouvcau, en la
cornposant un peu autrcmcnt, ce que la mort ré–
centc de M. Émery rendait inévitablc, et luí
rcnvoya toutes les questions que faisait naitrc Je
projet d·un concile. Le fallait-il générnl ou pro–
' incial? composé de tous les éveques de Ja chré–
ticnté, ou seulemc11t des éveques de l'Empire,
du royaume d'ltalic et de la Confé<léi-ation ger–
manique, ce qui équivalait
a
Ja
chréticnté p1·es–
quc entiere? Quclles queslions fallait-il luí sou–
mcttrc, quelles résolutions Jui dcmandcr, quellcs
formes o!Jscrvcr, dnns ce dix-ncuviCmc siCclc si
clifférent eles siccles ou les dernicrs concilcs
avaicnt été réunis? Nnpoléon insista
vivcmcnt
pour c¡u·on halat !'examen de ces clivcrses qucs–
tions, se proposant d'asscmblcr le coucile au
comrnc11cemc11t
du mois de juin,
le
jour mCmc
du baplcme clu Roi de Romc.
En attcndant Je commencemcnt de juin, Na–
poléon avait toujours !'mil sur les alfaires clu
Nord, et s'occupaitavec une égale activité dedi·
plomatie et <le préparatifs militaires.
Sous le rapport de Ja diplomalie il venait de
foirc un choix qui
ne
de,•nit pns avoir sur ses
dcslinécs
une
hcurcuse
inílucacc,
c'élnit cclui
de M. Marct, duc de Bassano, pour ministre des
nlTnircs
étr:rn¡;Crcs. Déjtl, commc on !'a vu,
il
s'était séparé des deux seuls pc1·sonnages qui
pusscnt alors ctre
apcr~us
¡,
travc1·s l'auréole
ele gloire qui l'entourait, MM. Fouché el Talley–
rand. Ainsi r¡ue nous l'avons raconlé, il arait