LE CONCILE. -
Mm
1811.
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fairc pour provoque!'
a
la révollc le pcuplc au
scin duque! il irait cachcr sa déchéancc tcmpo–
rcllc.
Quoiquc revcnus sans ricn obtcnir, les dcux
cardinaux avaicnt ccpcndant été amcnés
a
penscr
que le pape ne scrait pas inv¡nciblc, qu'avcc de
bons traitements, en lui accordant un cooscil
dont il ptit s'aidcr pour cxpédier les alTaircs de
l'Église , il reprendrait ses fonctions pontificales
saos mcme sortir de Savone, et en se résignant
11 y vivrc parce qu'if y était, et parce que dans
cettc cspccc de prison
il
ne consacrait ricn par
sonadhésion, tandis qu'cn se laissant transportcr
a
Avignon ou
a
Paris, en acccptant des dota–
tions, il sanctionncrait les acles impériaux p•r le
concours qu'il lcur aurait donné. Des cntrclicns
que le pape avait cus dcpuis avcc
M.
de Chabrol,
préfet deMontcnollc,
Oíl
pouvait lircr les mcmes
conclusions, et Napoléon chcrchait une maniere
de concilicr les inelinations du pape avce ses
proprcs vucs, lorsquc plusicurs incidcnts, sur–
vcnus tout
a
coup, l'avaicnt porté
a
unecxaspé–
ralion inou'ie et aux nctes les plus violcnts.
On se rappellc saos doutc l'cxpédient imaginé
pour administrcr provisoircmcnt les dioccscs
dans lcsqucls il y avait des prélats nommés et
non institués.
11
n'y avait pas moins de vingl–
scpt diocescs dans ce cas, et dans le nombre se
trouvaicnt des siégcs commc Fhircnce
1
D!alines,
Paris, cte. Les chapitrcs, les uns libres, les nu–
tres contraints, avaicnt conféré la qualité de
vicaircs capitulaircs aux évcqucs nommés, ce qui
pcrmcltait
11
ccux-ci de gouverncr au moins
commc administratcurs lcurs nouveaux dioccscs.
Le cardinal
~!aury,
nommé archevcquc <le Paris
1 la place du cardinal Fcsch, et non institué
encorc, administrait de la sortc Je diocesc ele
Paris. Seulcmcnt il avait bcaucoup de contra–
riétés
¡,
supportcr de Ja part de sonchapitre, et,
comme nous l'avons dit aillcurs, lorsque dans
ccrtaines cérémonics religieuscs il voulait fairc
porter la croix elevan! lui, ce qui cst Je signe
csscnticl de Ja cli¡;nité épiscopale, quclques cha–
noines docilcs rcstaicnt ; les autrcs, M. J'ablié
d'Astros en tete, s'enfuyaicnt avcc une afTccta–
tion oiTcnsante.
Napoléon foisait cnlcndrc les rugisscmcntsdu
!ion ¡,choque nouvcllc inconvcnancc clu clcrgé,
mais il ne s'y al'l'ctait pas Jongtcmps, comptant
sur le prochain arrangcmcnt detoulcs les nfTaircs
ecclésiastiqucs
u
la fois. Ccpcnclant, eles rapports
venus de Tm·in , de Florencc et de Paris lui ré–
l'élercnt coup sur coup une trame ourdie dans
l'ombrc par des prctrcs et eles clévots fervcnts,
afin ele rcndrc irnpossiblc le mode provisoirc
d'administration imaginé polir les églises. Le
pape avait sccrctcmcnt écrit
á
dircrs chapitrcs
pour les cngagcr
i1
ne pas rcconnailrc comme
vicaircs capitulaircs les évcqucs nommés et non
institués.
JI
se fondait sur ccrtaincs regles ca–
noniqucs asscz mal interprétécs, et soutenait
que ce modc cl'administration était conlrairc
aux clroits de l'Églisc romainc, parce
~u'il
con–
férait aux nouvcaux prélals la posscssion anti–
cipéc ele lcurs siégcs. A Paris il avait aclrcssé au
chapitrc une dCfcnsc formcllc de rcconnaitrc le
cardinal Maury commc vicnirc capitulairc, et au
cardinal hri-mémc une lcttrc des plus ameres,
dans laqucllc
il
lui rcprochait son ingratitudc
cnvcrs le Saint-Siégc, qui, clisait-il, l'nvait ac–
cucilli dans son cxil, doté de plusicurs bénéficcs,
et notammcnt de l'évéché de Montcfiascone
(commc si ce cardinal n'avait pas foit pour l'E–
glisc aulant au moins qu'cllc avait fait pour lui),
etluicnjoignait, sous peineele désobéissancc, de
rcnonccr
u
l'administralion du dioccsc de Paris.
Par une étrangc négligcnce, ccttc doulilc mis–
sive avait été adrcsséeau chapitre et au cardinal
par Ja voic du minislcrc des cultcs, avcc plu–
sicurs autrcs dépechcs relativcs
a
divcrscs
a!iaires ele détail , que le pontifc rnulait bien
cncorc cxpéclicr de tcmps en tcmps. Le ministre,
ayant ou.vcrt ces plis, lut fo1·t surpris du con–
tcnu , n'cn roulut
1·icn
dirc au cnrdinal de pcur
ele l'affiigcr,
et
remit tout ii l'Empcrct11', clont on
conccvra facilcmcnt l'irrilation lorsqu'il vit les
cfTorts du pape prisonnicr pour faire évanouir
en ses mains le dcrnicr moycn d'administrer les
dioccscs vacants.
JI
rccomn1anda Je scc1·ct, el
prcsc1·ivit des rcchcrchcs pour s'assurcr s'il n'y
avait pas eu cl'autrcs cxpéditions eles lcttrcs clu
pape. Au mcrnc instan! il lui m·rivait du Pié–
mont et de Toscane eles informations cxactcmcnt
scmblaliles.
!l.
d'Osmond, nommé archercquc
de Florcnce , actucllcmcnt en routc pour se
rcndrc dans son nouvcau clioccsc, s'était ren–
contré
a
Plaisance avcc une députation clu cha–
pitre de Florcnce chargéc de lui <léclarcr qu'il y
avait déji1 un vicairc capitulairc en f'onctions,
qu'il n'étnit pas possible d'cn élirc un nutre, et
qu'on nvait
rc~u
ii
cct égnrd des injonctions de
Savonc auxqucllcs on était résolu ele ne pas dés–
obéir. Ce malhcurcux archcvcquc, esprit sagc
mnis timidc, était clcmcuré i1 Plaisancc dans fa
plus crucllc pcrplcxité. La princcssc Élisa, sretu•
de Napoléon, qui gouvcrnait sonduché avcc un