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LE CONCILE. -

MARS

l8H.

les suercs, eellc des peaux préparées, qui avait

spéculé sur les cuirs inlroduits au moycn des

liecnccs, furcnt gravcment altcintcs commc les

aulrcs. Enfin la soicric, qui avait bcaucoup

fa–

briqué, mais qui n'avait pns commis autant

d'exccs, parce qu'cllc était une industrie an–

cienne, cxpérimentée, moins élourdie par

la

nouvcaulé et l'cxagération des bénéffccs,

rc~ut

un coup sensible par les derniers reglcments

commerciaux de la Russie, et par la ruine des

maisonsde Hambourg, qui,

a

défaut des Améri–

cains,servaicnt

a

l'cxporlation des produits lyon–

nais. Le rcsserrement de lous les crédils, s'ajou–

tant

a

la subite privation des débouchés, causa

une suspension généralc de la fabrication

a

Lyon.

Diento! des masses d"ouvriers se trouvercnt

sons OU\'l'agc en

Brct.agnc,

en

Normnndic,

en

Pieardie, en Flandre, dans le Lyonnais, le Forez,

le eomtat Venaissin, le Langucdoe. ALyon, sur

14

mille métiers, 7 mille cessercnt de fabriqucr.

A Rouen,

a

Saint·Qucntin,

a

Lillc,

11

Reims,

a

Amicns, les trois quarls des bras au moins r s–

tcrcnt oisifs des le milicu de l'hivcr et pcndant

tout le printemps. Napoléon, fort affiigé de ces

ruines necumulécs, et plus parliculicrcmcnt de

ces soufTranccs populnircs' voulail

y

pourvoir

a

tout prix,craignant l'cfTet qu'ellcs pouvaicnt pro-.

duirc au momcnt des fctcs qu'il préparait pour

la nnissnnee de son fils.

11

tcnait conseils sui·

conscils, et apprenait ti·op tard qu'il

y

a des

tourmcntes contrc lcsqucllcs le génic el In rn–

lonté d'un homme, quclquc gran<lsqu'ils soicnt,

ne pcuvcnt rico. Ce n'était pas son systcmc d'cx–

clusion

a

l'égnrd des Anglaisqui était la cause dn

mnl, cal' on commct des exccs de production

dnns les pays ou le commel'cc cst complétcment

libre tout nussi bien que dans ccnx oú il ne l'est

pas, et mCmc dnant:igc. M:iis ses cofnbinaisons

compliquécs avaient contribué aux folles spécu–

lntions

SUI'

les mnlicres pl'cmiel'es ; l'usurpation

doInsouvcrninetéde llambourgy avail précipité

la ruinede maisons indispensablesau vaslcécha–

fuudagc du cl'édit continental de cettc époquc;

ses tlcrniércs vcnles nvaicnt

h<ilé

la crisc, et ses

sccours, pnl' suite eles opinions pel'sonnelles de

son ministre, nvaient été trop lcnls ou ll'op eon–

tcstés. Enfin son fameux lal'if de !iO pou1· cent

¡irolongcait le mal, rnl' les manufaclul'iCl's, qui

commcn~nicnt

n

se débarrasser de lcurs produits

fohriqués , et qui aurnicnt voulu se rcmctti·e

li

travnillcl'. ne l'osaient pus

n

cause de la chcl'lé

des maticrcs pi·cmicrcs provcnnnt de l'élé1•ation

des droits. Aussi le tissagc, la filature, la raffi–

ncric, la tanncrie étaicnt-ils absolument sus–

pcndus. On ne fahriqunit pas moins,.on ne

fa–

briquait plus du tout.

Repoussant les théorics de M. Mollicn, et

tcnant drs conscils fréqucnts avec les ministres

de l'intél'icur et des financcs, avce le dirccteul'

génél'al des douancs et plusieul's fabl'i.cnnts ou

banquicrs éclairés, tcls que MM. Ternaux r.t

llottingucr, Napoléon imagina un moyen qui cut

quclques bons cfTcts : ce fut d'opérer en trcs–

grand secrct, et

a

ses fruis, mais en npparcncc

pour

I~

complcde grosscs maisonsdehanquc, des

achats

a

Roucn,

a

Saint-Quentin,

a

Lille, de ma–

niere

a

fnil'C supposcr que la vente l'Cprcnait

naturcllcment. AAmicns,

il

pl'cla sccretcmcnt

nux manufactul'icrs qui continunicnt

a

fabriqucl'

des Jainagcsdes sommeségalcs au salaircde lcurs

ouvriel's. A Lyon, il commanda pour plusieurs

millions de soicries dcstinécs aux résidcnccs im–

périalcs. Ces sccours ne valaient pns sans doute

une reprisc l'écllc des affaires, mais ils ne furent

pos sans influcncc,

o

Houcn surlout, ou des

ncliats d'originc inconnue prircnt l'npparence

d'nchats véritables , et fücnl Cl'oire que le mou–

vcmcnt commcrcial rccomrncncait. En tout

cas ,

ils permircnt d'nttendl'c moin's péniblemcnt la

rcnaissnncc effcetivc des nfTail'cs.

C'était spécialcmc11t

la

villc de Paris, dont le

pcuple yif, cnthousiastc, patriote, s'était montré

fort sensible

a

la gloire du rcgnc, etdans laqucllc

une foulc de ¡>l'inces allnient se rendre pour le

baptcmcdu Roi de Romc, qui intél'cssait plusque

tontc autre la sollieitudc de Nnpoléon.

11

nvait

déjlt éprouvé que les fobricat.ions pour l'usagc

des troupes s'cxécutaient tres-bien

a

Paris. ll

ordonn~

sur-lc-champ une immcnsc confcction

ele caissonsi de rniturcs d'nrlillerie, de harnais,

d'habits, de lingc, de chaussurc, de chapcllcric,

de buffictcl'ic.

11

fil

en mcme tcmps commcncer

plus tót qnc de coulumc,· et dnns des propor–

tions plus vastcs, les travaux nnnucls des grands

monumcnls

de,

son rfgnc.

Du reste, cettc situation, quclquc péniblc

qu'cllc fUt, avnil cepcndant un ª''antagc cssen–

tiel

SUI'

ccllc de l'Angletcrrc. Le tcmps dcvait

bicntót l'améliorcr en l'aisnntdisparnitrc Jasura–

bondance des pl'Oduils fabriqués, ennmr:nant les

1\méricains,

~ui cléj~

s'apprCtaicnt

i1

vcni1·,

el qui

nllaicntremplocc1·les Ilambourgeois et les Russes

dans 11os marchés, et nous apportcr les colons,

les teintures dont !'industrie avait un pressant

bcsoin. La situation des

Anglais~

au contrnirc, si