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LIVRE QUARANTE ET UNIRME.
duit, les autres lropspéculé, qu'il était obligé de
conquérir In liberté eles mers, pour la conquérir
de comball1·e l'Anglcterrc, pour combattre l'An–
glclcrrc de gcner les mouvements du commerce,
el qu'en atlendant !'industrie de la France et
celle du continent naissaient de cetle gene elle–
mcme. Mais il etit été bien embarrassé si !'un de
ces spéculatcurs sur les sucres ou sur les cotons
avail demandé
i1
lui , spéculatcur cl'un autre
genrc, si, pour comballre l'Anglctcrrc, il Jui
était absolument nécessai1·e de conquérir les
couronnes de Naples, d'Espagne, de Portugal, et
d'en clotcr ses frcres; si eelte clifficulté d'établir
sndynastic sur tant de tI·óncs n'avail pas singu–
liercmcnt accm In difficullé de triompher des
prétcntions maritimcs de l'Anglclcrrc; si, avcc
les llourbons tremblants et soumis
a
Madrid et
a
Naples, il n'eitt pas ohtenu autant de eoncours
io
ses <lesseins que de ses frcrcs
a
demi révoltés
j
si
tous les soldats
fran~ais
dispersés
ii
Naples ,
a
Cadix,
io
Lisbonne, il n'eut pas mieux fait de les
risqucr entre Calais et Douvrcs; si, en toul cas,
la nécessité de ces conquétes admise, il n'aurait
pas dit commencer par jetcr lord Wellington
il
la
mer, en se eontcntant du blocus tel que la Russie
le pratiquait, au lieu de chaugcr tout
a
coup de
systcme, ele lnisser les Anglais triomphants dans
Ja Péninsule pour aller ehereher au Nord une
nouvclle guerrc d'un succCs doutcux, sous pré–
texte d'obtenir dans l'obscrvation clu bloeus un
degré d'exactitudc dont il n'arait pas indispensa–
hlcment besoin pour o·éduireleeommeree hritan–
niquc auxabois, etsichangcr sans ccssc de plan,
courir cl'un moycn
i1
un nutre avant d'cn nvoir
eornplétemcnt crnployé auf'uu, tout cela par rno–
bilité, orgucil , désir de soumcltrc l'unircrs
a
ses
volontés, était une mnniCre dircctc et stirc de
veni1·
a
bout de l'arnbition ty1·annique de l'A11-
g1ctcrrc.
Ce qucstionneur hardi , qui sans doutc aurait
fort cmbarrassé Napoléon, ne se trouva point, et
la vérité ne fut.pas elite; rnnis taire la vérité e'cst
cachcr le mal sans
l'nrreter.
Ses ravagcs sccrcts
dCs lors il a toutcla vérité dCsirahle el possible. -
~lalgré
l'autorilé dcsancie11s, qui onlprNé desdiscoursll leursper–
sonnagcshistoriqucs,cl :rnxquclsonl'apardonnéacause dc
lavraisembla11ccmoralcdeccsdiscours, nousnecroyonspas
unparcil excmplea1lmissibleet imitablechez les modc1·ncs.
Lcs;rncicns,ph.1cés plusprCs qucnousdel'orisi11cdcschoses,
1úwaientpasencorecntiCrcmenlsépal'él'llisloiredclapoesic.
Cc clépa1·t cstfoitchcz nous,ct i111'cstplus prl'misd'y re'·e·
nir. ll nc1loit1·cstcr1tl'histoircd'autrc¡1oésic quccellcqui
opparlicnt iné\·ir:iblcmcutñ la\•t!rité
rigourcusc.Onpcutana–
lysc1•, résumcr un1li:icours tenu d·une maniere ccrtaincpal'
unpcrrn1111:isc1111aisñconditio11quccc discours:iit é1é\'éri-
sont d'autant plus dangercux qu'ils se ré1•clent
tous
a
la fois, et quand il n'est plus tcmps d'y
rcmédicr.
Aux dcux causes de mnlaise que nous venons
de faire connaitre, la eonscription et la crise
commcrcialc, s'cn était. jointc une troisiCmc
:
e'étaient les troublcs religieux réeemment ag–
gravés par une nouvelle saillie de la vive volonté
de Napoléon.
011 a vu plus haut
a
que! point on en étail
resté avee le pape détenu
a
Savone. Napoléon
Jui avait cnvoyé les cardinaux Spina et Caselli
pour en obtenir d'abord, au moyen de pourpar–
lcrs bienveillants, l'institution canonique des
évcques nommés. ce qui était la principale des
diffieultés avcc l'Église,
e~
cnsuite pour le sonder
sur un arrangcmcnt de tous les démclés de l'Em–
pire avce la Pa¡rnuté. Napoléon voulait toujours
faire aecepler
a
Pie
Vil
la supprcssion du pou–
voir tcmporcl du Saint-Siégc, la réunion de
Rome au territoire de l'Ernpire, l'établisscment
d'unc Papauté dépcndante des nouveaux Empc–
reurs cl'Oecidcnt, faisant sa résidencc
a
Paris ou
a
Avignon, jouissant de beaux palais, d'une clo–
tation de dcux millions de franes, et de hcaueoup
d'aulres avanlagcs cncore, mais placéc sous l'au–
torité de l'Empereur
desFran~ais,
comme l'Église
russc sous l'autorité des Czars,et l'islamismc sous
l'autorité des Sultans. Pie VII avait d'nbord assez
froidcment accueilli les deux cardinaux, s'était
cnsuitc adouci
a
lcur égard , ne s'était point
rnon ·é absolument contraire
a
l'institution ca–
nonique des évcques nommés, rnais peu disposé
n
la donncr prochainement, afin de conscrvcr un
rnoycn cflieaee de eontraindre Napoléon
a
s'oe–
eupcr des afTaires de l'Église, et avait paru dé–
ci<lé
io
ne point acceptcr les avantagcs nrntériels
r1u'on lui ofTrait, ne dernandant, disait-il, que
dcux choses, les Cataeornbcs pom· résidenec, et
quclqucs cardinaux fidelcs pour le eonseiller,
prorncttant, si on lui aceordait la liberté, la
pnuvreté et un conscil , de rnettre
a
jour toutes
les afTaires religieuses en relard, et de ne rien
t:iblcmcnl lenu,qucle seos soit cxactcment le méme
1
el
In
íormc aussi, quaod ooa pu la rclrOU\'cr. C'est ce que f ai
toujou1·síaitdansccllehistoire,c·cst ccc¡uc jc'·icnsdcíaire
dans lediscoursdonlils'agit.Ccdiscours,adresséauxcham–
brcs decommcrcc, íul rcproduilpnr une foulcdc journaux
allcmands, commcnté partoutes les diplomatics,cuvoyé3 1ll
courdc l\ussic, rcc11ci11i par la police,
et,
ciuoir1ue 1lispc1·sé
d:ins la mémoirc 1lcs contcmporains
1
couscn•é pourtanl
de
m:iniCrcUpom•oirl:tre rccucilli tlans scs tl'aits principaux.
Nous 11
1
hésitons 1louc pasa affirmer qu'il esl \'rai dnns
sa
substauce, ct mi:mc \'rai danssa formcpourlaplup:irl des
traits hincésparN:ipoléonUses inlcrlocuteurs iuduslriels.