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LIVl\E QUAl\ANTE ET UNIEME.
habile mélange de douccur et de ícrmclé, avail
été informée de cclte lrnmc, nvnit nppelé nuprcs
cl'cllc le principal mcncur du chnpilre, plus un
cerlain al'ocat qui scrvnit d'inlcrmédiairc nu
pape, s'étnit fnit livrel' la corrcspondancc de
Pie VII , et avnil lout mandé
a
Napoléon avanl
de prcndrc nucunc rncsul'c sévcrc. En Piérnont,
M. Dcjcan, nommé
il
l'évcehécl'Asti, avail cssuyé
Je mc':mc accucil : avcc moins d'égnrds cncorc,
cnr sans le prévenir on lui nvait rcíusé toutc
autorilé sur son nouvcau
diocCse,
et on luí avait
déclnré qu'on ne pouvnit lui accorclcr nucunc
silunlion, mémc ccllc d'adminislralcur p1·ovi–
soirc. Le princc llorghCsc, gouvcrncur du Pié–
mont,avait, commcsabcllc-sccur,cxpédié 3Pnris
les picccs de ce singulicr el nudncicux conflit.
Nnpoléon , en voynnt ce concours d':1ccidcnls
scrnhlablcs sur des points fort éloignés, y décou–
vrit tout de suite un syslcmc de résistnnce trcs–
bicn combiné, Ct dcnl Je résultat dcvnil clre
OU
de l'obligcr
h
trnilcr immédiatcmcnl n1·cc le
pnpc, ou de susciter un véritnble schisme. Sa
colcre fil cxplosion.
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nl'nit nppris pt'csque en
mcmc lcmps, les 2n, 50,
:;
1 décembrc ·181o, les
divcrs ínits que nous ''cnons de rapportcr.
11
le–
nnit
it
nrrClcr parloul la p1·opngntion des lcllrcs
du pape, et pour y réussir
il
voulait frappcr de
tc1·rcur ccux qui nvnicnt porté ces lcllrcs, qui les
nvaicnt rcc;ucs, ou qui en étaient cncorc déposi–
laircs. Le lcndcmain •I" jnnvicr (1811), il de–
vait rccevoir les hommngcs des grands co1·ps de
l'Íitnt, nolnmment ceux du chapitrcel du clcrgé
de Pnris. JI ne
pronon~'1il
pas de diseours d'ap–
parat dans ces solcnnilés, mais parlait farnilicrc–
mcnt aux uns et aux autrcs, suivnnt l'humeur
du jou1., récompcnsnnt ccux-ci par quclqucs
atlcntions flattcuses, clu\tiant ccux-li1 par des
mols 0[1 la puissancc de !'esprit se joignait i1
cclle du trcine pour nccnblcr les malhcurcux qui
lui nvaicnl déplu. Sa prodigicusc sagacité pcr–
~ante
commc son rcgard, scmblait pénétrcr jus–
c¡u'au íund des :\mes. A la tele du chapilrc de
Paris se trouvnit l'nbbé d'Aslros, Jll'Clt'e pas–
sionné et imprudent, parlagcant jusqu'au fana–
tismc loutcs les idécs du clcrgé hosLilc
a
l'Em–
pirc. Napoléon, sachnnt
¡,
qui
il
nvail a{foirc,
aborda sur-lc-champ les points les plus difficilcs
de laquerelle rcligieuse, el de maniere/¡ provo-
r¡ucr de
In
part de son intcrloc11tc11r quclquc
imprudcncc qui servil
¡,
l'éclnircr. JI y réussit
pa1·fnilcmcnt, et apres nvoir foit dire
¡,
l'abbé
d'Astros ce qu'il voulait, et l'avoir cnsuite rudc–
mcnt traité, il nppcla, séancc tenante, le duc de
Rovigo, qui étnit dnns le palais, et lui dit: " Ou
je me trompe bien, ou cct abbé a les missives du
pnpc. Arrclrz le avant qu'il sorlc des Tuilerics,
inlcrrogcz-Jc, orclonncz en mCme tcmps qu'on
fouillc ses papicrs, et on y découvrirn ccrlnine–
mcnt tout ce qu'ondésire snroir.
»
Le duc de Rovigo, pour r¡ue J'csclandrc íi'1t
moindrc, pria le cardinal Maury de lui nmcncr
l'nbbé d'Astros nu ministcrc de la policc, el prcs–
crivit en mcmc tcmps une pcrquisitiou dans le
domicilc de cct ccclésias,tiquc. Le duc de Hovigo,
qui avnit acquis déji1toutc la dcxlérilé néccssnirc
i1
ses nouvellcs fonclions, fcignit en interrogcant
l'nbbé d'Aslros de savoir ce qu'il igno1·ait, et
obtint de la sorlc In ré,•élation de ce qui s'élait
pnssé. L'abbé d'Aslros avoua qu'il avait
rc~u
les
deux brcís du pape, l'un pour le chnpitrc, !'nutre
pour le cardinal, affirma toutcíois qu'il ne les
nvait pas propagés cncorc, et, fort imprudcm–
mcnt, convint d'cn avoir parlé U son
JHll'Clll
M. Porlalis, fils de l'ancicn ministre des cultes,
el mcmbrc du Conseil d'Í;tat impérial. Au mcmc
iustanl, les ngenls cnvoyés au domicilc de l'abbé
d'Aslros avaicnt trouvé les lellrcs papales, et
beaucoup d'autrcs papicrs qui révélcrcnt cnticre–
mcnt la trnme qu'on était occupé
a
rechcrehcr.
Oo sul qu'il
y
avait
a
Paris un petil conseil de
prCt1·cs ronrnins el
fran~ais
en communication
fréqucnlc avee le pape, se conccrlant avce lui
sur la conduilr.
a
lcnir en chnque circonstancc,
et corrcspondant, par des hommcs dévoués, de
Paris i1Lyon, de Lyon
<i
Savonc.
Lorsque tout ful ninsi découvcrt , Nnpoléon,
qui roulait ·fnirc pcur, commcn' n pnr une p1·e–
micrc victime, et ccltc victime ful M. Portalis.
Ce íils du principal autcur du Concordnt, sou:
mis c11vc1's l'Églisc, mais non moins soumis
cn–
vcrs Napoléon,
~wail
cru concilicr les divcrscs
convcnanccs de sn position en disnnl
n
M. Pns–
quicr, préíct de policc et son ami, qu'il circulail
un bref du pape fort rcgrcttable el íort capable
de scmer la discorde cnlre l'Jiglisc et l'l'tnt,
qu'on fcrait bien d'cn urrCtcr Ja propagalion
1
;
c¡11e1·1p1ccc n'cslpasnl'occasionllc la hullc U'cxcommunica-
1ion,commco11 l':1CC1'il <111clqucfois, m:iisdu hrddu papcau
tlrnpi11·c 1lc l\ 1ris , 1p1'cot
licu
J'cx11lo~iou
de
co!01·c dont
M.
Po1·talis fu1 Ja viclinH'.