LE CONCILE. -
MARS
181
t.
rnais
il
s'en
tinta
cet avis, et ne désignapoint son
paren! l'abbé d'Aslros, car ses dcvoirs de con–
scillcr d'État ne l'obligcaient nullcrncnt i1se foirc
le dénoncialcur de sa proprc fomillc.
Le
1,
janvier, le Conscil el'Élat élant assemblé,
et M. Porlalis assislant i1 la séanec, Napoléon
eommen~a
par racontcr tout ce qui l'cnait de se
passer entre le pape et eertains ehapilres, exposa
les lenta tives qu'on avait découl'et'lcs, et qui, se·
Ion lui, avaicnt pour but de pousscr les sujcts
a
la désobéissancc cnvcrs lcur souverain , puis
affcclant une exlréme doulcur, il ajoula que son
plus granel ebagrin en cctle circonslanec élail de
trouvcr parmi les coupablcs un hommc qu'il
avait comblé de bicns, le fils d'un ancicn mi–
nistre qu'il al'ait fort affcctionné jael is, un mcm–
brc de son proprc Conscil iei préscnt, M. Por–
lalis. Puis, s'adrcssant brusqucmcnt
a
eclui-ci, il
lui demanda i1 brüle-pourpoint s'il avait connu
le brcf du pape, si l'ayant connu il en avait
gardé le sccrct, si ce n'était pas lit une vraie for–
foiturc, une trahison et une noirc ingratitudc
toul
i\
}a fois; et en Íntcrrogeant ainsi coup
SlJI'
coup M. Porlalis, il ne lui donnait pas mcme le
temps de répondre. Nous avons vu les licences
ele la mullitudc, c'élait alors le ten1ps eles liccn–
ccs du pouvoir. M. Porlalis, nwgislrat émincnt,
dont l'éncrgic malhcurcuscmcnt n'égalnit pas les
hautes lumicres, au1·ait pu relel'er la tete, et
fnirc
a
son mnitre des réponscs cmbarrnssanlcs;
mais il nesut que balbulicr c¡uelqucs molscnlrc–
coupés, et Napoléon, oublianl ce qu'il del'ait
it
un mcmbrc ele son Conseil, i1ce Conscil,
a
lui–
mcmc, lui aelrcssa cetlc apo;trophcfoudroyanlc :
11
Sortcz, monsicur,sortcz, que je ne vous rcvoic
plus ici. • Le eonscillcr d'Élat lraiLé avcc lant de
violcnec se leva trcmblant, traversa en larmcs la
salle du Conseil, et se retira presque anéanti du
milieu de ses collcgues stupéfaits.
Bien que dnns tous les lemps la méchancclé
hunrninc éprouvc une sccrCle satisíactiou nu
spcctaclcdes clisgrdccs éclalanlcs, ce ne fut point
le scntimcnt évcillé en celle cirronslancc. La
pitié, la clignilé blcsséc l'cmporterent clans le
Conscil d'Étal, qui
fut
offensé d'unc tcllc sccnc,
et qui manifcsla ce c¡u'il scntait non par <les
mu1·murcs, mais par une
attitudc glacialc. 11
n'y
a pos ele puissancc, quelquc grande qu'elle soit,
i1laquclle il soit donné de froisscr impunémcnt
le senlimcnt intimedes hommes asscmblés. Sous
l'empirc de la crainte lcur houchc peut se !aire,
mnis lcur visngc parle mogré cux. Nnpoléon, re·
eonnnissnnl i1la sculcaltitucle des assistanlsqu'il
avait été inconvcnont et cruel, éprouva un indi–
ciblc embarras, tlont il l;iclrn vnincment de sor–
tir en affeclnnt un exces de clouleur presque
ridicule, en clisan•, c¡u'il était désolé d'clrc eon–
traint de lrnilcr ainsi le fils d'un hommc qu'il
al'ait aimé, que le pouvoir avait de hicn pénibles
obligations, qu'il fallait cepcndnnl les rcmplir
c¡uoi qu'il ptit en coúter, et millc banalités de ce
genre, lcsqucllcs ne touchcrcnt personnc. On le
Jaissa s'agitcr dans ce vide, et on se retira sans
motdirc. LepluspuniaprcsM. Portal is, c'élaitlui.
A cct éclat Nnpoléon voulut joindrc eles me–
sures plus cfficaccs, afin d'inlimiclcr la partie hos–
tile du clcrgé, el de prévcnir les conséquences
des mcnées récernment découvcrlcs.
11
fit détcnir
M,
d'Astros, arrctcr ou éloigner de París plu–
sicurs des prctres composant le conciliabule dont
l'cxistcncc venait d'ctre découverte.
11
ordonnn
i1 son bcau-frcrc le princc Jlorghcsc,
,¡
so sreur
Élisa, de fairc arrcte1· les eh,rnoines connus pour
clrc les mencurs des cltapi11·es d'Asti et de Flo–
rcncc, de les enVO)'Cr
it
Feneslrelle, de déclarer
it
ces chapitrcs que s'ils ne se sonmettaicnl ·:\
l'instant mCmc, et ne conférnicnt pns immédia–
lement aux nou1•enux prélals la qualité de vi–
caircs capitulaircs, les siéges scraicntsupprimés,
les canonicats avcc le siégc, et les chanoines
réealeilranls cnfcrmés <lans des prisons d'État.
La mcmc déclaralion fut adressée ;rn chapilrc de
Paris.
Ces violcnccs furcnt sui\
1
ics d'autrcs mesures
d'unc naturc plus triste encorc, parce qu'clles
étaicnt cmprcintcs
<lu cai·aclCrc d'unc colCrc
mesquinc. Napoléon orclonna deséparer le pape
<le
tous
ccux qui
l':i.vriicnt enlomé
jusqu'ici,
exccplé un ou dcux domestiques dont on serait
sur, de ne lui pas laisser un scul secrétairc, de
profiter du momcnl oú il serait
lt
la promcnade
pour
lui
ótcr toul moycn d'écrirc,
d'cnlc\
1
Cr
ses
papiers et <le les cnvoycr
lt
Paris pour qu'on les
y
cxaruimit, de
réduirc
:i
11uinzc ou
vingt
mil/e
francs par an sa dépe11sc qui avait lbujou1·s été
princicrc, et <le déclarcr au pape qu'il lui élait
expressémcnl défcndu d'écrire ou <le rccevoir
des lellres. Un oílicier de gcndarmcrie fut expé–
dié pour le garde1· jour et nuit , et ouserve1· ses
moindrcs mouvcmenls. Le prélct,
~l.
deChabrol,
élail chargé d'effrayer Pie
V11
non-sculemc11t
pour lui-mCmc, mnis
pour
tous ccux
qui
se lrou·
vcrnicnt compromis clans les mcnécs qu·on dé–
couvrirait
a
l'arcnir,
11
dcrnil lui di1·e 1111e pa1·sa
cond11ile imprudente il se mcllnit clans le cas
d'clre jugé, déposé mémc par un eoncilc, et qu'il