LIVHE QUARANTE ET UNIEME.
et eommerciale des plus graves. Nous avons
déjli rnpporté les mesures Ula íois ingénicuscs et
violentes que Napoléonavnit inrnginécs pour in–
tcrrlirc nu commcrcc anglaís les nccC:; tlu conti–
ncnt, ou pour les lui ouvrir
a
un prix ruincux
dont le trésor impérial reeueillail le lll'Ofil. Ces
mesures nvaicnt obtcnu , sinon tout l'clTct c¡uc
NapolCon sien étnit promis, du moins touL
cclui
qu'on pouvnit rnisonnablemcnL en nttcn<lrc, sur–
loul lorsque pour réussir il fallait eonlraricr les
intéróls, les
goi11s,
les pcnch:mls, non-sculcmcnt
d'un pcuplc
1
mnis du monde prcsquc cnticr.
Saufquelqucs introduclions clandcstincs par les
Suédois, qui 1ransportaicnt. frauduleuscment les
marchandiscs coloniales deGothcnbourg i1Stral–
sund; sauf quclques nutres introductions per–
miscs d:lns la Vieillc- Prussc autnnt pnr négli–
gcncc que par mauvaisc volonté; sauf c¡uclques
autres encare cfTcctuécs en Jlussic sous le pa,·il–
lonaméricain
1
les unes
el
ks
au
tres condamnécs
i1
dcsccndrc du Nonl
[llJ
Midi ,
a
ll'U\'Cl'S millc
dangcrs de snisic, en se clrnrgcanL d'immcnscs
frnis de ll'nnspo1t , el en pnyanl des lnrifs rui·
ncux;sauf, disons- nous,ccs rarcscxccplions,
aucune <¡uanlité de sucre, de café, de colon ,
d'indigo, de bois, de marchandiscs cxotir¡ucs
enf111, nepourait sortir d'Angletcrreet diminucr
la désastrcusc accumulation qui s'élnit opérCr.
a
J.ondrcs. Ceti.e situntion, que nous
ª'
ons déjá
cxposéc, 1Úl\'nit fait que s'nggrnvcl'. Les fnbri–
cnnlsdeManclicst.cr, deBirrninghamctdc toutcs
les \•illcs mnnufocturiCres d'Anglcterre,
dépns~
sant comme loujours le hut offcrL
¡,
lcurs avicies
désirs, nvnicnt produit lrois ou quatrc fois plus
de mal'clia11cliscs íJUe les colonics de toutcs les
nations n'anr:iicnt pu en consommcr. Les bi1Li–
mcnts expédiés de Livcqiool avaicnt été oliligés
de rapporle1·cn Europe une ¡rnrliede lcurschar–
gerncnls. Un pctit nombre ny:mt ll'ouvé
h
s'cn
flébarrnsscr avaicnt ref}u en écliange des dcnrécs
colonic1lcs qui restaienL invcndncs dans les m:ign–
sins de J,ondrcs, cts'y avilissaicnl ;\ tel pointque
ces delll'écs, commc
1wus
r:l\'ons clit, Cíllil:iicnt
en frais de ¡.;al'dc el. d'cmmagasinemcnt plus que
lcur prix. C'ét:iit pourtnnt sur ce gagc que In
banc¡ue esco111pt;iiL le papicr des fnbrienuts,
el
lcur en do11naiLla valcnr en Uillcts donl l'au¡;·
rncntatio11
croiss;111lc me11:H;ait tous lrs jours
d'unccalastrophc. En 1811, la déircsscétait dc–
vcnuc si grande, c¡uc le Pnl'lemenl brila1111iquc,
da11s In crnintc d'une lx111quc1·011Lc génCr::ile,
avnit voté un sccours au comme1·cc de
ü
mil–
lions slcrling
(rnO
millions de fl'Hncs) i1 disl1·i-
bucr ,\ titrede prctaux fobricants
etcommer~ai1ts
les plus cmbnrrassés. Une tellc siluation, main–
tenuc quclque temps encare, dcvait aboutir
inévitablcmcnt ou
a
une catastrophe financiCre
et
commcrciaJe,
Oll
it
un
désir
de
la paix irrésis–
tible pour le gouvememenl.
Mais
il
n'est point de combat en ce monde,
quclles que soient lcs armesemployées, ou l'on
puissc fairc du mal sans co reccvoir. Napoléon
n'avait pns
pu
rcfoulcr en Anglclcrrc lant de
produits ngréablcs, ou utilcs, ou nécessaircs aux
peuplcs du continent, sans causer bien des per–
lurbations, et il vcnait ele prornquer en France
et dans les pays roisins une crise commercialcet
industricllenussi violente, quoi1uc moins dura–
ble hcurcuscmcnt, que eel(e qui affiigeniLl'An–
gletcrrc. Voici commcnt cetle cl'isc avait été
amenée.
Les tissus de colon, ayant en grande
p~u·tic
remplacé les tissus
de
channe et de lin, Slirtoul
dcpuis qu'on était pnrvenu
a
les produire par
des moyens mécaniqucs, étaicnt de.venus
la
plus
''aste des industries de l'Europe. Les mannfae–
turiers
fran~ais,
ayant
ti
;:ipprovisionner l'an–
cienneet la nouvelle France, et de plus le conti–
ncnlprcsquecntier, ª''nicnt cspérédcsdébouchés
immenscs, et proportionné leurs entrcpriscs
a
ces débouchés suppposés. lisavaient spéculésons
mcsul'e sur l'npprovisioonemcnt cxclusif du eon–
tincnt, eommclcs J\nglnis sur cclui eles eolonies
anglaises,
fran~aiscs,
hollandaiscs et cspngnolcs.
En Alsacc, en Flanclrc, en Normandic, les mé–
ticrs
a
filcr,ütisser,
a
irnprirncrlc colons'étnicnt
mullipliés
UYCC
une incroya'blc rapiclité. Les
profil¡ étant eonsidérablcs, les cnlrc¡ll·iscs s'é–
taicuL naturellemcnt proportionnécs aux proíits,
et les avaic11t mCmc infiniment clépassés.L'int!us·
trie du colon, sous toutes ses formes, n'nrnit pas
été la sculc i1 p1·eudre un pareil essor; ecllc des
draps, complant sur l'exclnsion drs clraps an–
glnis1 sur Inposscssion exclusive des lnincs espa·
gnoles , a1•ait pnreillement onblit\ toute réscrvc
dans l'étcndue tlonnéc i1sa fabrication. J/indus–
trie Jcs mcubles s'était nussi fort dévcloppée,
parce r¡uc les mcubles
frnn~ais,
dessinés alo1·s
cl'ap1·cs des modeles :mtir¡ucs , étnicnt l'objeL
rl'une ¡ll'édilccLiongénéralc, et parce r¡ne les bois
exotiques, se trouvanL au nomhrc des produils
coloniaux :idmis sur liecnccs, pcrmctlaicnL la
production
i1
bon marché. Vadmission des cuirs
en \'Cl'IH de liccnccs avait ügalcmcnt p1·ocu1·C une
grnnde cxte11sio11
h
touics
les induslrics dont le
cuir csL In matiCrc. La quineaillcl'ic
fran~aise,