LE CONCILE. -
-.ns1811.
denrnin matin 20 mars, cct enfnnt auqucl de si
hautes dcstinécs étaicnt promiscs, et crii dcpuis
n'a trouré sur ses pas que l'cxil el la morl
i1
la
fleur de ses ans,_ vint au jour sansaucun des ac–
cidcnls qu'on avait rcrloutés. Napoléon le
rc~ut
dans ses bras avcc joic, a1·cc lcndrcssc, et quand
il
sut que c'était un cnfont m;ilc,
il
en éprouva
un sentimcnl d'orgucil qui éclnta surson vjgagc,
commc si la Providcncc lui avait donné dans
cclle circonslancc si importrmtc une nouvcllc et
plus éclalanlc marque de sa prolcclion. 11 pré–
senta le nou\'cau-né
¡l
sa famillc,
:1
sa C'our, et le
rcntit cnsuitc
<'1
madamc de Montcsquiou , nom–
méc gouvcrnanlc des cnfnnls de Francc, Le ca–
non des Invalides
commcn~a
imrnérliatcmcnt
i1
annonccr
i1
la capilalc la naissancc de l'hérilicr
destiné Urégncr
SUI'
la plus grande partic de
l'Europe.
JI
avail élé dit d'avance que si le nou–
vcau-néélait un cnfunt m:ile lenomhrc descoups
de canon scrait non pas de vingt et un, mais de
cent un. La populalion, sortie des maisons et
répandue dans les rucs, complait avcc une ex–
treme anxiété les rctentisscmcnls du canon,
Quand le vingt et unicme coup fut dépassé , clic
resscntit prcsquc aulant de joie qu'aux plus
hclles époqucs du ri-gnc, et, malgré bcaucoup
de causes de tristcssc, dont les unes sont déj:i
connucs, dont les aulrcs ''Ont l'clrc, elle ful
hcurcusc de voir ce g<lge de pcrpéluilé donné
par la Proridcncc
a
la dynastic de Napoléo;,,
.Pourtant ce n'était plus ccllcclfusion de conlcn–
lcmcnt et d'cnthousiasmc des prcrnicrs temps,
alors qu'on ne voyait dans Napoléon que lesau–
vcur de la soeiété, le reslaura\cur des aulcls,
l'auleur de la grandcur nationalc, le gucrricr
invineiblc et sagc qui ne cornbaltait que pour
obtcnir une paix glorieusc et durable. De som–
bres appréhcnsions, iuspirécs par ce génic irn–
modéré, avaient rcfroidi l'a!fection, lroublé la
quiétudc el alarmé la prévoyanec. Toutefois on
se lina
cncorc
a
In
joic, et
on
rcprit
coníiancc
dans la dcslinéc du grand hornmc, que le cicl
scrnblait fa\'oriscr si visiblcmcnt.
D'aprcs le déeret qui avait qualifié Romc la
seconde villc de l'Empire, et
11
l'imitalion des
ancicns usagcs gcrmnniqncs
1
oú le princc dcs–
tiné.11
succéder
a.u tróne
s'appclait
roi
des Ho–
mains avant de rccevoir le litre d'cmpcrcur , le
princc nouvcau-né ful appelé Roi de llumc, et
son baptcme, qui dcvait s'accomplii· avcc aulanl
de pornpc que le sacre , ful fixé au mois 1lc juin.
Pour le morricnt , on s'cn tint
:1
la cérémonic
chrélicnnc de l'ondoicment , et on se contenta
d'annonccr cct hcurcux événcment nux divcrs
corps de l'Élat, attx départcmcnls et
a
to11lcs les
cours de!
'Euro.pe.
SinguliC1'c dérision de la íortunc! cct hériticl'
lanL désiré, lant
fClé,
destiné
i1
pcrpélucr l'Em–
pirc, arrivait m1 momcnt oú cet cmpirc
colossal,
sourdcmcnt miné de toutcs parls, approclwit du
tcrmc de sa duréc! Pcud'csprils, a lwvérilé, sa–
vaicnt aperccvoir les causes profondémcnt
ea–
chécs de sa ruine proclrninc, mais de sccrCtcs
appréhcnsionsavaicnt saisi les masscs, et le
sc11-
timcnt de la sécurilé avait disparu chcz elles,
bien que cclui de la soumission subsisl:it lout
cntier. Le bruit d'unc vastc guc1·rc au Nord ,
guerrc que lout le monde rcdoulait instinelivc–
mcnt, surtout cellc d'Espagnc n'élant pas finic,
s'était répandu généralcmcnt et avait causé une
inquiétudc universcllc, La conscription, suite
de ccttc nournllc gucrrc,
s'cxer~ait
avcc la plus
cxtrCme rigueur ; de plus , une crise violente
désolait en cct instan! le comrncrcc et !'indus–
trie; cnfin , la querelle rcligicusc semblail s'cn–
vcnimcr el fairc craindrc un nouvcau schismc.
Tcls étaicnt les divers rnotifs qui vcnaicnt de
troublcr asscz gravcmenl la joic inspiréc pat' la
naissancc duRoi de Romc,
Napoléon avait passé !out
n
coup cl'un armc–
mcnt de précaution contrc la Hussic
i1
un ai'lltc–
mcnt d'urgcncc, comme si la guerrc nvt1it dü
commenccr en été ou ennutomnc de la ()l'éscntc
annéc
!SIL
En clfct, la Russic, qui s'élait bor–
nécjusqu'ici
i1
quclques travaux sur les bords tic
la Dwina el du Dnicpcr,
a
quclqucs mourcmcnls
de troupes de Finlaudc en tilhuanic, impossi–
blcs sans doute ¡,cache<', mais facilcs acxpliqucr
d'unc maniCrc spécieusc , la Russic, ap¡wcnanL
11
de toutcs parts le dévcloppcmcnt chaquc jour
plus étcndu et plus rapide des préparatifs de Na–
poléou, s'était cnfiu décidée
o
la plus g1'avc ch
mesures,
a
la plus pénihlc pour clic ,
a
la plus
significativc pour l'Europc, ccllc d'a!faiblir ses
armées du Danuhc, cequi dcvait mct.trc enqucs–
t.ion la conquólc si :1rdcmmcnt souhaitéc de In
Valachic et de la Moldavic, Su1· ncuf divisions
qui agim.icnt en Turquie, elle en avaitramc1.1C
cinq enarriCrc, dont troisjusqu'au Pruth, dcux
Dnicpcr. La nouvcllc de ce mouvcmcnt
rélrogradc, lransrnisc par nos agcnls diploma–
tiquesaccréditésdans les provinccsdanubicn11cs,
avait produit sur !'esprit de Napoléon une vive
imprcssion. Au licude se borncr
h
voirdans un
fo:t parcil la pcur qu'il inspirait, il avait pris
peur
lui-mCmc, etavnit
c1·u
déconvrirdansccltc