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LE CONCILE. -

llAI

1811.

29

duc de Sudcrmnnic dcvcnn roi de Succlc, pcn–

clrnnl lout

a

fait pour ccltc politiquc aussi sagc

que profondc, s'cn étnil approchéen Joul'oyant,

pour ninsi dil'c. N'osant pas en clfct adoptcr

pour hérilicr Je roi de Dancmark lui-mcmc,

il

nvnit adopté le bcnu-frcre de ce roí, oppclé

a

monler plus lord sur le tróne de Dnnemnrk.

Ledue d'Augustcnbourg, destiné ainsi

a

por–

lcr un jour les trois couronncs du Nord, n'avait

ricn pour séduirc , mais tout pour se foirc csti–

mer.

11

était froid, oppliquéaux offaires, et fort

occupé de ce qui conccrnail J'orméc. N'ayanl pns

cu cncorc asscz de tcmps pour conquérir les

pcnchants du pcuplc suédois resté inclécis

n

son

égnrd, il fut subitcmcnt cmporté par un occi–

dcnt imprévu et cxt1·nordinaire.

11

étail

¡,

cl1cvol

occupé

a

passcr une rcvuc , lorsque toul

n

coup

on le vil tombcr et dcmcu1·cr snns mouvcmcnt.

On accourut, il était mort. Hien

n'annon~ait

un

nllcntat , el

il

fut bien prouvé qu'une c.1use na–

turclle avoit seulc nmcné ce mnlhcur. Mais le

pcuple suédois, se prcnnnt lout

a

coup d'uno

vive sympnthic pour ce princc silol frappé, se

persuada qu'un crimc intércssé l'avait cnlcvé

il

son amour naissant. Avcc la violcncc orUinriirc

aux passions populaircs, on chercha et on dési–

gna les coupables, bien innoccnts du reste de ce

crimc: c'étaicnt, disnit-on, le comtc de Ferscn,

Ja comlcssc de Piper, la reine, et toul le pnrli

de l'ancicnne cour. On proféro contrc cux d'a–

t1·occs mcnoccs, qui ne furcnl malhcurcuscmcnl

pas des mcnaces inns cfTct. Quclqucs joursapres,

le comtc de Fcrsen, conduisanl en vcrtu de la

chnrgc qu'il occupnil

a

In cour Je dcuil du princc

défunl, soulcva par sa préscncc une olTrcusc

tcmpclc. Assnilli, cnveloppé par la populacc, il

l'ut trainé dans les rucs et égorgé.

Toute la Sucdc frémit

de

ce forfait populairc,

et scnlit clavantagc le dangcr de sn situation.

Les hommcs éclairés, le roi CharlesXIII en tele,

i1

mesure que les événcmcnts s'aggravaicnt,

inclinaient davonlage vcrs l'union des lrois

royaumes, et ils étaicnt tentés de fairc un pas

de plus dans le seos de cctlc politiquc , soit en

adoptant le cousin du roi de Dancmork , le

princc Christian, destiné

a

lui succédcr, soit en

allant droit au but, el en adoptant le roi ele Da–

nenrnrk lui-mcmc.

JI

csl ccrtain qu'ú changcr de

elynaslic, le micux c1'it été de le faire pour ré–

toblir la grnndcur el l'indépcndancc eles trois

couronncs de Sucdc, deNorwége

et

de Danc–

mark. Aller jusqu'au 1·oide Dancniark étnit bien

har<ii ,

i1

cause de so répulnlion ele durclé cl'a-

bord,

a

cause de l'orgueil suédois cnsuite, car Ja

Sucdc aurait bien ''oulu imposcr son roi au Da–

ncmnrk ou

n

la

Norwé~c,

et se les adjoindrc pour

ninsi dirc, mais clic n:CL'it pns voulu se donncr

au Dancma1·k en se donnanl

n

son roi : vicillc et

éterncllc dificulté de cclle union, chncun eles

trois Élats conscntant bien

a

absorber les dcux

nutres, mais non poinl

a

s'unir l'raterncllcmcnt

a

cux

!

Choisir Je princc Christian, nppclé plus

tarel

a

succédcr au trónc de Dancmark, scmblait

une politiquc plus prudente , et tout oussi birn

elirigéc vcrs le but désiré. On pouvail se tcnir

cncorc un pcu plus Join du buten adoptant le

duc d'Augustcnbourg, frcrc du prince mo1·t, et

moins rapproché elu trclne que le prince Chris–

tian.

~bis

au milicu de ce conflit d'idécs el de

sentiments, quclqucs csprits, donl le nombre

s'accroissait tous les jours, avaicnt tourné lcurs

vues c!'un nutre cóté. llcaucoup de Suédois, in–

clinant ''crs la Fra11cc par pcnchant pour les

idécs de la révolution

fran~nisc,

par enthou–

siasmc mililaire, et aussi par ce vicil instincl qui

porta toujours la France el la Sucde l'une vcrs

l'autrc, avnicnt pensé í¡u'on fcrait bien ele s'n–

drcsser

a

cclui qui en Europc élcvait ou rcnvcr–

sait les t1·clncs,

a

Napoléon. On éprouvoil pour

lui en Sucdc quclque cbosc de ce qu'on avait

éprouvé en Espagnc avant Ja révolution de

Ilayonne, c'cst-t1-dirc un mélangc inoul d'admi–

ration, d'cntraincmcnt, de confiancc pour son

génic militairc el civilisatcur. Exccpté son blo–

cus continental, toul plaisait en lui, el ccl im–

portun blocus lui·mcmc, on se ílallnit ele l'éludcr

ou d'cn ctrc dispensé. S'adrcsser 1 l'Empcrcur

des

Fran~ais

pour en oblcnir ou !'un de ses pn–

rcnts, 011 !'un de ses cnpitaincs, étail unepcnséc

plus populaire encore que cclle de réunir en un

scul les trois royaumcs scandinnl'CS, el qui nllait

surtoul nu génic bclliqucux des Suéelois.

Le roi régnnnl , porté ''crs le syslcmc de l'u–

nion des trois couronncs, mais

scnlnnt

aussi pro–

fondé111cnl le bcsoin rlcs'appuyer sur la Frunce,

avait dépcché un hommc de confiancc aupres ele

Napoléon, avccune lcttrc dans laq11cllc il Jui eli–

snil que sn tcnelancc étail ele t1·availlcr

i1

l'1111ion

des trois couronncs; que c'était

t1

ses ycux l:t

mcillcure des politiqucs; r¡ue toutrfoi¡ il ne vou–

lail ricn fnirc snns consultcr l'arbitr·c de l'E11-

ropc, lepuissanl Empm·cur des Fra119ais; que si

ccLarbitre approuvaiL une lcllc maniCrc de voir,

il prendrnit son succcsscm· dans la famillc eles

1frinccs de D:mcmark, en s'npproclrnnt plus ou

moins rlu but auquel on tcnclait suivant les cÍI'-