LE CONCILE. -
llAI
1811.
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duc de Sudcrmnnic dcvcnn roi de Succlc, pcn–
clrnnl lout
a
fait pour ccltc politiquc aussi sagc
que profondc, s'cn étnil approchéen Joul'oyant,
pour ninsi dil'c. N'osant pas en clfct adoptcr
pour hérilicr Je roi de Dancmark lui-mcmc,
il
nvnit adopté le bcnu-frcre de ce roí, oppclé
a
monler plus lord sur le tróne de Dnnemnrk.
Ledue d'Augustcnbourg, destiné ainsi
a
por–
lcr un jour les trois couronncs du Nord, n'avait
ricn pour séduirc , mais tout pour se foirc csti–
mer.
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était froid, oppliquéaux offaires, et fort
occupé de ce qui conccrnail J'orméc. N'ayanl pns
cu cncorc asscz de tcmps pour conquérir les
pcnchants du pcuplc suédois resté inclécis
n
son
égnrd, il fut subitcmcnt cmporté par un occi–
dcnt imprévu et cxt1·nordinaire.
11
étail
¡,
cl1cvol
occupé
a
passcr une rcvuc , lorsque toul
n
coup
on le vil tombcr et dcmcu1·cr snns mouvcmcnt.
On accourut, il était mort. Hien
n'annon~ait
un
nllcntat , el
il
fut bien prouvé qu'une c.1use na–
turclle avoit seulc nmcné ce mnlhcur. Mais le
pcuple suédois, se prcnnnt lout
a
coup d'uno
vive sympnthic pour ce princc silol frappé, se
persuada qu'un crimc intércssé l'avait cnlcvé
il
son amour naissant. Avcc la violcncc orUinriirc
aux passions populaircs, on chercha et on dési–
gna les coupables, bien innoccnts du reste de ce
crimc: c'étaicnt, disnit-on, le comtc de Ferscn,
Ja comlcssc de Piper, la reine, et toul le pnrli
de l'ancicnne cour. On proféro contrc cux d'a–
t1·occs mcnoccs, qui ne furcnl malhcurcuscmcnl
pas des mcnaces inns cfTct. Quclqucs joursapres,
le comtc de Fcrsen, conduisanl en vcrtu de la
chnrgc qu'il occupnil
a
In cour Je dcuil du princc
défunl, soulcva par sa préscncc une olTrcusc
tcmpclc. Assnilli, cnveloppé par la populacc, il
l'ut trainé dans les rucs et égorgé.
Toute la Sucdc frémit
de
ce forfait populairc,
et scnlit clavantagc le dangcr de sn situation.
Les hommcs éclairés, le roi CharlesXIII en tele,
i1
mesure que les événcmcnts s'aggravaicnt,
inclinaient davonlage vcrs l'union des lrois
royaumes, et ils étaicnt tentés de fairc un pas
de plus dans le seos de cctlc politiquc , soit en
adoptant le cousin du roi de Dancmork , le
princc Christian, destiné
a
lui succédcr, soit en
allant droit au but, el en adoptant le roi ele Da–
nenrnrk lui-mcmc.
JI
csl ccrtain qu'ú changcr de
elynaslic, le micux c1'it été de le faire pour ré–
toblir la grnndcur el l'indépcndancc eles trois
couronncs de Sucdc, deNorwége
et
de Danc–
mark. Aller jusqu'au 1·oide Dancniark étnit bien
har<ii ,
i1
cause de so répulnlion ele durclé cl'a-
bord,
a
cause de l'orgueil suédois cnsuite, car Ja
Sucdc aurait bien ''oulu imposcr son roi au Da–
ncmnrk ou
n
la
Norwé~c,
et se les adjoindrc pour
ninsi dirc, mais clic n:CL'it pns voulu se donncr
au Dancma1·k en se donnanl
n
son roi : vicillc et
éterncllc dificulté de cclle union, chncun eles
trois Élats conscntant bien
a
absorber les dcux
nutres, mais non poinl
a
s'unir l'raterncllcmcnt
a
cux
!
Choisir Je princc Christian, nppclé plus
tarel
a
succédcr au trónc de Dancmark, scmblait
une politiquc plus prudente , et tout oussi birn
elirigéc vcrs le but désiré. On pouvail se tcnir
cncorc un pcu plus Join du buten adoptant le
duc d'Augustcnbourg, frcrc du prince mo1·t, et
moins rapproché elu trclne que le prince Chris–
tian.
~bis
au milicu de ce conflit d'idécs el de
sentiments, quclqucs csprits, donl le nombre
s'accroissait tous les jours, avaicnt tourné lcurs
vues c!'un nutre cóté. llcaucoup de Suédois, in–
clinant ''crs la Fra11cc par pcnchant pour les
idécs de la révolution
fran~nisc,
par enthou–
siasmc mililaire, et aussi par ce vicil instincl qui
porta toujours la France el la Sucde l'une vcrs
l'autrc, avnicnt pensé í¡u'on fcrait bien ele s'n–
drcsser
a
cclui qui en Europc élcvait ou rcnvcr–
sait les t1·clncs,
a
Napoléon. On éprouvoil pour
lui en Sucdc quclque cbosc de ce qu'on avait
éprouvé en Espagnc avant Ja révolution de
Ilayonne, c'cst-t1-dirc un mélangc inoul d'admi–
ration, d'cntraincmcnt, de confiancc pour son
génic militairc el civilisatcur. Exccpté son blo–
cus continental, toul plaisait en lui, el ccl im–
portun blocus lui·mcmc, on se ílallnit ele l'éludcr
ou d'cn ctrc dispensé. S'adrcsser 1 l'Empcrcur
des
Fran~ais
pour en oblcnir ou !'un de ses pn–
rcnts, 011 !'un de ses cnpitaincs, étail unepcnséc
plus populaire encore que cclle de réunir en un
scul les trois royaumcs scandinnl'CS, el qui nllait
surtoul nu génic bclliqucux des Suéelois.
Le roi régnnnl , porté ''crs le syslcmc de l'u–
nion des trois couronncs, mais
scnlnnt
aussi pro–
fondé111cnl le bcsoin rlcs'appuyer sur la Frunce,
avait dépcché un hommc de confiancc aupres ele
Napoléon, avccune lcttrc dans laq11cllc il Jui eli–
snil que sn tcnelancc étail ele t1·availlcr
i1
l'1111ion
des trois couronncs; que c'était
t1
ses ycux l:t
mcillcure des politiqucs; r¡ue toutrfoi¡ il ne vou–
lail ricn fnirc snns consultcr l'arbitr·c de l'E11-
ropc, lepuissanl Empm·cur des Fra119ais; que si
ccLarbitre approuvaiL une lcllc maniCrc de voir,
il prendrnit son succcsscm· dans la famillc eles
1frinccs de D:mcmark, en s'npproclrnnt plus ou
moins rlu but auquel on tcnclait suivant les cÍI'-