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LE CONC!LE. -

JUtN

!811.

55

ouvcrlure. Napoléon, nous le disons asa louange,

éprouva un mouvement d'indignation qui cut de

grandes conséquenees, qui aurait du lui mériler

un autresorl etqui leJui aurait ccrlainemenl mé–

rité,sisaprudcnce en toutcs choscs avait égalé sa

loyauté en celle-ci. Pour donncr la Norwégc a la

Sucde,

il

fallail dépouiller cJTronlémcnt son plus

fidele allié, leDancmark, qui, torturé par les lois

du hlocus conlinenlal, les supportaiL cepcndant

avcc une patience admirable, et fournissaitmcme

d'excellents matelols

á

nos llottcs. JI rougit d'in–

dignation el de mépris i1 une tellc proposilion,

et adrcssa

a

son ministre des alTaires ét1·angeres

!'une des plus bellcs letlrcs el des plus honora–

bles qu'il ait écritcs de sa vic. -

La

tele du

nouvcau prince royal,

il

le voyait bien et

il

ne

s'cn élonnait pas, était, disail-il, une tete mal

réglée, agitée, effervescente. Au lieu d'étudier le

pays ou

il

arrivail, de s'y faire estimcr par une

altitude calme, digne, sét'icusement occupée, le

prinee ne cherehait qu'a flatter cclui-ei, a cares–

ser celui-la, et allait imprudcmment soulcrcr des

questions d'ou pouvaitjaillir un incendie. C'était

une conduite regrettahle et a laquellc

il

ne fal–

lait pas préler la main. Trahir le Dancmark élait

pour la Francc un crimc impossihlc, et qu'il était

aussi peu sagc que pcu séant de lui proposer.

Toutcct étalagc de services 3rendre

a

laFrance,

ou de mal

a

lui causcr, ne pouvait point la lou–

chcr, car elle ne dépendait d'aucun enncmi au

monde, encore moins d'aucun allié. Le princc

s'oubliait done en se pcrmcttant un

tcl

langagc;

heureusement ce n'était que le prince royal, el

point le roi ni le gouvernement qui s'exprimaicnl

de la

sorte.On

voulait bien, par conséquent, n'cn

pas tcnir comptc. - Apres ces réflexions, Napo–

léon recommandait a M. Alquier, nolre ministre,

de ne point hlesser le princc, mais de lui faire

cntcndre qu'il s'égarait en agissant et en parlant

si vite, surtout en parlant de ce ton ; de ne point

lui répondre sur les sujets <¡u'il a1•ait ahordés si

légercment, de l'enlretenir peu d'alTaires, puis–

que apres tout

il

n'élait qu'hériticr d6signé; de

n'a,'oir de relations qu'avcc le roi etles ministres,

et de direa chacun d'eux, toul haut ou !out has,

que ce que la France aLlendait de la Suedec'élait

la fidélité aux traités, particuliercmcnt au dcr–

nier lrailé'de paix scandaleusemenl violé en ce

moment, qu'elle en attendail par-dessus tout la

suppression de l'cntrepót de Gothcnbourg, sans

quoi la guerrc recommencerait, et la Pornéranic

suédoise, rcstiluée tout récemment, deviendrait

encorc une fois legage dont on .se saisirait pou1·

CO!'HULAT.

' ·

forccr la Suede

a

renlrer daos le devoir. Par le

mCmc courricr, Napoléon

fit

recommander au

Dnncmark, sans luí dire pourquoi, d'cnlrctcnir

toujours heaucoup de troupes en Norwége.

Tclle est la maniere dont se dcssinaicnl les

disposilions de l'F.urope

1i

la veille de la grande

et derniere lutte que Napoléon allait lui lil'rer.

C'étail extérieuremcnt la soumissionlapltrs com–

plete avec une baine implacable au fond, et au

moins de !'embarras la ou il n'existait pas de

haine. Ainsi nos alliés allemands, la fülvicre, le

Wurlemherg, la Saxc, Badcn, faisaicnl tout ce

que nous voulions, et préparaicnt leurs conti11-

gents, mais trcmblaienl secrclcmcnt en voyant

les haines qui couvaient dans le creur de lcurs

sujets, et l'animadversion inspirée par la con–

scription. !AUachés a la cause de Napoléon par

pcur et par intéret, souvcnt blcssés par ses cxi–

gences et par son langagc, mais craignant de

pcrdre les agrandisscmcnts qu'ils avnicnt

re~us

de lui, ils souhaitaient qu'il ne s'cxposot point

a

de nouvcaux hasards, et par ce molifrcdoulaicnt

singulicrcmcnt la prochainc guerre. Le roi de

Wurlcmhergnotamment, ayant peu de scrupnlcs

en fait d'alliances, ne tcnant pour lionne que

celle qui augrnenlail ses revenus etson terriloirc,

n'éprouvnnt par conséquent aucun remords de

.s'élre donné i1Napoléon, et joignant ¡, hcaucoup

d'cs¡¡rit une rarc éncrgie de caraclcre, au point

de dire toujours ce qu'il pensait au tout·puissanl

protecteur de la Confédération du Rhin, lui avait

adressé quclqucs objcctions rclativcmcnl aux

préparatifs de la nouvcllc gucrre et

i1

l'envoid'un

délaeherncnt wurlemhcrgcois demandé pour

Danlzig. Sur-le-champ Napoléon lui avait 1·é–

pond11 une lellre longuc et curicuse, qui révélait

lout enticre l'étrange fatalilé so11s l'crnpire de

laquelle il cou1·ait

a

de noul'cllcs aventures. Dans

cclte lcltrc il lui disait que ce n'élail pus

a

un

t·égiment de plusou de moins qu'il tcnait, nrnis

a

l'avantngc d'avoir

l1

Dantzigdes Allcnrnnds plulóL

que des

Fran~ais,

parce qu'ils y excitaicnt moins

d'ombragcs; que voulant ·avoir des Allemands,

il

en désirait de tous les Etals Je la Confédéra–

tion ; qu'il lui élail impossible de nepas ¡ll'cndre

position

ü

])nnl.zig, car c'étníL

in

nnic hase

d'opérations pour une cmnpagnc daus le No1

1

d;

que ccttc carnpagnc ce n'étail pas par goút, par

fantaisic de jcune princc belliqucux cl1c1·clianl

un déhut brillan! daos le monde, qu'il s':ipp1·e–

lait 1 la faire, que loin de lui plairc clic lui

déplaisait (ce qui élail vrai, et rcndait plus frap–

pante la folie de son amhition), 111ais qu'il la