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LIVRE QUARANTE ET UNIEME.

le pcuplc dansccrtaincs occasions, et Ja villc de

Paris notammcnt a souvcnt rccu de ses nrnitrcs

eles carcsscs qui ne les cngagc¿icnl guCrc. C'csl

dans son scin que Napoléon avait roulu célébrcr

la naissancc de son fils, et c'cst dans son scin

qu'il passa ccttc journéc. Les habitants de Paris

acl1nis ¡,la fctc pnrcnt le 1'oir assis

it

table, la

couronncen tétc, cntouré eles rois ele sa famillc

et cl'unc foulc de prinees étrangc1's, prenant son

rcpas en public commc les ancicns cmpercurs

gernrnniqucs, sueecsscurs eles empcrcurs cl'Oeei–

dcnt

!

Éblouis par ce spcctaclc rcsplendissant, les

Parisicns applauclirent, se llattant cneorc que la

cluréc se joindrait

a

la grandcur et la sagessc

a

la

gloirc

!

lis faisaicnt bien de se réjouir, car ces

joics étaicnt les dcrnicrcs clu rcgnc

!

Hélas

!

a

partir de ccttcépoquc, nos récits ne scront plus

qu'un long dcuil.

Les jours suivants, des fetes de toutc natm'C

succédi:rcnt i1celles du prcmier jour, car encctte

circonstancc Napoléon clésira prolonger autant

que possiblc les manifcstations de la joie pu–

blique. Mais la terrible dcstinéc, qui disposede

la vic eles plus grands eomme des plus humbles

des mortels, et les poussc sans rel:icl1e au but

assigné 1 lcur corriere, ne voulut pas lui laisscr

prcndre longtcmps halcinc. Les plus graves af–

faires étaicnt li1 profondément cmmclécs les unes

aux autrcs, se succédant sans interruption,cl ré–

clamaut sans un ruoment ele rctnrd sonatlcntion

toul cnticre. Le dimanchc 9 juin, il avait fait

baptiscr son fils; le climanchc 16 juin, il fallut

convoqucr le concile,

On a vu au commcnccmcntde ce livrc les mo–

lifs qui nvaicnl décidé Napoléo11 I1 réunir un

concilc. Une commission ecclésiastiquccomposéc

de prélats, une commission civilc composéc de

pcrsonnagcs politiqucs consiclérablcs, et com–

prcnant entre autres le princc Cambacércs,

avaicnl examiné et résolu commc

il

suil les

qucstions nombrcuscs et graves que faisail nailrc

la réunion d'unc parcillc asscmblcc.

D'aborcl pournil-on formcr un concilc sans la

volonté et la présence du pape? L'histoirc ele

l'Églisc ¡, ect égard ne laissait aucun doutc, puis–

qu'il

y

uvait cu eles concilcs conroqués par les

crnpcreurs contre les papes, pour conelamncr

des ponlifes indignes, et d'autres convoqués par

des papes eonlrc des cmpcrenrs opprcsscurs de

ltglisc, D'ailleurs le bon sens, qui est la lu–

micrc In plus stirc en maticre rcligieusc comrnc

en toutc nutre, disait en efTct que l'Églisc ayanl

cu 3 se snuvcr ellc-mernc, et yayant réussiavcc

un rarc discerncment, tantól contrc des papes

prévnricatcurs, tantót contre des empercurs abu–

snnt de leur puissance,

il

fallait bien qu'clle pi1t

se constilucr inclépcndamment de ecux qu'elle

clevait conlenir ou punir.

Fallail-il former un concilecccuméniquc,c'cst–

¡,_clirc général,óu seulemcnt un concilenational?

Un concilc général aurait cu plus d'autorité,

aurait convcnu davantage

a

la politiquc et ¡,

l'irnaginalion grancliose de Napoléon. Mais bien

que Napoléon posséd:it dans son empire oudans

les États alliés la plus grande partie de la chré–

tienté, il restnit trop de prélats en dchors de sa

puissance, en Espagnc, en Autriche, daos quel–

ques portions de l'Allemagne et de la Pologne,

pour brnvcr

l'in~onvénient

de lcur absr.nce ou

de lcur opposition. Trcs-probablcmenl ils ne

scraicnt pas venus, ils auraienl protesté contrc

la formation d'un concile, et tout de suite in–

firmé la légitimité dccclui qu'on aurait tcnu. En

convoquant un concilc cxclusivcmcnt nalional,

qui comprcnclrait les él'equcs ele l'Empire fran–

~ais,

ccuxde l'ltalicetd'une partiede l'Allemagne,

on dcvait composer une assemblée eles plus im–

posantes, et qui suffisait parfaitcment pour ré–

souclrc les qucstions qu'on avait

a

lui soumcltrc.

S'il avait fallu lui donner i1 résoudrc l'iln–

mensc qucstion de la souveraineté lcmporcllc

des papes, de lcur séjour

a

Romc ou

a

Avignon,

al'ec unedolation dedcux millions et lcur dépen–

dancc du nouvcl empirc d'Occiclcnt, un concile

cccmnéniquc aurait cu scul le pouroir destatuer,

et en tout cas il cst clouteux qu'on ei1t jamais

trouvé une asscmblée de prélats, quclque tcrri–

fiés qu'ils fusscnt,, qui appro11v1it la spoliation

du patrimoinc de saint Pierre, et conscntit

¡,

rclranchcr le chef ele l'Église de la liste des sou–

vcrains. Mais Napoléon se scrait bien gardé de

toucher i1ces qucstions. Dans l'état des choscs,

que lui fallait-il? Pourvoir au gouverncmcnt des

Égliscs, en obteaant l'institution canoniquc des'

évcques nommés par lui. C'esl en refusant cellc

instilution, et en contrariant, i1défaut deceltc

instilution, l'cxpédicnt eles

viwires capitu/aim,

que le pape tenait enquelque sortc Napoléon en

échcc, et arrctait tout eourt la morchede son

g:ouvcrnemcnt.

Si

auconlrairc on pou\'ail, au

moycn d'une clécision imposée au pape , ou

approuvéc pnl' luí, s:assurcr rinstiluLion cano–

niquc , et cmpécher qu'cllc ne ftit une arme

dnns les mainsde l'Églisc romainc pour cutravcr

l'administration des dioceses, Napoléon sortail

cl'embarras; car, ne voulanl ricn cnlrcprendrc